Meaux | Il reste libre après avoir agressé sexuellement sa voisine de 13 ans

oui

Pédocriminel En liberté

“J’aurais bien aimé que cela aille plus loin”
Déféré devant le tribunal de Meaux (Seine-et-Marne) le 4 avril 2023, le prévenu était accusé d’agression sexuelle sur une jeune fille de 13 ans. Il a fait bondir les magistrats en estimant qu’une agression sexuelle sur mineure n’était pas un « fait grave ».

Accusé d’agression sexuelle par sa jeune voisine, l’interpellé s’est laissé aller en garde à vue. Estomaqués par ses déclarations, les juges de Meaux l’ont condamné.

Jeudi 20 octobre 2022, Asela* et son père se sont présentés au commissariat pour déposer plainte contre un voisin.

La jeune fille de 13 ans a décrit la situation vécue cinq jours plus tôt alors qu’elle se rendait à Auchan pour acheter du pain.

Face aux enquêteurs, elle répète ce qu’elle a confié à ses parents :

« J’ai croisé Raja, je l’ai salué, mais aussitôt après, il s’est mis à me suivre. Il m’a parlé en Tamoul et m’a entraîné dans un petit chemin, hors de vue des membres de la communauté. Il m’a embrassée sur la joue en insistant, comme pour sentir ma peau ».

Après quelques secondes d’hésitation, elle a poursuivi :

« J’ai voulu me reculer quand il a commencé à me caresser par-dessus mes vêtements. Il a mis sa main entre mes jambes et m’a dit : ne t’inquiète pas, c’est normal ! ».

Après cet épisode difficile, Asela est rentrée chez elle en pleurs et s’est immédiatement confiée à ses parents. Très en colère, ils ont filé chez Raja et ont été reçus par son épouse qui leur a présenté ses excuses.

Sur la base des accusations portées par Asela, Raja a été interpellé puis placé en garde à vue. Lors du premier interrogatoire, assisté d’un interprète, il a reconnu le baiser, mais a nié les caresses :

« J’ai effleuré sa jambe quand elle s’est reculée, après le bisou ».

Mais au fil des questions posées par les policiers, Raja a changé à la fois de ton et de version. Il a alors avoué avoir touché l’adolescente. Poussé dans ses derniers retranchements, Raja s’est laissé aller :

“J’aime les jeunes filles. J’aurai bien fait l’amour si elle avait voulu !”

Pendant son séjour en cellule, il a reçu la visite d’un psychiatre qui a procédé à un examen de comportement. Mis en confiance ou par besoin de libérer sa conscience, Raja s’est lâché après une interrogation :

« Que faites-vous si une fille de 11 ans dit vouloir faire l’amour avec vous ?

– J’y vais, pas d’hésitation ! J’aurais bien aimé que cela aille plus loin avec Asela ! », juge-t-il bon de préciser.

Debout à la barre au tribunal, mardi 4 avril 2023, avec un interprète à ses côtés, Raja a changé radicalement de discours. Sa position a fait réagir immédiatement la présidente d’audience, Isabelle Florentin-Dombre :

“Alors tout le monde ment, la victime, les policiers, l’interprète et même l’expert psychiatre assermenté ! Et vous, avez-vous menti à l’expert psychiatre ou mentez-vous à l’audience ?”Isabelle Florentin-Dombre, présidente d’audience.

Une question restée sans réponse de la part du prévenu.

En l’absence de la jeune victime, les parents ont souhaité s’exprimer. Le père a évoqué les cauchemars de sa fille, sa peur de se déplacer seule, ses détours pour éviter de passer devant l’habitation de Raja, la baisse de ses notes scolaires. Sa mère a pris la suite pour parler de « la relation de bon voisinage » entretenue avec Raja et son épouse depuis huit ans, de la confiance accordée à son voisin.

Avant de donner la parole au procureur de la République, la juge a interrogé Raja une dernière fois :

« Considérez-vous l’agression sexuelle sur mineure comme un fait grave ? ».

Sans la moindre hésitation, Raja s’est contenté d’un « non » qui a fait son effet au sein des magistrats.

En ouverture de ses réquisitions, le représentant du ministère public Alexandre Boulin a fourni une précision corroborant une des affirmations de la jeune plaignante : un extrait de la vidéosurveillance urbaine sur lequel Raja apparaissait à côté d’Asela, la tenant par le bras pour se diriger vers un chemin. Il a requis 24 mois de prison, dont dix avec sursis.

Revenant sur la dernière question posée à son client, l’avocat de la défense a tenté de justifier la réponse négative « d’un monsieur de 64 ans » possédant « une culture et une approche juridique différentes ». Il a demandé la relaxe sur la base de son argument majeur :

« Il n’y a pas de preuves, seulement des propos qui se retournent contre lui ! ».

La condamnation prononcée a dépassé les réquisitions du ministère public : trois ans de prison dont deux assortis d’un sursis simple, mandat de dépôt pour la partie ferme aménageable sous forme d’un placement extérieur.

Raja devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans. Il devra aussi respecter une obligation de soins, une interdiction de prendre contact avec la famille d’Asela, de paraître dans la rue de leur domicile et d’exercer une activité en lien avec des mineurs pendant cinq ans.

Il devra verser 2500€ pour dédommager la victime et ses parents du préjudice moral subi. Son nom sera inscrit au fichier des délinquants sexuels (FIJAIS). Une fois la peine prononcée, trois policiers ont pris le condamné en charge pour une incarcération immédiate. Son épouse a quitté la salle sans laisser paraître la moindre émotion ni la moindre surprise.

*Le prénom a été modifié.

Source(s):