Saint-Nazaire | Le professeur de musique condamné pour agressions sexuelles reste libre

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Pédocriminel En liberté

“Heureusement qu’une m’a dénoncé, sinon je pense que les faits auraient pu être plus graves !”
Le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) a condamné un professeur de musique à 36 mois de prison dont 28 avec sursis probatoire pour des attouchements sur quatre jeunes élèves à Pornichet en 2014, 2015 et 2016. Le mandat de dépôt requis n’a pas été retenu.

Elles sont quatre, nées en 2001, 2002 et 2004.

Elles sont sur le banc des victimes, un mouchoir à la main.

« Gage » avec une baguette de xylophone

Derrière les victimes, quatre avocates du barreau nazairien : Maîtres Gruber, Amisse-Gauthier, Florance et Bayeux.

Toutes ont plaidé dans le même sens, décrivant notamment « une solitude morbide ».

L’une a fait des recherches sur « le langage corporel » et les répercussions des gestes d’agression sexuelle sur des fillettes alors qu’âgées d’une dizaine d’années, elles sont en pleine découverte des changements de leur corps.

À l’audience, elle insiste :

« Les conséquences peuvent être catastrophiques. Le même événement traumatisant peut avoir des répercussions différentes. »

À la barre, le professeur de musique, aujourd’hui âgé de 66 ans, reconnaît tout.

S’il a utilisé une baguette de xylophone avec une boule au bout, c’est par « approche pédagogique ».

Rien de tel qu’un gage quand on a fait une erreur…

En quoi consiste ce gage ? À promener cette baguette sur le dos de la fautive.

Un comportement « hallucinant »

Sauf que du dos, le professeur passe à la poitrine, à l’entrejambe, au sexe, fait des massages dans le cou, sur les épaules et pour l’une d’entre elles, abandonne la baguette au profit de ses mains.

Agissements qui permettraient aussi « d’améliorer la concentration ».

La présidente cadre le prévenu :

« Comment voulez-vous que des fillettes de 10-11 ans, dont les parents paient des cours de musique, vous répondent de façon rationnelle. Comment voulez-vous qu’elles en parlent à leurs parents ? «

Le prévenu consent que son comportement était « décalé », ce qui fait réagir la présidente :

« Décalé, non hallucinant »

Le sexagénaire admet qu’il a réalisé que ce qui était devenu « un besoin » pour lui, pouvait être mal perçu par les élèves puisque deux d’entre elles ont démissionné.

Il reconnaît « un plaisir émotionnel », confessant :

« Heureusement qu’une m’a dénoncé, sinon je pense que les faits auraient pu être plus graves ! »

Il estime qu’il lui a fallu des années de suivi psychologique pour comprendre son attitude.

Les victimes s’essuient les yeux, toutes expriment les répercussions de cette relation toxique :

« Je ne voulais plus voir mon grand-père »

« Je ne suis pas à l’aise avec les hommes »

« La moindre contrariété m’empêche de manger »

« Je suis anorexique, j’ai voulu me suicider »

« J’ai perdu confiance en moi »…

« Des gestes anciens »

Le procureur Lefur appuie sur l’attirance du prévenu pour le monde de l’enfance qui l’émerveille :

« On pourrait craindre qu’il ne dérive vers la pédophilie »

Il fait de lourdes réquisitions (trois ans de prison avec mandat de dépôt), qui effraient Me Julie Conta :

« Mon client a toujours agi sur les vêtements. Ce sont des gestes anciens qui n’ont pas été suivis de récidive »

Mentionnant que son casier judiciaire est vierge, elle demande que la peine infligée ait un véritable sens.

Il est condamné à 36 mois de prison dont 28 avec sursis probatoire.

Outre la peine de prison, le sexagénaire a plusieurs obligations dont celle d’indemniser les victimes.

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