Rouen | Une peine moins lourde en appel pour Jean-Marie Boudin, multi-récidiviste condamné à 25 ans de prison, dont 16 ans en peine de sûreté

Hier, Jean-Marie Boudin a été condamné à 25 ans de prison par la cour d’assises d’appel à Évreux, contre la réclusion criminelle à perpétuité en première instance. Ce septuagénaire est coupable de viols et d’agressions sexuelles.

Jean-Marie Boudin, lors de son premier procès à Rouen, en 2013

Après plus de huit heures de délibération, vendredi, la cour d’assises d’appel à Évreux a condamné Jean-Marie Boudin à 25 ans de prison, dont les deux tiers en peine de sûreté.

Soit une peine moins lourde que celle prononcée en première instance par la cour d’assises de Seine-Maritime, en novembre 2013.

Et il est relaxé pour l’un des viols sur une question de procédure.

Aujourd’hui âgé de 71 ans, l’homme était poursuivi de nombreux chefs d’accusation, dans le cadre d’un procès qui a commencé le 11 décembre dernier : huit récidives de viol dont une sur personne vulnérable et une autre sur mineur de 15 ans ; sept agressions sexuelles, dont deux sur mineur de 15 ans ; deux faits de violences dont un avec arme, deux provocations de mineur à l’usage illicite de stupéfiants.

Pour des faits commis à Rouen, dans les années 2000.

Pour Me François Jégu, l’un des avocats des parties civiles :

« C’est une décision importante qui va dans le sens de ce que les victimes ont porté pendant deux semaines.

Elle consacre la responsabilité de l’accusé et leur statut de victime.

Même si la peine de sûreté est passée de 22 à 16 ans, c’est une décision positive et juste. »

Malgré cette condamnation moins sévère, l’avocat de la défense, Me Mohamed Djema, n’est pas satisfait de ce verdict.

« Je respecte la décision, mais je ne peux pas m’en satisfaire puisque j’ai plaidé l’acquittement sur l’ensemble des faits », indique-t-il.

Le feuilleton judiciaire n’est pas terminé.

« Mon client ne veut pas en rester là malgré la peine de 25 ans prononcée », poursuit le conseil.

Jean-Marie Boudin va former un pourvoi en cassation.

« Si le pourvoi est accepté par la Cour de cassation, cette dernière jugera la régularité de la procédure et non les faits, précise la défense.

Il y a donc l’éventualité d’un troisième procès devant une cour d’assises d’appel. »

Un second procès en appel, c’est bien la hantise des parties civiles.

« C’est une crainte absolue pour mes clients.

Cela se ferait alors dans des conditions plus lointaines et engendrerait une situation extrêmement stressante, assure Me Jégu qui n’est pas étonné que l’accusé se pourvoie en cassation.

Il a toujours utilisé toutes les voies de recours offertes.

Il n’y a donc pas de surprise. »

La défense s’attendait à un autre procès qui s’est déroulé à huis clos.

« L’avocat général a requis trente minutes à l’issue desquelles il a demandé la réclusion criminelle à perpétuité.

Il a évoqué le passé carcéral de mon client (NDLR, la réclusion criminelle à perpétuité en 1973 pour avoir tué un policier à Évreux et une condamnation pour agressions sexuelles et viols dans les années 90) et a fait une litanie de ce qu’avait plaidé la partie civile », se désole Me Djema qui regrette un manque d’objectivité au cours de l’audience.

Au contraire, Me Jégu a salué « la très très bonne tenue du procès ».

Quoi qu’il en soit, la course judiciaire est loin d’être terminée.

Suzelle GAUBE

Source : Paris-Normandie

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