Albi | 4 ans de prison pour Benoît Ghesquière, le prédateur de Facebook

Les policiers ont vite retrouvé la trace du faux ado sur Facebook. Il aurait été en contact avec plus de 100 jeunes . /Photo DDM, illustration.
Les policiers ont vite retrouvé la trace du faux ado sur Facebook. Il aurait été en contact avec plus de 100 jeunes . /Photo DDM, illustration.
Parce qu’il avait des difficultés à trouver une compagne et des problèmes relationnels avec sa mère, Benoît Ghesquière, 43 ans, aide-soignant dans une maison de retraite, est allé chercher sur la toile un bonheur virtuel. Mais cette amitié qu’il recherchait à tout prix l’a fait basculer rapidement. B. Ges, son surnom, s’est inventé un profil de jeune de 16 ans pour aller traquer ses proies sur Facebook.

Jeudi, son affaire a été longuement examinée et jugée devant le tribunal correctionnel d’Albi où il comparaissait pour agression sexuelle par personne mise en contact avec la victime par internet, tentative d’agression sexuelle et corruption de mineur, de février 2015 à août 2015. Des faits datant de 2012 ont même été révélés.

Il a piégé des ados de 14 à 16 ans à Sieurac, Vénerque, Villefranche-de-Rouergue, Pamiers et Saint-Martin-d’Oydes (09) ainsi qu’à Charrecey et Montceau-les-Mines (71). Seules trois familles se sont portées partie civile dans cette triste affaire.

Le prévenu, qui est détenu depuis le 13 août 2015, se faisait passer pour un «djeuns», adoptait leur langage et leur proposait des concours de masturbation, leur demandait des photos d’eux, nus, ou de leur sexe. En contrepartie, les jeunes recevaient un peu d’argent. Ou, comme pour une de ses jeunes victimes, un jeu vidéo de football, FIFA 2015.

Fausse soirée BBQ et vraie agression sexuelle

«Au début, confie-t-il, c’était un jeu virtuel. Je me suis créé mon propre compte, je cherchais de l’amitié parce que j’étais seul. J’étais vraiment mal dans ma peau à cette époque», explique-t-il.

Il s’est même fait passer pour le père d’un jeune qui organisait une soirée BBQ pour tromper une mère de famille et lui «emprunter» son fils. Il l’a conduit chez lui, l’a fait boire et s’est livré à des attouchements.

«Jamais je ne commettrai des erreurs pareilles, je demande pardon pour le mal que j’ai pu faire», lance-t-il dans son box.

Le crâne dégarni, bedonnant, le prévenu a du mal à convaincre. Surtout pas les trois parties civiles, Mes Emmanuelle Pamponneau, Carole Baget et Michel Albarède. D’autant qu’une expertise psy fait état d’une «grande émotivité, d’une personnalité anxieuse et immature et de troubles de la personnalité».

Les avocats parlent «de faits nauséabonds, de cheminement de prédateur, de harcèlement auprès des jeunes». Me Albarède ne sait plus trop comment le nommer : «pédophile, prédateur, pervers sexuel ?».

Me Jean-Baptiste Alary, en défense, rappelle que son client n’a jamais contesté les faits. «On parle de harcèlement mais il y a a eu de nombreux échanges. On doit prendre en compte ces jeux d’adolescents sur la toile et aboutir à la modération, à la justesse. Ce qu’il a fait lui inspire un profond dégoût, il en est conscient. Je crois plus aux vertus d’un suivi sociojudiciaire qu’à un long internement».

Le tribunal a suivi les réquisitions : 4 ans de prison, mandat de dépôt, avec une petite rallonge pour le suivi sociojudiciaire porté à 5 ans, injonction de soins, inscription au fichier des délinquants sexuels et interdiction d’exercer une activité impliquant des jeunes.

Il devra également débourser 27 000 € de dommages et intérêts aux familles, sans compter les frais d’avocats.

Source : http://www.ladepeche.fr/

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