Montauban | 12 ans de réclusion criminelle contre Vasile Meyrignac pour avoir violé trois mineurs
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 24/11/2015
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Au terme de trois jours d’audience, la cour d’assises vient de condamner à 12 ans de réclusion Vasile Meyrignac. Une peine assortie de 10 ans de suivi socio-judiciaire.
Accusé des viols de trois mineurs, le Montalbanais de 23 ans a regagné, hier soir, sa cellule où il était incarcéré depuis deux ans en préventive.
Avant que l’avocat général, Alix Cabot-Chaumeton ne livre ses réquisitions (lire ci-dessous), hier en fin de matinée, les avocats des parties civiles ont, tour à tour, brossé le profil de l’accusé, Vasile Meyrignac, et la difficulté de leur cliente (Kelly, Chloé et Marine) de se reconstruire après leurs viols.
Avec pugnacité, l’ancien bâtonnier Jean-Louis Pujol ne manquait de rappeler le contexte du viol de sa cliente à Montbeton :
«Marine avait 13 ans, lui 20, elle était dans une situation de vulnérabilité, de faiblesse après près d’une année d’échange sur les réseaux sociaux. Cela Vasile l’a bien compris, et Marine était pour lui une proie facile, car Vasile est un prédateur sexuel, pas un serial violeur mais c’est tout comme.»
Et le ténor montalbanais de rappeler le mode opératoire décortiqué durant ces trois jours de procès :
«Il exécute toujours le même scénario, il appâte des jeunes filles fragiles via les réseaux sociaux, il est gentil avec elles, il joue les jolis cœurs, c’est un beau parleur, il devient leur confident, elles tombent amoureuses mais elles sont face à un embobineur…»
Revenant sur la possible altération du discernement de Vasile au moment des faits évoquée la veille par l’expert psychiatre (notre édition du 20 novembre), Me Pujol battait d’un revers de main son diagnostic qui pouvait réduire sa peine : «Manquer de discernement à 4 ou 5 reprises (deux autres victimes de viols ayant été découvertes depuis à Castelsarrasin et à Albi) sur deux ans. À chaque fois, vous saviez ce que vous faisiez !»
Complétant avec force la personnalité de l’accusé, Me Imane Krimi-Chabab qui défendait Kelly, une courageuse Négrepelissienne qui avait tenu à témoigner publiquement pour éviter que d’autres jeunes filles ne tombent dans le piège des prédateurs sexuels du Net, balayait l’empathie que Vasile avait tardivement adressée à sa mère adoptive :
«Des regrets aux victimes qui ont été vite chassés par un message d’amour à Annie (sa mère). C’est une bonne mère parce qu’elle vient le voir, lui donne de l’argent… Le lien utilitaire de la femme, une fois encore.»
Et de rebondir sur l’affaire de l’entité maléfique qui aurait pris possession de l’accusé durant les viols (notre édition du 19 novembre) :
«Il vous parle d’un démon qui expliquerait ses actes atroces et brutaux, aujourd’hui, il en est libéré…»
Kelly, elle n’a pas cru un instant à votre histoire. Elle vous connaît, elle est passée entre vos mains.» Avec émotion, Me Nathalie Marquès concluait pour Chloé :
«Il est comme tous les violeurs, il culpabilise ses victimes… C’est le seul crime où elles se sentent sales, c’est pour cela qu’elles ne parlent pas…» Des mots qui résonnaient parmi les jurés qui allaient suivre point par point les réquisitions de l’avocat général.
L’avocat général : «Vasile a grugé tellement de monde, même les experts en psychologie… Il a un don pour la manipulation»
«Quelle est la personnalité de Vasile Meyrignac ?» s’interrogeait l’avocate générale, la procureur de la République de Montauban, Alix Cabot-Chaumeton au cours de son réquisitoire.
Une question qui aura mobilisé durant ces trois journées d’assises les experts «psy» qui auront bien eu du mal à trancher, certains s’étant même laissant embobiner par les mensonges de l’accusé.
«Il a grugé tellement de monde, certifiait la procureur, les victimes d’abord mais aussi des adultes tels que les parents de cette dernière et même les experts ! La psychologue chargée de son expertise sur cette affaire lorsqu’il raconte son histoire avec sa copine Juliette, avec qui, il serait sorti sept ans et qui se serait suicidée après avoir été violée par son père militaire…
Une histoire qu’il a reconnu avoir créé de toutes pièces pour obtenir l’empathie des jeunes filles qu’il contactait sur les réseaux sociaux. Il a un don de la manipulation et de la séduction.»
Et de poursuivre rappelant un épisode lui ayant permis de gagner la confiance des parents de la jeune Tarnaise violée à son domicile, en août 2013 : «Le summum, c’est lorsque sachant que Chloé communique par lettre avec sa mère, il l’oblige à écrire à ses parents pour qu’il le reçoive… Mais comment Chloé dont on sait comme les autres victimes sont des jeunes filles naïves et qui n’ont jamais eu de relations sexuelles, voire de flirt, aurait pu imaginer se faire violer chez elle dans sa chambre !»
Et la procureur de rappeler la scène qui avait été livrée, jeudi, à huis clos par la victime :
«Il a profité que sa mère quitte une heure le domicile pour aller faire du vélo avec la sœur de Chloé, pour changer de visage. Il l’a contraint avec une clé de bras à lui faire une fellation, la couche sur le ventre en la bloquant de tout son poids (94 kg à l’époque), la tête dans le lit pour qu’elle ne crie pas, soulève sa robe, baisse sa culotte, et la viole. Après cela, elle le surprend en train de lui voler 80 euros et il se fait raccompagner comme si de rien n’était à la gare par la mère de la victime».
Revenant sur les aveux du prévenu, la magistrate demeurait également circonspecte :
«Aujourd’hui, il reconnaît, c’est un premier pas… Quant à l’authenticité, nous n’en savions rien, il a tellement menti… Vasile, c’est l’histoire de Pierre et le Loup.»
Et de conclure en réclamant 12 ans de réclusion et 10 ans de suivi socio-judiciaire : «Il est vrai que Vasile Meyrignac est un enfant abandonné qu’il a souffert de carences et de troubles durant son passage dans un orphelinat en Roumanie, pour autant il a eu a la chance d’être adopté, et dans cette affaire, rien n’indique que son discernement ait pu être aboli même s’il nous parle de cette entité qui l’aurait habitée… une fois de plus c’est la faute à l’autre qu’il nous renvoie.»
Source: http://www.ladepeche.fr/
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