Six-Fours | 4 ans de prison pour avoir drogué filmé et agressé sexuellement sa belle-fille
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 14/06/2022
- 01:09
Comme beaucoup, L. se souviendra toute sa vie du jour de ses vingt ans.
Sauf qu’avant d’aller souffler les bougies sur son gâteau d’anniversaire, la jeune femme s’est rendue au tribunal correctionnel de Toulon assister au procès de son ancien beau-père, son bourreau.
Elle y a vu Geoffroy Jourdan, ancien officier marinier sur le Charles de Gaulle, être condamné à quatre ans d’emprisonnement et, à l’issue, à cinq ans de suivi socio-judiciaire.
Il a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur mineur, atteinte à l’intimité de la vie privée par enregistrement d’images à caractère sexuel, corruption de mineur ou encore administration de substance de nature à altérer le discernement.
Caméras cachées dans la chambre
Les faits, particulièrement sordides, se sont déroulés entre Six-Fours et Carqueiranne entre 2016 et juin 2020. L. vivait alors avec sa mère et le compagnon de celle-ci.
Depuis quelque temps, l’adolescente se sentait “bizarre”.
Il lui arrivait parfois de “faire des malaises” en plein repas, de ne pas se souvenir de soirées entières, de se réveiller le matin sans culotte ! Ou avec la désagréable sensation d’avoir été caressée pendant son sommeil…
À chaque fois que ces événements étranges survenaient, elle avait remarqué que son beau-père était présent à la maison…
Ces vagues soupçons allaient se transformer en certitudes début juin 2020 quand elle découvrait un point rouge clignotant dans un tableau accroché au mur de sa chambre.
Un simple “brouilleur wifi” la rassurait Geoffroy.
Mais quelques jours plus tard, en faisant le ménage, L. faisait malencontreusement tomber son radio-réveil.
Au sol, elle trouvait une carte SD.
En la visionnant, l’effroi, ses ébats avec son petit ami de l’époque, A., avaient été captés.
Prévenu par la mère de L. et alors en mission, Geoffroy expliquait que les caméras avaient été installées pour surveiller L. d’un petit copain violent et d’une éventuelle consommation de stupéfiants…
Faisant sienne ces explications, C. laissait sa fille quitter le domicile familial.
A l’audience, elle declare en pleurant :
“J’ai eu le tort de croire ce monstre au lieu de mon enfant, je le croyais innocent !”
Aveugle à la vérité, elle choisira même de poursuivre une vie commune avec le prévenu après sa première garde à vue, en décembre 2020.
Preuves détruites
Celle-ci faisait suite à la dénonciation des faits par L. à l’assistante sociale de son lycée.
Devant les enquêteurs de la brigade des mineurs, Geoffroy niait en bloc.
Les policiers ne pouvaient lui opposer l’exploitation des cartes SD ou des caméras, détruites par le grand-père maternel de L. “à sa demande”, assure C.
Sa fille lui répond :
“Elle ment, je lui avais juste demandé de ne pas les visionner !”
Malgré tout, des échantillons de cheveux de L. étaient prélevés et le téléphone de Geoffroy Jourdan saisi.
L’exploitation de ce dernier allait s’avérer déterminante.
La présidente Marie-Laure Arnouil s’exclame :
“J’en ai vu des horreurs dans ma carrière, mais là, ça dépasse l’entendement. Les recherches effectuées sur votre téléphone sont éloquentes”
Portant notamment sur la paraphilie (1), elles laissent envisager que le prévenu ait voulu recréer sur sa belle-fille les scènes horribles qu’il regardait sur son portable.
Des somnifères dans le Doliprane
Geoffroy Jourdan concède :
“Je me suis laissé déborder par ce fantasme, il y a eu d’abord du simple espionnage, et puis après…”
Après, comme l’ont prouvé les résultats scientifiques des cheveux de L., le trentenaire n’a pas hésité à droguer l’adolescente comme il l’a avoué lors d’une seconde garde à vue en juin 2021.
Profitant d’une prescription de Zolpidem, un puissant somnifère, il n’hésitait pas à ouvrir des gélules de Doliprane et Dafalgan pour y glisser des granules d’hypnotique. Il affirme :
“Sur le Charles de Gaulle, ma bannette était située sous la piste de décollage et j’avais du mal à dormir”
La jeune femme se remémore :
“Il m’en donnait quand j’avais mal à la tête. Je me souviens aussi qu’il me remplissait lui-même ma bouteille d’eau et que mon petit frère n’avait pas le droit de boire dedans…”
Son avocate Me Élodie Pellequer regrettant que le prévenu ne reconnaisse rien de plus que ce qui figurait au dossier. Elle s’indigne :
“Elle aurait pu mourir d’un surdosage ! Y a-t-il eu viol ? Il n’a pas été poursuivi pour cela faute d’éléments, mais on ne peut que s’en douter…”
“Pulsions scopiques”
Depuis un an, Geoffroy Jourdan est un détenu modèle.
Suivant très régulièrement des soins psychologiques, il a pris conscience de sa perversion et de ses “pulsions scopiques” selon son avocat Me François Toucas précisant que son client irait s’installer dans l’Hérault à l’issue de sa peine.
Il conclut :
“L’expert psychiatre a noté dans son dernier rapport qu’il présente un faible risque de réitération”
L., de son côté, “va” ni bien, ni mal.
En rupture avec sa mère, elle a pu s’appuyer sur la famille de son petit ami de l’époque pour rester à flots.
Depuis, elle a renoué des liens avec son père et vient de passer avec succès le concours d’entrée à l’école de police.
Me Pellequer émue, souffle :
“Je lui souhaite de retrouver confiance envers les autres, de retrouver le sommeil !
Et la paix ! Surtout la paix.”
(1) Les paraphilies sont des fantasmes ou des comportements sexuels fréquents et intenses portant sur des objets inanimés, des enfants ou des adultes non consentants ou bien impliquant la souffrance ou l’humiliation de soi-même ou de son partenaire.
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