Tours | Un septuagénaire condamné à 1 an ferme pour agressions sexuelles sur une mineure de 12 ans

Reconnu coupable d’agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, René L., 78 ans, a été condamné à un an de prison ferme.

Archives Ouest France

Les faits sont graves. À la barre du tribunal correctionnel de Tours, Réné L. ne semble pas réaliser.

Petit homme ramassé de 78 ans, le prévenu d’agressions sexuelles et de corruption de mineur de moins de 15 ans, navigue entre trous de mémoire et déni.

« Quand vous êtes entré dans cette chambre, qu’avez vous fait ? » ;

« Pourquoi lui avez-vous montrer votre sexe ? » ;

« Vous l’avez pénétrée avec un doigt, elle dit que c’est arrivé plusieurs fois ? »

Aux questions pressantes et précises de la présidente du tribunal, Christine Blancher, le presque octogénaire n’oppose, pendant près d’une heure, que des « je ne me rappelle pas », « je ne sais pas », « elle a brodé ».

La jeune fille d’aujourd’hui 18 ans, abusée par le mari de son ancienne nounou alors qu’elle avait entre 12 et 14 ans, n’aura reçu aucune réponse, aucune repentance.

Au contraire, tout dans l’attitude de cet homme décrit par ses proches comme « un mari et un père modèle », un homme « discret », tend à minimiser les faits.

Avec des phrases souvent incomplètes, il n’admettra qu’une seule pénétration digitale, un mercredi après-midi, alors la jeune adolescente se reposait dans une chambre à l’étage.

Des faits qui se sont déroulés deux semaines avant la dénonciation.

Il niera obstinément cette deuxième scène décrite par sa victime, avec pour décor le canapé du salon, un été, une ou deux années plus tôt.

Il contestera aussi le témoignage de sa sœur, alors âgée de 6 ans, qui a décrit des attouchements « par-dessus les vêtements ».

« Peut-être que je l’ai embrassée sur la bouche », concède-t-il finalement à mi-voix.

« Je n’ai pas menti »

« Il y a du mensonge dans ce qu’elles racontent », oppose-t-il à plusieurs reprises.

Et puis :

« J’avais l’impression qu’elle me cherchait un peu », estime le prévenu, se tortillant maladroitement pour décrire les « provocations » de l’adolescente.

« Vous croyez qu’à 12 ans, elle envie de ça, d’un homme de 70 ans ? », l’arrête la juge Christine Blancher.

« Non, c’est moi qui ai fait l’erreur », finit-il par admettre.

Il faudra pourtant que l’avocat de la victime, Me Abed Bendjador, lui rappelle les deux tentatives de suicide de la jeune fille, que le procureur souligne que ses actes, qui relèvent de la qualification de viol, étaient passibles de la cour d’assises, qu’il entende les réquisitions du parquet à hauteur de 12 mois de prison ferme, pour prendre un peu la mesure de ce qu’il persiste à considérer comme une « grosse bêtise ».

« Il souhaite reprendre sa vie comme s’il n’avait pas dévasté la vie de deux jeunes filles », remarque Me Bendjador dans sa plaidoirie.

La ligne de défense du prévenu, suivie pas à pas par son conseil, Me Cécile Bertrand, n’aura pas fait fléchir le tribunal.

Ni les suspicions exprimées sur « la crédibilité de la parole d’une enfant de 6 ans », ni les doutes formulés sur l’existence d’un 2e épisode de pénétration digitale « qu’on ne puisse pas dater », ni même cette tentative de se raccrocher à une 1re expertise psychiatrique qui évoque « un état dépressif » et « une abolition du discernement ».

René L. a été reconnu coupable des trois chefs de prévention, et condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, interdiction de contact avec les victimes et de séjour dans cette ville de l’est du département où elles résident.

Présente à l’audience, sa victime n’aura eu qu’un mot : « Je n’ai pas menti ».

Source : La Nouvelle République

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