Soissons | Thomas Jacquet a été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour viol et séquestration

Thomas Jacquet avait séquestré la victime six heures dans sa propre voiture.

La présidente Sylvie Karas juge ce lundi un appel de la Somme.
Photographe: Archives JM Champagne

Devant la cour d’assises, depuis mardi, c’est l’histoire d’un amour naissant s’achevant dans la violence qui est observée.

Contre la victime, il y a eu bien des vents contraires. Âgée de 35 ans aujourd’hui, elle a subi deux viols.

Le premier s’est déroulé à l’âge de 17ans. Le second, c’est celui-là même qui était jugé hier par la cour d’assises pour des faits commis lorsqu’elle avait 32 ans en décembre 2014 à Soissons.

Le premier drame a été révélé à la cour par son avocate dans la stupeur générale. Personne n’en avait eu connaissance. Elle n’avait pas porté plainte.

Elle ne voulait, d’ailleurs, toujours pas se manifester la fois suivante. C’est son père qui, la voyant arriver un matin de décembre 2014 après une séquestration de six heures dans son propre véhicule, avait alerté aussitôt les gendarmes.

Sa fille venait d’être prise en charge par un chauffeur routier après avoir été laissée au bord de la route, sans téléphone, sans vêtement chaud, à 15kilomètres de son domicile, par son compagnon Thomas Jacquet.

Il est retrouvé avec un couteau dans l’automobile lors de son interpellation par les policiers.

«Il lui dit qu’elle est l’amour de sa vie»

La présence d’une arme pèse incontestablement dans les débats. «  S’il n’y a pas cette lame, il n’y a pas de dossier,  » s’exclame même Me Contant, l’avocat de la défense.

Son client est un SDF qui vit quelquefois des relations avec des femmes rencontrées sur internet. Elles paient l’hôtel, fournissent un abri à cet homme instable qui s’est livré à du trafic d’héroïne.

La victime se montre naïve, croit rencontrer sur internet le prince charmant.

«  Il lui dit qu’elle est l’amour de sa vie mais vit avec une autre femme de Château-Thierry  »,

remarque même l’avocat de l’accusé, Me Contant.

L’adversité contre la victime, une mère de trois enfants, n’a pas manqué. Il y a eu la justice qui, d’abord, ne la croit pas avant de changer d’analyse.

Un juge d’instruction avait ainsi accordé le 23septembre 2016 un non-lieu à l’accusé pour le viol.

Puis il y a eu le regard souvent défavorable des autres. Elle est libre, vit dans l’instant. Pour beaucoup, cela veut dire volage.

Elle est traînée dans la boue dans les réseaux sociaux par ses anciens amis. C’est vrai qu’elle cède régulièrement à des avances. Peut-être cherche-t-elle tout simplement l’amour.

Les débats ont soulevé une question cruciale : comment mesurer un viol sur le plan médical quand il a été commis sans violence physique ?

La victime, s’estimant menacée par un couteau, n’a opposé aucune résistance.

«  La trace psychologique n’est pas une cicatrice dans le corps »,

rappelle un médecin expert.

Me Diot, avocat de la partie civile, retient pour sa part, l’essentiel

«  Un viol, ce n’est pas forcément des violences physiques. Il y a la contrainte, la peur. Elle a été paralysée. »

La psychologie de l’accusé

Un constat partagé par l’avocat général, Hughes Weremme, qui estime que «  la victime était incapable de se soustraire à l’emprise de l’accusé ». Il a requis quatorze ans de réclusion criminelle et un suivi socio-judiciaire pendant dix ans.

Mais Me Contant, l’avocat de la défense, relève un point incontestable : «  Loin d’être un saint, un ange, l’accusé n’a pas la psychologie du violeur. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est son casier judiciaire. » Sur 16 mentions, aucune n’est concernée par des faits sexuels.

À l’issue de quatre jours de débats, Thomas Jacquet a été condamné à dix ans de réclusion criminelle pour viol, séquestration, récidive de vol, récidive de conduite sans permis.

Source : L’Union

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