Tours | 15 ans de réclusion criminelle pour le père incestueux reconnu coupable d’avoir violé ses trois enfants

Trois frère et sœurs, désormais adultes, mais tous victimes d’un « séisme psychique destructeur »

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Au terme de deux jours de procès, la cour d’assises d’Indre-et-Loire a condamné le sexagénaire qui, de 1991 à 2001, avait commis des violences sexuelles sur trois de ses enfants. Le pédocriminel incestueux a été reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur ses trois enfants mineurs, et a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle.

La seule chose qui dure toujours, c’est l’enfance quand elle s’est mal passée : on y reste coincé à vie.

Les mots de l’autrice Rebecca Lighieri dans Il est des hommes qui se perdront toujours publié en mars dernier, en partie cités par l’avocat général Antonin Rousseau, avaient une résonance particulière dans la cour d’assises d’Indre-et-Loire, hier, au terme de deux jours de procès si éprouvants.

Et pour cause. Après des années de silence entourant un secret de famille si lourd à porter, trois frère et sœurs, désormais adultes mais tous victimes d’un « séisme psychique destructeur », comme l’a souligné l’expert psychologue, ont décidé de tout dire.

De raconter leur calvaire auprès d’un « tyran domestique ».

De détailler les jeux pervers auxquels ils étaient contraints, les sorties obligatoires sous prétexte du recueillement sur la tombe du grand-père avant de s’arrêter à l’orée du bois d’à côté pour y subir des viols

Le père, lui-même victime de la violence paternelle trop souvent pris d’alcool et de l’absence d’affection maternelle, a-t-il manqué de modèles dans cette « famille de fous » qu’a décrite l’un de ses frères ?

D’un étayage suffisant pour faire face à ses pulsions ?

« Dur et méchant », c’est comme cela qu’il se présentait quand il rentrait à la maison familiale. Trop souvent alcoolisé lui aussi au retour de la société de boule de fort.

L’un des experts psychiatres a mis en exergue le portrait « d’un pervers polymorphe à fonctionnement incestueux ».

Un « tableau clinique sombre » que la défense a voulu colorer d’une contre-expertise pour faire état des soins entamés, des progrès qui s’annoncent.

Pas assez cependant pour les avocats des parties civiles qui, l’un après l’autre, ont dressé la liste des difficultés et du mal-être qui compressent toujours les trentenaires, devenus parents à leur tour.

Mes Sieklucki, Philippon et Morin ont évoqué aussi la difficulté à couper totalement les liens avec leurs parents, celle à grandir au sein d’une fratrie dévastée par les silences et la peur que leur inspirait « l’autre » comme le désigne l’une des sœurs victimes.

Période de sûreté requise Dix-sept ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers seront requis par l’avocat général qui décrit une affaire de « criminalité intrafamiliale hors normes par le nombre de passages à l’acte et par leur durée ».

En défense, Me Descot rappelle que :

« La culpabilité fera assez peu débat ».

Puisqu’il y a eu les flashs, les souvenirs enkystés au plus profond, les mots de ceux qui savaient mais n’ont rien fait.

Pendant l’instruction et le procès, l’accusé a reconnu les faits. Parfois mollement. Problèmes de mémoire. Difficultés d’acceptation.

« À 40 ans, il a arrêté de boire. Il a pris conscience de ce qu’il a fait ».

Il faudra cependant qu’il y ait une agression qui l’oppose à son fils en juillet 2017 pour que le grand-père soit contraint à reconnaître l’impensable. Et à être jugé.

Michel, reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur mineur de 15 ans, a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle et à un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans avec une obligation de réparer, une interdiction de contact avec les parties civiles et une injonction de soins.

Il lui est également interdit, de manière définitive, d’exercer toute activité avec des mineurs. Sa condamnation implique son inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Il a dix jours pour faire appel.

 

Source : lanouvellerepublique.fr

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