Nantes | Un homme déjà condamné pour abus sexuels relaxé pour pédopornographie
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 08/05/2022
- 23:11
Le tribunal correctionnel de Nantes a finalement relaxé ce jeudi 5 mai 2022 un ancien chauffeur routier de Machecoul-Saint-Même (Loire-Atlantique) qui était poursuivi en justice après la découverte de quatre images pédopornographiques sur son ordinateur portable.
Cette découverte avait été faite en marge d’autres investigations judiciaires : le prévenu, 60 ans, avait été condamné en novembre 2020 à trois ans de prison ferme par le même tribunal pour « agression sexuelle » sur sa jeune voisine.
Ce délinquant sexuel — qui se présentait comme « magnétiseur » — avait en fait proposé un soir à sa victime de la « masser » pour soulager son mal de dos récurrent. Il l’avait invitée pour cela chez lui : alors que sa compagne se trouvait dans le salon, il l’avait allongée sur le lit conjugal et avait fermé la porte derrière lui.
Après lui avoir baissé le pantalon « en dessous les fesses », cet homme « oppressant » et « collant » lui avait alors petit à petit caressé le sexe, « embrassé la fesse gauche » ou encore « pincé les tétons ». « Tu as vu ? Il est gros », avait ensuite lancé l’homme à l’adolescente de 17 ans en exhibant son sexe en érection.
Il avait agressé la belle-fille d’un ancien gendarme
« Si elle avait vu mon sexe, elle aurait forcément vu un détail dont elle n’a pas parlé et qui frappe quiconque le voit : je n’ai pas du tout de poils »,
s’était défendu l’ancien chauffeur routier, lors de ce procès en 2020.
Il n’aurait d’ailleurs « pas pu » sortir sa verge de son survêtement, dans la mesure où son sexe était bien trop « grand » et « gros »…
Cette belle-fille d’un ancien gendarme était par ailleurs « assez coquine » et l’avait « aguiché » en venant se faire masser « sans culotte », a-t-il redit ce jeudi.
Le prévenu était toutefois déjà connu de la justice avant cette affaire : il avait en effet déjà été condamné, par le passé, pour des agressions sexuelles sur sa propre fille ou encore sur celle d’une précédente compagne.
C’est donc dans ce contexte que les gendarmes avaient inspecté son ordinateur portable : ils avaient retrouvé « dans son historique de recherches Google » des mots-clés de type « Vidéo amateur écolière sans dessous », « Vidéo jeune fille qui se réveille en jouant avec ma bite » ou encore « Une adolescente fait une gorge profonde à une grosse bite noire », a-t-il été dit.
Quatre « fichiers » effacés avaient plus précisément été retrouvés dans la mémoire de son ordinateur : ces images mettaient en scène des jeunes ayant « l’aspect physique de mineurs », selon la présidente du tribunal correctionnel de Nantes.
Interrogé depuis le centre de détention, le prévenu avait reconnu être le propriétaire de l’ordinateur portable, mais avait incriminé l’un de ses voisins avec qui il s’alcoolisait. « Tout le monde connaissait le mot de passe… Moi, ce n’est pas possible que j’ai fait ça, même avec 3 ou 4 g d’alcool », s’est-il encore défendu ce mercredi devant le tribunal correctionnel.
Le voisin en question a donc été interrogé par les gendarmes mais leur a dit « ne rien y connaître en informatique », même si le prévenu certifie qu’il lui a « fourni sept ou huit disques durs » et qu’il avait « une dizaine d’ordinateurs ».
Le même voisin a d’ailleurs cessé de voir le prévenu au vu de ses comportements « déplacés » ou « malsains » avec les jeunes filles.
En arrêt depuis son AVC en 2016, le prévenu admet regarder « des films pour adultes » mais plutôt avec « des cougars » et « des femmes mûres » : il a ainsi consulté 442 sites pornographiques entre 2016 et 2020, selon les décomptes des gendarmes.
Mais il n’y avait « rien » en matière pédopornographique, a relevé la présidente du tribunal correctionnel de Nantes. « Vu mon passé, c’est trop risqué », a expliqué l’ancien chauffeur routier.
Ce père de famille a été quitté par sa dernière compagne suite à la découverte de ces images : elle a été « outrée » qu’il lui ait certifié qu’il n’en consultait pas.
Elle est surtout « partie avec quelqu’un d’autre ». « J’ai appris après coup que j’étais cocu depuis six mois », a-t-il cru nécessaire de préciser, ce jeudi, aux trois juges du tribunal.
« Huit à dix mois » requis par le procureur
Détenu dans un premier temps à Nantes, l’homme a été transféré depuis « dans une cellule qui fait la taille d’une table de billard » au centre pénitentiaire de Caen, spécialisé dans les soins apportés aux délinquants sexuels.
« Avant c’était intéressant, il y avait des anciens, on pouvait jouer à la belote et discuter », a regretté l’ex-chauffeur routier à propos de cette nouvelle expérience carcérale. « Maintenant, ce n’est que des petits, qui cherchent la bagarre… Du coup, on est une vingtaine à ne plus sortir de nos cellules car on a la trouille. »
« Moi, avant, je ne savais pas ce qu’était un pétard ou un bang : je suis de la campagne », avait-il déjà dit lors de son procès en 2020 en allusion aux drogues qui circulent en prison.
En attendant, le procureur de la République avait requis « huit à dix mois » de prison supplémentaires pour cet homme dont « l’argumentaire ne tient pas » : ses « accusations gratuites » contre son voisin ne sont « en rien établies » par les enquêteurs. Il voulait aussi lui interdire d’approcher des mineurs pendant les dix prochaines années.
Mais son avocat Me Mégan Lépinay avait mis en avant les « doutes » qu’il pouvait y avoir sur « la minorité » des jeunes sur les images litigieuses.
L’accès au PC n’était « pas exclusif » à son client, non plus.
D’habitude, dans ce genre d’affaires, on a un véritable catalogue d’images relevées par les gendarmes… Là, on n’en a que quatre.
Me Mégan Lépinay
Finalement, le tribunal a décidé de suivre son raisonnement et de relaxer le sexagénaire : les quatre images « peuvent ne pas être considérées comme pédopornographiques », a concédé la présidente.
L’homme est néanmoins reparti en détention à Caen pour continuer à purger sa peine prononcée en 2020.
Avec ses crédits de réduction de peine (CRP), il pense pouvoir sortir « en septembre » prochain et solder le reliquat à l’extérieur avec un aménagement de type bracelet électronique. Le détenu a dit avoir pour cela des pistes pour trouver « un logement à Caen ».
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