Témoignage | Amélie Nothomb : « Je suis le fruit d’une enfance heureuse et d’une adolescence saccagée »

Je ne serais pas arrivée là si…

Si je n’avais pas été insomniaque de naissance. C’est la conclusion à laquelle je suis parvenue après avoir beaucoup réfléchi à ce début de phrase absolument fascinant.

Oui, cette insomnie a été constitutive et certainement ce qui a le plus compté dans ma vie. Elle a toujours existé, même lorsque j’étais bébé et même si mes parents ont mis un temps fou à s’en apercevoir.

Amélie Nothomb
Amélie Nothomb

Mais voyons, un bébé qui ne dort pas crie, pleure, s’agite…

Non. Les deux premières années de ma vie, je suis restée quasi inerte, dans un mutisme total. Je ne sais pas exactement ce que j’étais, c’est un pur mystère. Mes parents, qui habitaient le Japon et sont l’incarnation du quiétisme, trouvaient cela formidable. Ils ne se sont pas inquiétés, je crois même qu’ils pensaient que je dormais les yeux ouverts. Ce qui était faux. Je ne dormais pas, je m’en souviens très bien.

Et puis, vers 2 ans et demi, je me suis comme réveillée – ce qui est paradoxal – en captant de courts cycles de sommeil. Mes parents ne se sont toujours rendu compte de rien jusqu’à ce qu’ils découvrent, quand j’avais environ 5 ans, que je me baladais la nuit dans la maison. Ma mère a aussitôt émis un règlement : la nuit, on reste dans son lit. Pas le droit d’en sortir avant 6 heures du matin.

Alors qu’avez-vous fait ?

Je me suis occupée ! D’abord, j’ai beaucoup regardé ma sœur dormir. Nous partagions la même chambre et elle dormait pour deux ! Comme je suis devenue nyctalope – c’est la moindre des choses lorsqu’on est insomniaque –, la contempler était une merveilleuse occupation. Et puis je répondais aux voix que j’entendais. Il y en avait des centaines dans ma tête et je leur parlais.

Enfin, je me racontais l’histoire. Pas « des histoires » mais « l’histoire ». Ce fut la grande occupation de mes années 5-12 ans. Me raconter « l’histoire » : une sorte d’épopée qui partait dans tous les sens et pleine de personnages fluctuants, l’idée étant de me faire connaître les sensations les plus fortes possible. Ce pouvait être l’aventure de deux enfants abandonnés qui devenaient cosmonautes. Ou celle du méchant prince torturant la gentille princesse…

Etiez-vous vous-même au centre de l’histoire ?

J’étais tous les personnages à la fois : les enfants abandonnés, le méchant prince, la gentille princesse… Je me racontais l’histoire – j’étais donc le locuteur et le public – et ça marchait très bien. J’attendais la nuit avec impatience. Et mes parents, qui se félicitaient d’avoir une enfant sage, ignoraient que si j’insistais tellement pour aller me coucher tôt, c’était parce que l’obscurité et l’enveloppe des draps étaient propices à « l’histoire ».

Hélas, à 12 ans, mon système s’est lézardé, le récit s’est arrêté tout net. Je pense que si je suis devenue écrivain, c’est en grande partie parce que je ne parvenais plus à me raconter « l’histoire » dans ma tête. Il me fallait désormais un intermédiaire – ce sera le papier – pour permettre de la fixer. C’est ainsi que « l’histoire » est devenue « des histoires ».

Que s’est-il passé à 12 ans qui a ainsi perturbé votre équilibre ?

Un événement-clé que je raconte brièvement dans Biographie de la faim. Une baignade en mer, au Bangladesh, où vivait alors ma famille, et au cours de laquelle j’ai été agressée sexuellement par quatre hommes. Je ne veux pas m’appesantir sur cet événement qu’il m’a fallu dépasser. Disons simplement que l’année de mes 12 ans fut charnière. D’un coup, j’ai découvert la puberté, la violence, la haine de soi, la haine tout court, la fatigue et le froid. Autant de sensations qui m’étaient alors parfaitement inconnues.

