Toulouse | Les plaintes pour viol affluent

La police toulousaine enquête actuellement sur plusieurs affaires de violences sexuelles. Des enquêtes souvent difficiles, ou de vrais «prédateurs» côtoient des «Monsieur tout le monde».

Alyson a eu le courage d'affronter en public le procès de l'homme accusé de son viol. Douloureux./DDM, Thierry Bordas
Alyson a eu le courage d’affronter en public le procès de l’homme accusé de son viol. Douloureux./DDM, Thierry Bordas

Mardi soir, les jurés de la cour d’assises de la Haute-Garonne ont condamné un homme de 36 ans à 20 années de réclusion criminelle pour le viol en récidive d’une jeune femme. Lors de l’agression, en novembre 2013 à Cornebarrieu, sa victime avait juste 18 ans, l’accusé 34.

Les jeunes femmes qui en août et en septembre ont été agressées par un homme soupçonné de les avoir violées, et incarcéré hier soir, étaient à peine plus âgées. Peu importe l’âge, les manières, le lieu, le traumatisme du viol reste le même, la reconstruction longue et difficile.

Au commissariat central de Toulouse, les victimes de viol arrivent avec une régularité alarmante surtout en fin de semaine.
Fin novembre, en Haute-Garonne, le parquet avait enregistré 190 plaintes de majeurs, 144 pour les mineurs.

La police nationale, qui ne peut communiquer sur ses chiffres — la préfecture ayant donné des consignes strictes dans ce sens — parle de «stabilité», même d’une «légère baisse».

Pourtant les «affaires» s’enchaînent. Quel rapport entre un délinquant, couteau en main, qui frappe à la fin de la nuit, autant pour exiger des faveurs sexuelles que pour voler téléphone portable et un étudiant brillant qui suit ses victimes en plein jour avant de les agresser au moment où elles rentrent chez elles ? Aucun. Ce sont des violeurs. Et faut-il faire une différence entre une femme honteuse qui ne se souvient de rien au petit matin après une soirée alcoolisée et une adolescente agressée sous une porte cochère…

«Toutes les femmes qui arrivent ici sont des victimes, préviennent les enquêteurs de la sûreté. Après, quand on vérifie, qu’on place en garde à vue l’homme ou les hommes soupçonnés, les versions changent. Certaines victimes se rendent alors compte qu’elles sont allées trop loin, toutes seules…»

Moins de 20 % des plaintes initiales déboucheraient sur des poursuites.
Combien de femmes, parfois des hommes, ne passent pas la porte d’un commissariat parce, au-delà de la honte ressentie, elles ou ils restent convaincus qu’on ne les croira pas ? «Beaucoup trop», lâche un officier à propos de ce «chiffre noir».

«Comme trop de garçons croient que parce qu’une fille a dit oui à l’un, elle est forcément d’accord pour ses copains…»

Avec une sexualité qui se découvre de plus en plus jeune, trop souvent sur internet, «sans barrière» s’inquiète le psychologue Alain Penin. «Amour, sexe, pornographie, désir, approbation… Tout se mélange. Nous, on enquête, lâche un policier. Dans une société qui aujourd’hui, manque parfois de repères.»


«Savoir pourquoi il m’a choisie»

«Maintenant je me sens mieux. J’espère qu’il ne va pas ressortir car il peut toujours commettre des crimes.»

Au lendemain du verdict de la cour d’assises de Haute-Garonne qui a condamné, mardi soir, Steeve Césaire, 36 ans, un récidiviste, à 20 ans de réclusion criminelle pour viol (notre édition d’hier), sa victime, Alyson, 18 ans au moment des faits, avoue avoir vécu deux jours difficiles de procès.

«Quand les avocats de la défense ont plaidé, j’étais en pétard. Ils ont dit que j’avais inventé des choses car je regarde des émissions sur des enquêtes criminelles.»

Le moment du verdict a été crucial pour la jeune femme. «Ils sont partis de 19 h 08 à 21 h 30. Quand il y a eu le résultat, il m’a regardé de travers. Son regard était noir.»

Alyson a été soutenue par Stephan, son compagnon, père de sa fille :

«Il a fallu que je lui explique que ce que disaient les avocats de la défense, c’était du théâtre. Elle l’a compris. Moi, j’ai vécu ses troubles du sommeil. La nuit elle ne pouvait pas sortir seule. C’était très dur, je ne savais pas comment la rassurer. Au procès, j’ai su la canaliser. Il a essayé de la faire passer pour une menteuse. Elle voulait savoir beaucoup de choses, prendre le taureau par les cornes et lui demander «Pourquoi moi ?» Elle n’a pas pu».

Source: http://www.ladepeche.fr/

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