Tarbes | Le beau-père condamné à 11ans de prison pour le viol de sa belle-fille de 9 ans

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“Son démon à lui, c’est la pédophilie”
Devant les Assises des Hautes-Pyrénées, le procès d’un agriculteur accusé d’attouchements et viols sur sa jeune belle-fille. Dernière journée, celle des plaidoiries. La cour d’assises a condamné le beau-père à 11 ans de réclusion criminelle.

La seconde et dernière journée du procès, devant les Assises, de l’agriculteur accusé d’attouchements et viols sur sa jeune belle-fille, a été consacrée à la parole des experts, aux plaidoiries des parties civiles, aux réquisitions de l’avocate générale et la plaidoirie de la défense.

Un “dérapage” qui a perduré

C. E. est resté sur ses positions:

“J’ai commis des attouchements mais je n’aurais jamais pu aller plus loin”.

L’accusé a également expliqué avoir été touché par la détresse de sa victime, la veille, à la barre:

“J’ai capté toute sa souffrance.

Je sais que je suis entièrement fautif, l’adulte, c’est moi et je n’ai pas tenu mes responsabilités d’adulte.

Je suis touché par sa souffrance, qui sera indélébile”.

La présidente de la Cour d’Assises l’a questionné sur cette notion de “dérapage”:

” Ce n’est pas un fait mais plusieurs, à plusieurs reprises:

au premier massage, vous avez dérapé.

Si on reste sur votre hypothèse et vos déclarations, comment expliquez vous que cela se soit reproduit, qu’il y ait eu de nouveaux passages à l’acte?”

L’accusé a expliqué qu’il ne retirait de ses actes aucune excitation sexuelle et a beaucoup de mal à expliquer ses gestes:

“J’ai perdu le contrôle, je me suis retrouvé face à une situation que je n’ai pas su gérer”.

C’est l’avocate de la mère de la victime, qui a ouvert le bal des plaidoiries:

“Vous l’avez vue submergée, en colère.

Elle regrette de ne pas avoir eu de mots pour sa fille publiquement, pour lui dire à quel point il était inconcevable qu’elle n’ait rien vu.

Elle est dans un état de sidération totale. Elle n’a pas su décrypter. Sa fille avait 9 ans à l’âge ou on va à l’école avec son cartable, son goûter, avec innocence, une innocence qui lui a été volée.

Il n’est pas précis sur le nombre de fois, sa mémoire est défaillante pour ce qui l’arrange.

Sa vérité, elle est plurielle mais ce n’est pas la vérité des faits qui se sont produits.

Cette maman, elle est en arrêt maladie.

Il faut qu’il assume pleinement ses responsabilités afin de permettre à ses victimes de se reconstruire”.

“Son objectif, c’est de sauver sa peau”

L’avocate de la victime mais aussi de son père, s’est, elle aussi, adressé aux jurés en montrant les plaignantes:

“Je vais vous parler d’un sentiment, celui de la culpabilité, il est sur ce banc et c’est là qu’on a pleuré durant ces deux jours d’audience.

Ce que je vais vous demander, c’est de prendre ce sentiment de culpabilité et de le poser là”, a-t-elle indiqué en désignant le box des accusés, avant de poursuivre:

“Je vais vous demander de condamner l’accusé pour l’ensemble des faits.

Il n’y a pas de témoins des faits dans ce huis clos familial, dans cette chambre, sur le canapé de ce salon, dans cette salle de bains, il n’y avait personne d’autre que C. et son beau-père.

Lui, il n’a qu’un objectif en tête, de minorer les faits et de sauver sa peau.

Il explique ses dérapages par le fait que sa compagne le délaissait, ce sont là des réflexions très inquiétantes.

J’ai une certitude, ce viol pénien, il l’a bel et bien commis mais il ne peut pas le reconnaître.

La vérité, elle est là, il faut qu’elle soit reconnue.

Quand vous le condamnerez, vous devrez aussi analyser les faits, à l’aune de ce qu’ils ont causé comme préjudice.

Cela fait deux ans et demi que l’accusé est en détention, C., elle, est en prison depuis l’âge de 9 ans, mais je suis fière de l’incroyable chemin qu’elle a parcouru, la suite est entre vos mains”.

“Son démon à lui, c’est la pédophilie”

L’avocate générale a ensuite pris la parole “dans l’intérêt de la société”, tournée vers jurés:

“Je vais vous aider à appliquer la loi au mieux, pour une société où nous voulons que nos enfants, nos adolescents s’épanouissent.

Il peut paraître comme un homme affable, qui s’exprime bien et peut même attirer la sympathie mais chacun a ses démons et son démon à lui, c’est la pédophilie.

C’est à 9 ans, que les agressions vont commencer, lui a 37 ans.

Il va éprouver des pulsions sexuelles envers sa belle-fille.

Lui seul a abusé de cette enfant, elle est la victime, il est le bourreau et il minimise son comportement.

Il parle de dérapage, mais il n’est pas au volant de sa voiture !

Il sait ce qu’il fait, il voit cette enfant.

C’est à vous de le condamner haut et fort, de rappeler l’interdit absolu de l’inceste.

Derrière le déni de cet homme, il y a la honte et la peur de la sanction.

Moi, je crois en la parole de cette enfant, elle a bien fait de parler”.

Elle a ensuite requis 12 ans de réclusion criminelle à l’encontre de C. E.

Me Lorea Chipi, l’avocate de l’accusé, a eu la délicate tâche de clore les débats.

“Mes premiers mots vont vers C. car elle force l’admiration pour le courage qu’elle a eu pour révéler les faits.

Dans quelques instants vous allez vous retirer pour délibérer et au bout, vous jugerez.

Je vais m’en tenir à la loi, c’est à votre âme et à votre conscience que j’en appelle.

C’est un dossier dans lequel l’accusé répond présent, il reconnaît, se sent responsable et se repent.

Viol il y a, crime a été commis.

Il vous a indiqué qu’il était l’unique responsable.

Alors, massage ou pas massage, il a profité d’une situation et cela est condamnable.

Ce qui est attendu par la justice, c’est le rééquilibrage de la place de chacun.

Oui, la honte et la culpabilité doivent changer de camp, elles sont là et doivent demeurer là !” a-t-elle martelé en montrant le box des accusés derrière elle.

L’avocate a poursuivi: “Il est dans une démarche profonde et sincère de remise en question.

La loi doit vous guider, vous devez tenir compte des faits et de la personnalité de l’accusé.

On vous demande une peine qui dépasse ces critères d’équilibre alors que l’essentiel est reconnu, je vous demande de minorer la peine car mon client ne saurait être réduit aux actes qu’il a commis”.

La cour d’Assises des Hautes-Pyrénées a condamné le beau-père à 11 ans de réclusion criminelle.

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