Jusque-là, ma vie n’était pas forcément heureuse, mais enfin, c’était quand même chouette et mes insomnies constituaient des moments de bonheur et d’exploration du réel à travers « l’histoire ». Après ce drame, les insomnies sont devenues problématiques et les voix qui me parlaient dans ma tête nettement moins agréables. J’ai soudain eu le sentiment de vivre avec un ennemi intérieur. Une sorte de monstre générateur d’angoisse. Ma vie a totalement basculé.

Et l’anorexie s’est imposée.

Un an plus tard. A 13 ans et demi. Suivie de troubles alimentaires multiples qui ont duré des années. Car on ne sort pas comme ça de l’anorexie pure et dure. Quand on veut recommencer à manger, c’est l’horreur, on découvre qu’on ne sait plus manger, que le corps ne supporte plus rien, qu’on est malade tout le temps, avec l’impression d’être possédée par le démon. Surtout, on a perdu toute sociabilité. Et on est mis au ban de la société parce qu’on n’est plus capable de manger avec les autres. Ça ne va pas, et tout le monde voit que ça ne va pas. Cauchemardesque.

Alors, même si elle a compté dans ma vie et certainement contribué à faire l’écrivain que je suis, il est hors de question que je valorise l’anorexie. Trop de gens l’idéalisent en pensant qu’il y a quelque intérêt à y trouver. C’est faux ! Elle fait des ravages. Je serais quelqu’un de bien mieux si je n’avais pas été anorexique.

L’écriture n’a pas tout de suite constitué un recours ?

Non. Je n’ai pas écrit une ligne avant 17 ans. Sauf des lettres. Depuis l’âge de 6 ans, j’avais l’ordre parental, ainsi que mon frère et ma sœur, d’écrire une fois par semaine à notre grand-père qui habitait Bruxelles. Nous recevions chacun de grandes feuilles blanches, de format A4, qu’il fallait absolument remplir et c’était un vrai casse-tête, même si je m’appliquais à écrire grand. « Raconte-lui ta vie ! », encourageait ma mère.

Mais en quoi ma vie de petite fille expatriée en Asie pouvait-elle intéresser un vieux monsieur que je ne connaissais même pas, me disais-je. Vous voyez que j’avais déjà le souci du lecteur ! Je pense que si j’ai développé ce que j’appelle le sens de l’autre, c’est en partie à cause de cet exercice périlleux. C’était un dialogue avec l’inconnu, très différent de l’histoire que je me racontais la nuit.

Mais pourquoi ne vous autorisiez-vous pas à écrire autre chose que ces lettres au grand-père ?

Parce que lorsque nous étions enfants, c’est ma sœur qui écrivait. Des histoires, des poèmes, des pièces de théâtre. Elle était géniale et admirée de tous. De moi d’abord, qui la lisais avec vénération et la considérais comme une divinité. Mais aussi de mes parents et de nos professeurs car ses pièces étaient jouées par les filles de l’école. Lorsqu’elle a arrêté d’écrire à 16 ans, j’ai attendu quelque temps, pensant qu’elle allait peut-être recommencer.

Et puis j’ai découvert Rilke et ses Lettres à un jeune poète. J’avais 17 ans et ce fut une illumination. L’acte d’écrire m’est soudain apparu à la fois accessible et puissant. Je dirais même vital. Et miracle : l’ancien récit a repris sous forme écrite. J’ai entamé mes premiers manuscrits.

L’idée de devenir écrivain se profilait alors ?

Oh non ! Je ne m’en sentais pas capable ! J’écrivais déjà comme une forcenée, mais il faudra que j’écrive une dizaine de livres avant d’oser présenter le onzième – Hygiène de l’assassin – à un éditeur, avec les conséquences que l’on sait. Les premières années, ma sœur adorée était ma seule lectrice.

Quelle était alors votre ambition de jeune fille, lorsque votre famille se pose enfin en Belgique ?

