Saint-Gaudens | Un récidiviste de 62 ans prend 3 ans avec sursis

C’est un dossier particulièrement délicat qui était évoqué à la dernière audience correctionnelle. Qualifié de «corruption de mineur de moins de 15 ans», il interroge sur la réalité de mesures à prendre face à un type de comportement certes répréhensible mais surtout pathologique.

Le prévenu, un Commingeois de 62 ans s’avance à la barre du tribunal.

Il aurait pu être placé en détention provisoire mais c’est en prévenu libre qu’il comparait.

Avec cinq condamnations à son actif, dont trois pour agressions sexuelles sur mineurs en 1999 et en 2008, et harcèlement pour obtenir une faveur sexuelle en 2005, au-delà de peines de prison, celui-ci a fait l’objet d’un suivi sociojudiciaire de 10 ans avec obligations de soins, qui prend fin en 2018.

Ces mesures ont été respectées par le condamné.

Après avoir purgé ses peines, il y a deux ans, il est hébergé par un homme veuf en recherche de compagnie qui ignore son passé déviant.

Le 14 mai dernier, cet heureux grand-père reçoit à son domicile sa fille son compagnon et leurs deux enfants, un garçon âgé de 8 ans et sa sœur âgée de 6 ans.

Alors que l’ambiance est festive, le prévenu qui a consommé de l’alcool, «après une longue période d’abstinence» précise-t-il à la barre, se rend à la salle de bains.

Un condamné récidiviste

La porte est ouverte.

Il invite les deux enfants qu’il connaît à le rejoindre en toute confiance.

Et là, il retombe dans ses travers.

Il baisse son pantalon.

Son caleçon en bas des jambes, il sort son sexe, l’enduit de gel lubrifiant de couleur blanche et commence à se masturber.

Il invite la petite fille à venir le caresser.

«Si tu veux tu peux le toucher»

Les enfants, bien conscients de ce qui se passe, ne donnent pas suite et quittent la pièce.

Le soir alors que la mère donne le bain à sa fille, elle l’interroge sur ce qu’elle faisait à la salle de bains.

L’enfant raconte, comme elle et son frère en retraceront les faits en détail aux enquêteurs, l’obscénité de la scène qu’ils ont subis.

Une plainte est déposée.

Dans un premier temps, le prévenu questionné nie les faits, précisant qu’il urinait, puis finit par les reconnaître.

La précision du témoignage des enfants qui décrivent les faits ne laisse aucun doute sur l’exhibition, l’acte de masturbation et la volonté de contrainte.

L’analyse des experts psychiatriques révèle un individu souffrant de déviance pédophile, qui a suivi une psychothérapie et des soins adaptés, mais susceptibles de récidive.

À la barre la mère des enfants précise que ces derniers ne semblent pas perturbés.

Dix ans de suivi judiciaire

Dans l’éventualité de troubles psychologiques qui pourraient apparaître, ses droits sont réservés.

La procureur requiert une peine de 6 mois de prison, un suivi sociojudiciaire et l’interdiction d’entrer en contact de mineurs.

Maître Raynaud, conseil du prévenu plaide pour un suivi sociojudiciaire avec une injonction de soins.

«La prison n’est pas la solution» conclut-elle.

Après délibération, le tribunal condamne le prévenu à 10 ans de suivi sociojudiciaire, assorti d’obligations de soins et l’interdiction d’approcher des mineurs.

En cas de non-respect, le prévenu encourt une peine de 3 ans de prison.

Les droits de la partie civile seront évoqués au cours d’une audience le 5 décembre prochain.

Yves Louis

Source : La Dépêche

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