Pont-l’Évêque | Un homme condamné à 5 ans de prison ferme pour corruption de mineurs

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Condamné à dix reprises depuis 2002 dont quatre fois pour des faits de nature sexuelle sur des ados
Le tribunal de Lisieux.
Après avoir purgé une peine pour corruption de mineurs, un homme de 59 ans avait interdiction d’entrer en contact avec des enfants. Il a pourtant abordé deux ados à Pont-l’Evêque.

L’affaire a été jugée au tribunal de Lisieux (Calvados).  

Mardi 7 juin 2022, un homme de 59 ans a été condamné à 5 ans de prison ferme par le tribunal de Lisieux, pour avoir posé ces deux questions déplacées à des garçons de 12 et 16 ans :

« Tu as déjà fait l’amour avec ta copine ? Et avec un homme ? »

Son lourd passé judiciaire, notamment en matière d’atteintes sexuelles envers des adolescents, a pesé de tout son poids dans la balance au moment du délibéré.

Le ministère public représenté par Virginie Le Nechet avait demandé 5 ans de prison ferme avec mandat de dépôt.

Elle a souligné :

« À la lecture de votre casier, on constate une aggravation de votre comportement au fil des condamnations. Nous devons mettre un terme à cette escalade »

Le tribunal a donc suivi ses réquisitions.

L’ado a le réflexe de le prendre en photo

Le 7 mai 2022, vers 17h45, deux frères sont en train de pêcher le long de la Calonne, à Pont-l’Evêque, quand un passant les aborde.

Si les premiers échanges tournent autour de la présence ou non de poissons dans la rivière, la conversation va vite déraper, à l’unique initiative de l’adulte.

Gêné, le plus âgé ne répond pas et demande à son petit frère de se tenir à l’écart.

Puis il a le réflexe de prendre l’individu en photo.

Deux jours plus tard, le plus jeune raconte la scène à sa mère, qui décide aussitôt de prévenir les gendarmes.

L’affaire prend une toute autre tournure quand les plaignants découvrent l’identité du suspect, et surtout son parcours judiciaire.

Cet homme a été condamné à dix reprises depuis 2002, dont quatre fois pour des faits de nature sexuelle sur des adolescents.

Il est sorti de prison en février dernier, après avoir purgé une peine pour corruption de mineur, violence sur mineur et recours à la prostitution d’un mineur, prononcée en 2020 par le tribunal d’Evreux (Eure).

« Je n’aurais pas dû leur parler »

Dans le cadre de son suivi socio-judiciaire, le quinquagénaire avait interdiction d’entrer en contact avec des mineurs.

Une mesure qu’il n’a pas respectée.

Ce fut déjà le cas, en 2017, suite à une précédente condamnation.

La présidente Ariane Hemery lui rappelle :

« Pour quelle raison avez-vous abordé ces deux garçons ? Vous saviez que vous n’aviez pas le droit »

Le prévenu qui dément avoir tenu les propos rapportés par les deux enfants, a répondu :

« L’attrait de la pêche. J’adore pêcher, mais je n’aurais pas dû leur parler, c’est une erreur »

« J’ai juste demandé au plus âgé s’il avait une copine, je ne leur ai pas parlé de relation sexuelle, je sortais de prison, je savais ce que je risquais »

L’homme assure qu’il n’a « plus d’attirance » pour les adolescents.

« Les jeunes ne m’intéressent plus, je suis passé à autre chose »

« Un comportement prédateur »

Dans l’enquête de personnalité, les psychiatres avaient souligné « un comportement prédateur » chez le prévenu, quand il avait « des pulsions pédophiles ».

Si les experts avaient relevé « une évolution » positive au fil de son incarcération, ils avaient toutefois précisé que sa potentielle dangerosité restait élevée.

« Je suis capable de changer »

Septième d’une fratrie de quatorze enfants, « dont deux consanguins » indique la présidente, l’homme a été victime d’agression sexuelle durant son enfance.

Maître Mercier, avocate de la défense prend la parole :

« Seul un important travail psychiatrique permettra d’éviter une rechute.

Quand il en a formulé la demande en détention, on lui a répondu qu’il y avait 300 personnes avant lui sur la liste d’attente.

Je n’ai aucun doute sur sa capacité à s’insérer dans la société.

À sa sortie de prison, il a trouvé un travail et un logement.

Mais la justice doit trouver une solution adaptée à sa pathologie »

Le dernier mot est revenu au prévenu :

« Je suis capable de changer, vous ne me verrez plus dans un tribunal »

Les magistrats semblent en douter.

Ils ont assorti la peine de 5 ans de prison ferme, à une interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs.

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