Tout simplement d’être japonaise. Car j’étais convaincue que la cause de tous les drames rencontrés depuis l’âge de 5 ans était mon départ du Japon, et l’arrachement des bras de ma mère japonaise. Un drame absolu qui, lui aussi, m’a très largement constituée. Jusque-là, je menais une double vie avec mes deux mamans, la Belge et la Japonaise, que j’aimais à égalité, et qui se toléraient parfaitement.

Mais notre départ du Japon a sonné le deuil de cet équilibre si parfait. Ce fut un arrachement fondamental. Et dans mon esprit, le Japon et cette humble femme du peuple, si douce et si maternelle, se confondaient. Je rêvais d’y retourner.

En attendant, comme des millions d’étudiants, vous avez fait votre entrée en fac.

Oui. Et j’allais super mal. J’étais seule. Atrocement seule. Je n’avais aucun amoureux, aucune amie. A cause de mes déracinements, à cause de mon étrangeté profonde, à cause du malaise que je suintais par tous les pores… Je ne savais pas comment il fallait s’habiller, comment il fallait parler, la musique qu’il convenait d’écouter. J’étais d’une clochitude fondamentale. A l’université, les gens me regardaient comme une bête curieuse.

Et le nom de ma famille n’arrangeait rien : Nothomb ! Je découvrais qu’en Belgique, il incarnait la droite catholique alors que j’avais justement choisi une université de gauche. Les professeurs comme les étudiants s’étonnaient : mais qu’est-ce que tu fous là avec un nom pareil ? J’avais tout contre moi. Et en un pied de nez suprême, j’ai décidé de consacrer ma thèse à Bernanos.

Pourquoi avoir choisi de faire des études de philologie, la science du langage ?

J’avais assez vite compris, au fil des déracinements successifs dus à la carrière de diplomate de mon père, que le langage et la littérature étaient mon seul ancrage. A 16 ans, je parlais latin. Un choix et une bizarrerie personnels qui n’avaient rien à voir avec ma famille. Je suis née réac ! Petite, je n’aimais que ce qui était extrêmement ancien ou en relation avec le passé. Je n’ai acquis le goût de la modernité qu’en retournant au Japon à 21 ans.

Au moins pouviez-vous briller dans vos études !

J’étais passionnée et travaillais beaucoup. Mais ma vie sociale, malgré mes tentatives désespérées, était un désastre. Je me souviens d’avoir été plusieurs fois la risée de l’amphi. « Quelle conne ! », ai-je entendu hurler après que j’ai posé une question. Je vous assure : j’étais une pestiférée.

C’est incompréhensible. Vous étiez jolie, gentille, cultivée…

Jolie, faut le dire vite ! Je ne sais pas ce que je vaux physiquement aujourd’hui, mais je suis persuadée que je suis mieux à 50 qu’à 18 ans. J’étais si mal dans ma peau ! Du coup, j’essayais d’avoir une vie nocturne. Et j’ai le souvenir de soirées universitaires, extrêmement mal fréquentées ; de fêtes dramatiques dans des garages, avec des individus plus que douteux.

J’avais de pauvres aventures absolument sordides, voire humiliantes, mais je me disais : c’est quand même mieux que de ne rien vivre du tout. J’en étais là ! Fruit d’une enfance heureuse et d’une adolescence saccagée qui m’a longtemps fait vivre avec la conviction que ma vie était foutue. No future. Terminé ! Une façon de penser radicalement punk, même si j’ignorais le mot.

A 15 ans, je n’étais pas sûre de vivre. Au moins, l’anorexie a-t-elle eu le mérite de dévier mon attention. Je n’étais plus obsédée par : « c’est foutu à cause de ce qui m’est arrivé » mais « c’est foutu parce que je ne sais pas manger ». Paradoxalement, c’était une démarche de salut.

