Suisse | Dans une famille d’accueil, le père était un pédophile

Un Vaudois est accusé d’actes d’ordre sexuel sur une enfant placée sous son toit durant 11 ans, ainsi que sur sa propre fille.

Le Tribunal correctionnel d'arrondissement de Lausanne (Photo: Gérald Bosshard)
Le Tribunal correctionnel d’arrondissement de Lausanne (Photo: Gérald Bosshard)

Ils avaient tout de la famille modèle. Un père cadre, apprécié de ses amis, une épouse, deux enfants, une situation économique confortable. Dès 2001, le couple avait décidé de devenir famille d’accueil pour aider ceux à qui la vie n’avait pas offert les mêmes chances.

Mercredi, face au Tribunal correctionnel de Lausanne, ce Vaudois de 52 ans, allure ordinaire, avouait pourtant l’inavouable. Enfin, il réalisait qu’il avait commis des actes sexuels sur la fillette placée durant près de onze ans sous son toit.

«Lors de mon arrestation, j’ai voulu tout raconter mais je n’ai pas eu le courage», a-t-il expliqué.

Des aveux qui sont arrivés au compte-gouttes durant l’enquête. Parce qu’il ne réalisait pas encore ce qu’il avait fait, assure cet homme désormais prêt à se soigner.

«Je crois que c’est clair. Je suis pédophile. C’est certain que j’ai une attirance que les autres gens n’ont pas.»

Mercredi, la victime principale n’était pas là pour entendre ces mots qui offraient une reconnaissance à ses souffrances. Désormais placée en foyer, l’adolescente n’avait déjà pas pu compter sur ses parents biologiques.

Placée à 3 ans et demi dans cette famille d’accueil, elle a révélé seulement en 2014 les attouchements de son père de substitution. Selon l’acte d’accusation, elle avait choisi le silence, de peur de perdre cette famille qui s’occupait d’elle.

La fillette du couple aurait également été victime des dérives du prévenu. Un point contesté. Selon l’accusation, le prévenu aurait amené sa fille de 4 ans à lui toucher le sexe. «Elle l’a fait mais je lui ai dit non», a-t-il insisté malgré les nombreuses questions de la présidente. Son explication?

«C’était une lubie que ma fille a eue durant deux semaines. Après, tout cela s’est arrêté.»

Les faits sont plus clairs pour la fille accueillie par le couple. L’homme ne nie pas les caresses quotidiennes dès l’âge de 8 ans.

«Je ne réalisais pas à l’époque que lorsqu’elle me demandait des grattouillettes cela ne signifiait pas un massage de la poitrine.»

La jeune fille avait fini par mettre en œuvre des stratégies pour se protéger. Lui explique qu’il était persuadé de lui offrir simplement de la tendresse. Et puis, il y a eu ce jour où il s’est couché près d’elle et s’est collé à elle. Il avoue. Il était excité.

En 2012, la fille s’était plainte au Service de la protection de la jeunesse en expliquant que le prévenu se promenait souvent nu. Face à une famille de confiance, l’homme n’avait eu qu’une simple remise à l’ordre.

Que dire de la panoplie du chien, niche et laisse comprises, offerte à sa propre fille et utilisée parfois pour la promener? Elle aurait aimé jouer au toutou. Rien apparemment de pénalement répréhensible, mais de quoi étonner.

Une autre ombre au tableau devra être éclaircie. L’épouse du prévenu est désormais sous enquête. Elle aurait peut-être assisté ou su certains faits sans réagir.

Les plaidoiries et le réquisitoire ont lieu jeudi.

Source : http://mobile2.tdg.ch/

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