Papeete | Pour calmer ses pulsions, il lui fallait caresser des corps

Luciano P. , 51 ans, chef électronicien dans une grande entreprise de la place et ancien moniteur à l’école du dimanche, comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Papeete pour agression sexuelle et agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans.

Pour sa défense, le prévenu a assuré ne plus avoir de pulsions depuis qu’il a mis sa vie entre les mains du Seigneur. (© Vaiana Hargous)

Du côté des victimes, trois personnes citées et toutes absentes hier : Marie*, Hortense* et Monique*. Trois histoires mises au jour après que Luciano eut été condamné pour des faits identiques en 2015. Et pendant près d’une heure, chacun des trois cas aura été décortiqué, à commencer par celui de Marie.

Lors de son audition chez les gendarmes, celle-ci expliquera que, dans la nuit du 1er janvier 2004, alors qu’elle dormait, elle sentit quelqu’un la toucher. En ouvrant les yeux, elle ne put que constater, impuissante, que Luciano lui touchait la poitrine et le sexe.

Pour lui faire retirer sa main, elle se tourne de côté, et le bonhomme en profite alors pour lui caresser les fesses. Il lui embrasse les seins à plusieurs reprises puis lui touche à nouveau les fesses et le sexe avec davantage d’insistance, jusqu’à lui attraper le sexe à pleine main.

“Il a ensuite demandé si j’avais mes règles, et il m’a demandé d’écarter les jambes pour voir mon sexe, avait-elle raconté aux gendarmes. J’ai refusé et j’ai commencé à pleurer en silence. Il a arrêté quand j’ai pleuré plus fort.” Marie avait 12 ans à l’époque.

“Je regrette ce qui s’est passé. Ce que j’ai fait n’est pas joli”, a déclaré à la barre le quinquagénaire, avant de donner sa version des faits. “J’ai juste caressé et embrassé ses titi, mais par-dessus ses vêtements. Je n’ai pas eu de contact direct avec son sexe puisqu’elle portait un short.”

Concernant Hortense, il y aurait eu deux épisodes du même type. La première fois, elle avait 11 ans, et c’était la même nuit que Marie. “J’ai senti des caresses sur mon sexe par-dessus ma culotte, avait-elle déclaré aux gendarmes. Je n’ai pas vu le visage de l’homme, j’ai entendu sa voix, c’était celle de Luciano.” Elle pense que c’est peut-être un cauchemar, donc, elle passe outre. La deuxième fois, c’est en juillet 2011, Hortense a alors 17 ans. Elle dormait à côté de la chambre de Luciano quand elle a l’impression de revivre le même cauchemar qu’en 2004.

“J’étais allongée sur le dos et Luciano s’est allongé à côté de moi, il a mis sa main dans mon short, mais pas dans ma culotte. Je sentis ses doigts sur mon sexe. Ses attouchements insistants et ses paroles m’ont réveillée. J’avais un sentiment de peur. Il répétait ‘Mmmh, la poupoune d’Hortense… ’”

“Ce n’est pas vrai, je n’ai rien à voir dans cette affaire, c’est pour ça que j’ai fait appel à un avocat”,s’est défendu Luciano.

Vient enfin le cas de Monique, dont le premier attouchement remonterait à la première édition de la Hawaiki Nui, en 1992. Elle avait 22 ans et se rappelait que Luciano aimait frotter son sexe sur son dos et la caresser. Des agissements qui auraient duré des années avant de passer au niveau supérieur. “Luciano venait dans ma chambre, se déshabillait et me pénétrait, avait-elle confié aux gendarmes. Je me débattais mais il était grand. Je ne voulais pas faire l’amour avec lui, c’est un viol.”

Luciano aurait également menacé Monique de la tabasser si elle parlait. Monique a expliqué aux gendarmes avoir “gardé le silence pendant longtemps, parce que j’avais pitié de ma sœur et des enfants”. Mais hier, rebondissement. Dans un courrier daté du 21 février, Monique indique au tribunal ne jamais avoir porté plainte, qu’elle ne comprend pas pourquoi elle est citée et qu’elle ne se présentera pas…

Mais avec ces histoires et sa précédente condamnation, se dresse tout de même un profil. Au cours des débats, le procureur de la République a donc voulu savoir pourquoi Luciano n’a pas cherché à avoir une maîtresse de son âge plutôt que de s’en prendre à de jeunes filles. “J’avais des pulsions et j’avais besoin de caresser des corps pour les assouvir”, a expliqué le prévenu.

“Ça aurait été plus simple pour lui de se masturber, ça lui aurait sûrement évité d’être là”, a commenté le procureur, avant de requérir 5 ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, interdiction d’exercer une activité avec mineur, réparer le préjudice des victimes, avoir un suivi socio-judiciaire pendant 10 ans avec obligation de soin et inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles.

Pour sa défense, Luciano a assuré qu’il n’avait plus de pulsions depuis qu’il a mis sa vie entre les mains du Seigneur.

Dans sa délibération, si le tribunal correctionnel a constaté la prescription dans le cas de Monique et a choisi la relaxe en ce qui concerne Hortense, il a reconnu Luciano coupable d’agression sexuelle à l’encontre de Marie, et l’a condamné à 3 ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve, interdiction d’exercer une activité avec mineur, obligation de soin et inscription au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles. Concernant les intérêts civils, le tribunal l’a condamné à payer à Marie 500 000 F au titre du préjudice moral et 80 000 F de frais irrépétibles.

(*) prénom d’emprunt

Source: La Dépêche de Tahiti

Source(s):