Vous citez souvent la phrase de Nietzsche, lui aussi philologue : « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. »

C’est vrai. L’idée du combat est intéressante. Et la vie m’a appris que j’étais finalement plus solide que je ne le pensais. Mais il ne faut pas confondre épreuve et dégradation. L’anorexie était une épreuve, car il fallait se battre. Ce qui m’est arrivé à 12 ans était une dégradation. Et la dégradation demeure à tout jamais. Elle explique cette fragilité immense qu’il me faut vaincre tous les matins et la nécessité vitale d’écrire qui en résulte. Tous les matins, je dois me battre. Et tous les matins, tout est à recommencer. Car les forces obscures sont toujours en moi.

Est-ce cela « le secret indicible » que vous avez souvent évoqué sans le nommer ?

Oui, bien sûr.

Cette agression sexuelle l’année de vos 12 ans ?

Qui reste en moi.

Cela s’appelle un traumatisme.

Sans doute. Mais j’aime l’idée de dégradation : j’étais un petit soldat à qui on a enlevé ses galons.

Pourquoi parler de forces obscures ?

Parce que lors d’une transe, au cours d’un très long séjour en forêt amazonienne, j’ai pu visualiser la chose : ces démons qui étaient encore là et que j’ai tout fait pour chasser de mon corps. Un exorcisme d’une violence incroyable. Mais vain. Alors je me suis résolue : Amélie, tu vis avec ça en toi depuis si longtemps…

Tant de femmes ont enfoui en elles le secret d’un viol.

C’est effroyable. Et, je le pense, générationnel. Dieu sait si j’ai peu parlé de cet épisode, mais chez les gens plus âgés, les réactions ont été ignobles. Subsiste toujours l’idée que la victime est en réalité coupable. Ce n’est pas pour rien que j’ai si mal vécu cette histoire. On me renvoyait une culpabilité que j’ai fini par intégrer.

Quel était le but de ce voyage en Amazonie que vous venez d’évoquer ?

Corine Sombrun m’en avait donné le désir à travers ses livres. Elle est chamane, ce qui n’est pas mon cas, mais je suis « un bon récepteur ». Et j’ai eu envie de me livrer à la même expérience qu’elle – une rencontre avec « les esprits » – au fin fond de la forêt amazonienne, chez les Indiens.

Les conditions sont rudes, la diète et les règles très strictes. Ce n’est pas du tout une partie de plaisir. Et ça peut même être dangereux. Mais pour moi, ce fut énorme : le contact avec l’esprit, que l’on voit, que l’on entend, que l’on sent ; les retrouvailles avec certaines personnes disparues ; l’accès à un univers parallèle archipeuplé et invisible le reste du temps. Ce fut la porte ouverte sur un autre monde.

Avez-vous écrit sur cette expérience ?

Oui, même si c’est très difficile. Mais mon éditeur m’a refusé le livre. « Ecoutez, m’a-t-il dit, les gens pensent déjà que vous êtes dingue. Si vous voulez leur en apporter la preuve sur un plateau… »

Mais la liberté de l’écrivain d’écrire sur ses expériences ?

Allons, de quoi me plaindrais-je ? Vingt-six livres ont déjà été acceptés sur vingt-huit. Et j’avoue avoir été sensible à son argument : la prise de l’ayahuasca, légale au Pérou, est illicite en France où on assimile ce breuvage à base de lianes à une drogue. J’ai vu des gens pour qui l’expérience s’était très mal passée, je ne veux pas avoir ça sur la conscience. Non, prendre de l’ayahuasca n’est pas cool et je ne veux pas en faire la promotion. Pas de livre, donc.

Mais le sujet est trop important pour que je n’y revienne pas un jour d’une autre façon. Car j’ai bel et bien rencontré la déesse Ayahuasca, qui est une très très belle femme, qui m’a prise dans ses bras, a dansé avec moi, et m’a dit qu’elle m’aimait. C’était le but de ma vie. Je sais que je vais passer pour une illuminée. Mais qu’importe. Ce n’était pas une chimère. J’ai vécu cet épisode à mille pour cent et c’était inouï. Proprement inouï.

