Salviac | Jugé pour agression sexuelle, le doute profite toujours à l’accusé au détriment des victimes

Jugé pour agression sexuelle, dix ans après

Hier, un dénommé C. comparaissait devant le tribunal correctionnel de Cahors pour agressions sexuelles sur deux fillettes de 9 ans.

Des faits qui remontent à la période 2007-2009. C’est un homme calme et silencieux qui s’est présenté hier à la barre du tribunal correctionnel de Cahors.

Des faits d’agressions sexuelles sur deux mineures de 9 ans lui sont pourtant reprochés.

Originaire du Honduras en Amérique latine, C. est arrivé en France en 2005, après avoir rencontré une Française venue en mission humanitaire dans son pays.

Douze ans de présence sur le territoire, et pourtant le prévenu avait sollicité hier les services d’une interprète.

Sa compréhension du français reviendra d’ailleurs plusieurs fois sur la table.

Les infractions qui lui sont imputées datent de 2007 pour la plus ancienne, l’autre de 2009.

À l’époque, C. est marié à son épouse originaire du Lot — ils divorceront en 2015 — et travaille dans les vignes dans la vallée du Lot.

D’après lui, il s’est très bien intégré dans sa belle-famille.

En janvier 2012, une première plainte est déposée contre C. pour agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans.

La présumée victime est une fille, âgée de 9 ans au moment des faits dénoncés — qui dateraient de 2009 — et dont la mère est une amie de l’épouse du ressortissant hondurien.

Lors d’une journée à Salviac chez les grands-parents de la fillette, C. aurait tenté à trois reprises d’agresser sexuellement la petite fille, dans la salle de bains et dans la cave de l’habitation.

Après enquête de gendarmerie, la plainte sera classée sans suite. Le dossier est aujourd’hui rouvert.

Car en décembre 2015, une deuxième plainte est déposée pour des faits de même nature remontant à décembre 2007 à Cahors.

La victime présumée est la cousine de l’épouse de C.

« Je ne me serais pas marié si une telle chose s’était passée» a déclaré le prévenu.”

La petite fille en parlera à ses parents rapidement, mais ne sera pas entendue.

Nous sommes à ce moment précis en pleine affaire d’Outreau, et les télévisions parlent en boucle d’abus sexuels sur mineurs.

«Je suis innocent»

Ce contexte particulier sera avancé par l’avocat du prévenu, Me Faugères, pour mettre en doute la véracité des accusations pesant sur son client.

« On ne peut pas considérer que ce que dit un enfant est la vérité absolue. Sans parler de mensonges, est-ce que l’enfant ne se raconte pas sa propre histoire ?» a questionné l’avocat.

Huit ans après les faits présumés, celle qui n’était qu’une fillette de 9 ans est devenue adolescente, et s’est confiée à l’infirmière scolaire de son établissement.

La Présidente précise que «ses crises d’angoisse répétées l’ont décidé à se confier»,

tel que ladite victime l’avait consignée dans sa déposition.

Un troisième soupçon d’agression sexuelle vient s’ajouter à l’actif de C., et c’est même le premier à avoir été révélé par sa victime, une enfant de 6 ans.

Fin 2009, cette dernière mime à son père les gestes déplacés de C. dont elle aurait fait l’objet.

Celui-ci est alors reparti au Honduras à ce moment-là.

La famille choisira de ne pas le poursuivre.

Le prévenu C. a toujours nié les faits et a réitéré hier à la barre du tribunal : «Je suis innocent».

Le ministère public a requis 6 mois de prison avec sursis, ainsi qu’un suivi socio-judiciaire et une injonction de soins.

Le jugement a été mis en délibéré le 22 juin.

«Ce type de dossier nécessite de la prudence»

La vice-procureure Agnès Jorda a appelé à «la grande prudence dans ce type de dossier».

«Trois jeunes filles révèlent des faits de même nature, précis, constants et distants dans le temps.

Il y a un faisceau d’éléments concordants.

Ce sont des gestes furtifs, mais C. ne donne pas d’explications crédibles.

Il ne laisse que des interrogations» a-t-elle avancé.

L’avocate des familles Me Kokolewsky a souligné le fait que «ces jeunes filles ne se connaissent pas ».

C’est plus que troublant qu’elles disent les mêmes choses.

Cela met en lumière une stratégie, un protocole qui consiste à attendre d’être seul avec les victimes» a-t-elle plaidé.

En face, Me Faugères n’a pas manqué de discréditer le rapport d’expertise psychiatrique effectué sur C., et a conclu :

«Le doute doit profiter à l’accusé. S’il profite aux accusateurs, alors nous devons changer de métier».

 Mathieu Fontaine

Source : La Dépêche

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