Victimes de viol | Quand la parole se libère-t-elle ?

“Seulement 1 agresseur sur 16 est condamné”

Cela peut prendre des années, mais, un jour, pour qui a subi une agression sexuelle, tenir le silence n’est plus possible. L’asso­ciation Mémoire traumatique et victimologie, a publié notamment de Violences sexuelles, les 40 questions-réponses incontournables (Éd. Dunod).

«“Mais pourquoi vous ne l’avez pas dit plus tôt?” C’est la question que toute victime de viol entend lui être posée», confie Flavie Flament.

La journaliste connaît bien cette situation. Révélant il y a deux ans «seulement» le viol qu’elle a subi à l’âge prépubère, elle est devenue, notamment à travers un livre bouleversant – La Consolation (JC Lattès) -, la porte-parole de ces maintenues au silence.

Si les victimes se taisent, c’est d’abord parce que les agressions sexuelles sont encore frappées de tabou. Celles qui révèlent ces actes recueillent en premier lieu les doutes de leurs interlocuteurs. «Quand elles ont osé dire, elles sont assaillies de questions du genre: “Mais vous n’étiez pas d’accord? Comment étiez-vous habillée?”, ce qui n’est guère encourageant pour celles et ceux qui arrivent après eux», regrette Marlène Schiappa, conférencière et auteur de Qui sont les violeurs? (Éditions de l’Aube). Un affront dont il sera d’autant plus difficile de se relever que l’impunité des agresseurs (seulement 1 sur 16 est condamné) incite souvent les victimes à penser: «À quoi bon porter plainte?»

Elles enfouissent alors leur secret, et il est hors de question de les forcer à parler. Personne n’a à décider pour elles du moment opportun pour avouer ce qui s’est passé

Marlène Schiappa

«Elles enfouissent alors leur secret, et il est hors de question de les forcer à parler, estime Marlène Schiappa. Personne n’a à décider pour elles du moment opportun pour avouer ce qui s’est passé.» La militante note d’ailleurs l’étonnant emploi de ce verbe, «avouer», qu’on attribue aux victimes de viols… Comme si elles avaient perpétré un méfait!

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