Point de vue plaisir, je crois avoir eu tout ce qu’il me fallait dans la vie, mais ça, c’était au-delà du plaisir, et plus merveilleux que tout. Et cela m’a enfin donné accès à une version de la féminité à mille lieues des créatures geignardes, dénuées de force et d’audace, que dépeint Montherlant dans Les Jeunes Filles, ce livre phare de mon adolescence qui me faisait refuser avec horreur l’idée de devenir une femme.

L’amour maternel est au cœur de votre dernier livre. Et particulièrement la relation mère-fille. Elle vous fascine donc ?

Et comment ! Moi qui n’ai volontairement pas eu d’enfant, si ce n’est beaucoup d’enfants de papier – car je tombe « enceinte » de chaque livre –, j’aurais pu dire : je ne serais pas arrivée là si, petite fille, je n’avais pas été aussi folle d’amour pour ma mère. J’aimais aussi mon père, mais il ne me faisait pas triper. Mon trip, c’était ma mère.

Je ne cessais de lui dire et redire : « Maman, je t’aime. Maman, aime-moi ! » Elle répondait : « Mais je t’aime, je t’aime ! » J’insistais : « Oui, mais aime-moi encore plus ! » Elle a fini par me dire cette chose énorme, lorsque j’ai eu 9 ans : « Si tu veux que je t’aime encore plus, eh bien séduis-moi. » Je me suis récriée : « Mais enfin, tu es ma mère, c’est ton devoir de m’aimer ! » Elle a tranché, elle pourtant si gentille je vous l’assure : « Ça n’existe pas l’amour obligatoire ! » Et je lui donne raison. Elle m’a arméeavec cette réponse.

Et j’ai compris : tu veux qu’on t’aime, ma fille, eh bien donne-toi du mal ! Rien n’est automatique ! Même pas l’amour maternel. Il se trouve que j’étais née du bon côté de la barrière, ma mère m’aimait. Mais j’ai eu tant d’amies qui n’ont pas été aimées par leur mère. Voire ont été jalousées par elle. Ce non-amour est une blessure inguérissable qui provoque d’immenses dégâts.

Vous atteignez la cinquantaine. Le temps qui passe vous inquiète-t-il ?

La machine s’use, je dois bien le constater. Je commence à avoir des petites douleurs, je dois aller chez le kiné parce que mon épaule souffre à force d’écrire huit heures par jour. Mais c’est anecdotique. Ce qui m’inquiète, c’est la perspective de perdre mes parents. Ils sont encore de ce monde, et je m’en réjouis. Mais je sais qu’on surmonte beaucoup mieux un deuil, même terrible, quand on a 20 ans que quand on en a 50. Je cesse d’être jeune. Cela veut donc dire qu’un jour, devant une perte aussi fondamentale, je vais morfler.

Vous avez parfois dit que l’ensemble de vos livres constituait une sorte de rébus, lequel ne sera déchiffrable, un jour, que lorsqu’on les aura tous lus…

Je ne nargue pas mes lecteurs. Le rébus est valable pour moi aussi !

Mais vous l’organisez, puisque vous décidez lequel des trois ou quatre livres écrits dans l’année sera publié.

Je choisis un livre que je trouve bon et qui, en effet, fera sens dans la « big picture ».

Il y a donc bien un dessein global !

Je dessine un géoglyphe.

Pardon ?

Toutes mes vérités sont décidément en Amérique du Sud ! Les géoglyphes sont des œuvres d’art géantes, tracées sur le sol, pour n’être visibles que des oiseaux… ou des dieux. Les Mayas notamment en ont fait de splendides et aucun humain n’en avait la vision puisqu’à leur époque, l’avion n’existait pas. Eh bien, je pense qu’à mon niveau, je fais un géoglyphe. Je ne sais pas qui le verra un jour, mais j’y travaille. Vous souriez ? Je vous en prie : laissez-moi ma folie des grandeurs ! Laissez-moi croire que je bâtis mon géoglyphe ! J’adore.

Propos recueillis par Annick Cojean

 

Source: Le Monde

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