Tarbes | Un homme condamné pour viol aggravé et agression sexuelle sur une ado de 14 ans

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Soupçonné d’avoir imposé une fellation et une pénétration digitale
À l’issue de deux jours de procès éprouvant devant la cour d’assises des Hautes-Pyrénées, Youssef T., accusé de viol aggravé et agression sexuelle sur une adolescente de 14 ans, en juillet 2020 à Tarbes, a été reconnu coupable de l’ensemble des faits et condamné à 8 ans d’emprisonnement.

À l’heure des plaidoiries dans le procès de Youssef T., un Algérien de 29 ans jugé depuis lundi 14 novembre par la cour d’assises des Hautes-Pyrénées pour viol et atteintes sexuelles sur Emilie*, mineure de moins de quinze ans à l’époque des faits (juillet 2020), l’avocate de l’adolescente et de ses parents, Me Céline Saint-Michel, a imploré les jurés de donner à sa cliente sa qualité de victime que l’accusé lui refuse:

« La cour d’assises prend le temps de décortiquer les choses. C’est une grande chance. Mais cela peut être d’une grande violence pour les victimes. »

Soupçonné d’avoir imposé une fellation et une pénétration digitale à Emilie le 10 juillet 2020 dans un appartement du quartier Bel Air à Tarbes, où la jeune fille l’a suivi « sans se douter de ce qu’il pouvait s’y passer » selon ses dires à l’audience, l’homme s’est défendu d’avoir forcé cette dernière pendant ces deux jours de débats douloureux.

Monologues et incompréhensions

Me Thierry Sagardoytho, conseil de Youssef T a introduit:

« Je suis sans doute très seul dans cette salle d’audience pour prendre la défense de ce garçon »

« Et en cet instant de solitude, je ne pense pas avoir été le seul à ne pas tout comprendre »

 

Référence faite aux difficultés rencontrées par son client, confronté aux subtilités de langue française qu’il parle approximativement, et aux questions argumentées des magistrats dont il a eu du mal à saisir les enjeux.

L’avocat a concédé:

« Les mots qu’il a prononcés sont malhabiles »

Et de s’adresser à la présidente de la cour, Dominique Coquizart, pour souligner le doute dérangeant qui s’est installé lors d’un échange entre elle et l’accusé:

« Vous avez tenté de nouer le dialogue avec lui. Mais nous avons assisté à deux monologues. Il lui manque cette représentation des questions soumises. »

Seulement Youssef T. n’a jamais exprimé le souhait d’être assisté par un interprète.

« Mes mises en danger »

Depuis le début de l’affaire, et tout au long de son procès, Youssef T. a maintenu qu’Emilie a été à l’initiative de toutes leurs interactions.

Selon lui, c’est elle qui l’a abordé à un arrêt de bus quelques mois plus tôt.

C’est elle qui était en demande pour de nouveaux rendez-vous au jardin Massey.

C’est encore elle qui a demandé à voir le squat à Bel Air où il a passé quelques nuits, et où on lui reproche aujourd’hui de l’avoir violée.

Avait-il connaissance de son âge ?

« Elle m’avait dit qu’elle avait 18 ans et demi. »

Une version contestée par Emilie, qui assure avoir précisé qu’elle avait 14 ans, mais qui a néanmoins admis avoir des difficultés à dire non, par crainte de décevoir ou de froisser.

Un mécanisme ancré chez la jeune fille, longuement décortiqué par les magistrats et experts psychologues, et « qui pose question » pour l’avocat de la défense:

« En septembre 2019, une procédure judiciaire a été enclenchée, puis classée sans suite, à l’encontre de son petit copain de 15 ans avec qui elle a choisi de passer à l’acte, et qui n’a pas su s’arrêter alors qu’elle ne voulait plus selon elle. Puis, il y a eu l’affaire avec mon client. Après un déménagement à Tours, elle confie une nouvelle agression à son psychiatre, survenue en mai 2021 dans une cage d’escalier après qu’elle a suivi un inconnu dans la rue. »

Un rebondissement qu’Emilie a mal vécu à l’audience.

Elle a lancé en colère:

« Je ne vois pas ce que ça vient faire ici ! Ce sont mes mises en danger, ça me regarde »

Thierry Sagardoytho, qui a donné lecture aux jurés des déclarations de la jeune fille dans ces différentes affaires, afin de mettre en exergue les similitudes troublantes des faits décrits a déploré:

« Désolé, mais cela nous regarde. J’ai bien peur que mon client ait fait la rencontre d’une mise en danger ce jour-là »

Avant de rappeler que le doute doit être donné à l’accusé:

« Ces garçons ont-ils voulu la contraindre, ou n’ont-ils pas su saisir une opposition de sa part ? Et qu’a pu comprendre mon client du non qu’elle ne sait pas dire ? »

Huit ans d’emprisonnement

L’avocat général, qui a requis dix ans de réclusion criminelle à l’encontre de Youssef T., une interdiction définitive du territoire national, et l’inscription au fichier informatisé judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais), a également expliqué aux jurés qu’ils avaient la possibilité d’aller au-delà de ses réquisitions.

Cela n’a pas été le cas.

À l’issue de quatre heures de délibéré, l’accusé a été reconnu coupable de l’ensemble des faits reprochés et condamné à huit ans d’emprisonnement.

De plus, il devra verser 12 000 euros à Emilie au titre du préjudice morale, et 3 000 euros à chacun de ses parents.

* Le prénom a été changé

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