Tours | Jugé pour viols sur mineur vingt ans après les faits

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Ils avaient respectivement 23 et 12 ans à l’époque des faits de viols
Un quadragénaire a été jugé, jeudi, à Tours, pour des faits d’agressions sexuelles sur un mineur de moins de 15 ans, commis entre 2000 et 2001.

Aujourd’hui, Paul (1) a 12 ans face à vous.

Les mots de l’avocat de la partie civile résonnent dans le tribunal correctionnel de Tours, jeudi, alors que son client est recroquevillé sur lui-même, blouson sur les épaules.

À l’appel de son nom, il n’a pas osé s’avancer.

C’est l’huissier de justice et son conseil qui le conduiront jusqu’à la place la plus éloignée possible du prévenu.

Dans la salle d’audience, deux hommes.

L’un prévenu, l’autre partie civile.

Aujourd’hui âgés de 45 et 34 ans, ils avaient respectivement 23 et 12 ans à l’époque des agressions sexuelles présumées.

Théorie d’un « complot » Jean (1) ne reconnaît pas les faits dont il est soupçonné.

Selon lui, il s’agit de relations sexuelles consenties.

« Il inventerait absolument tout, même sa souffrance ? »,

s’interroge Christine Blancher, présidente du tribunal.

Il estime que c’est

« un complot »,

pour une histoire de pension alimentaire.

Si l’affaire n’est jugée que maintenant, c’est parce que Paul a porté plainte quinze ans après les faits.

Dans ce cas, la prescription ne commence à courir qu’à partir de la majorité des victimes.

Elles ont ensuite dix ans pour porter plainte pour agression sexuelle, trente ans en cas de viol.

Paul, lui, dénonce des faits de viols, qui seront par la suite correctionnalisés.

« Même si vous essayez de rester impassible, votre émotion reste palpable »,

lance la procureure à Paul.

Le ministère public requiert quatre ans de prison contre Jean, entièrement assortis d’un suivi sociojudiciaire.

Les deux hommes admettent l’existence d’un rapport sexuel, mais n’ont pas la même version. Paul affirme avoir été tétanisé par Jean, un homme adulte.

D’après ce dernier, c’est le préadolescent qui l’a embrassé et a provoqué la relation sexuelle.

Il explique qu’à l’époque, il estime avoir le même âge que le garçon :

« Il avait l’air d’être un homme. »

Le ministère public lui rétorque :

« Pour consentir à un rapport sexuel, il faut comprendre ce qu’il se passe et vouloir ce qu’il va se passer, avec la maturité qui ne peut pas être celle d’un enfant de 12 ans ».

L’avocat de la défense, de son côté, appelle à ne pas sacraliser

« la parole de l’enfant ».

Le tribunal rendra son jugement le 15 février 2022.

(1) Il s’agit de prénoms d’emprunt.

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