Réunion | Vaste coup de filet sur un réseau d’échange d’images pédopornographiques

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Certains présenteraient “une dangerosité certaine” avec un risque de “passage à l’acte possible”
Une dizaine d’individus soupçonnés de détention et transmission d’images à caractère pédopornographique ont été appréhendés aux quatre coins de l’île ce lundi 8 novembre, au terme d’une enquête de plusieurs mois. Certains pourraient être jugés dès ce mercredi en comparution immédiate.

Actualisation du 12 Novembre 2021 :

Suite à un vaste coup de filet opéré par les parquets de Saint-Denis et Saint-Pierre, la gendarmerie et la police, 10 hommes ont été jugés en comparution immédiate ce mercredi 10 novembre 2021. Six autres le seront prochainement.

Les enquêteurs ont retrouvé photos et vidéos pédopornographiques sur les ordinateurs des mis en cause. Des images “insoutenables” a insisté la procureure de Saint-Denis. Des peines de 12 à 30 mois de prison avec sursis ont été prononcées à leur encontre, avec injonctions de soins et inscription au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles.

Les enquêteurs ne cachent pas la dureté de leur travail lorsqu’ils ont dû examiner les images pédopornographiques détenues et téléchargées par les prévenus.

L’un d’eux confie :

“Il ne faut pas réfléchir, garder la tête froide, rester objectif. Après oui on prend un temps pour soi après avoir vu ça, avant de rentrer à la maison” .

Et pour cause, les milliers de photos et vidéos saisies sur les ordinateurs des prévenus sont “insoutenables” a déclaré Véronique Denizot, procureure de Saint-Denis.

“Des images qui nous heurtent, qui heurtent nos enquêteurs.”

Les victimes qui y apparaissent sont parfois extrêmement jeunes, “des mineurs de 2 à 16 ans”. “Parfois des bébés” souffle Thierry Le Foch, chef de la sûreté départementale. Des images au-delà de l’horreur. L’un des mis en cause en détenait plus de 5.000, stockées sur son ordinateur.

C’est dans une volonté “d’action offensive” et après six mois d’enquête que les forces de l’ordre sont allées interpeller 17 personnes de façon simultanée, “une opération exceptionnelle” rappelle le général Pierre Poty, à la tête de la gendarmerie de La Réunion. L’une de ces personnes n’a finalement pas pu être incriminée. Ce sont donc 16 personnes, 16 hommes, au total qui ont été ou seront présentées devant la justice.

Trois mis en cause ont été jugés en comparution immédiate à Saint-Denis ce mercredi, et huit à Saint-Pierre.

Sur ces 11 prévenus, 10 ont pu faire le déplacement, le dernier ayant vu son procès différé pour expertise psychiatrique. Les cinq autres hommes interpellés sont placés sous contrôle judiciaire, ils seront jugés en mars 2022.

Alors que la détention et la diffusion d’images pédo-pornographiques peut être passible de cinq ans d’emprisonnement, les deux procureures justifient le sursis par un nécessaire départ en soins pour ces prévenus.

Il est impossible d’établir un profil type tant les hommes jugés ce mercredi sont différents. Âgés entre 21 et 53 ans, ils sont solitaires ou pères de famille.

Caroline Calbo, procureure de Saint-Pierre, a précisé :

“Il est important de préciser que nous n’avons pas mis en évidence un réseau de partage ou de lien entre ces personnes”.

Il semble par ailleurs qu’aucune de ces images, téléchargées sur le “deep web”, n’ait été tournée localement.

Aucun d’eux n’est passé à l’acte, et aucune infraction sur les enfants de l’entourage des prévenus n’a été relevée. Mais “la possession de ce genre de contenu est généralement le prélude d’un passage à l’acte” note cependant la procureure de Saint-Pierre.

Le profil de l’un des mis en cause interpelle notamment.

Jugé à Saint-Denis, celui-ci avait demandé à une femme avec qui il entretenait “des relations tarifées” de lui “trouver une fille de 8 ou 9 ans pour une fellation” expliquait alors la présidente Fabienne Moulinier ce mercredi. Une volonté de passer à l’acte qui bien que non concrétisée, est “un point de bascule” dangereux a démontré le procureur. Educateur dans un foyer, le prévenu avait également créé de faux profils d’un garçon de 16-17 ans afin d’échanger avec des jeunes filles.

Le général Pierre Poty, qui assure que d’autres opérations d’envergure du même type seront reproduites dans le futur, rappelle justement :

“Ceux qui téléchargent des contenus pédopornographiques sont dans un début de parcours criminel qui peut devenir bien plus grave, c’est déjà arrivé. Il ne faut pas le banaliser”

Ce coup de filet est “une victoire”, salue Thierry Le Foch, “mais la guerre n’est pas terminée”.

 

Article du 11 Novembre 2021 :

C’est un vaste coup de filet qui a été réalisé ce lundi 8 novembre aux aurores dans plusieurs communes de l’île, notamment dans l’Est et le Sud.

Agissant dans le cadre d’une enquête préliminaire diligentée par les parquets de Saint-Denis et de Saint-Pierre, les gendarmes de la section de recherches de Saint-Denis ont procédé à l’interpellation d’une bonne dizaine d’individus âgés entre 30 et 50 ans.

Tous sont soupçonnés de détention, usage et diffusion d’images à caractère pédopornographique par un moyen de communication électronique, faits passibles de sept ans de prison et 100 000 euros d’amende.

Les mis en cause ont été ciblés au terme d’une enquête de plusieurs mois portant sur des partages de nombreux fichiers informatiques suspects, au moyen notamment de téléchargements en peer-to-peer.

 

Risques de passage à l’acte

L’intervention, qui a nécessité d’importants renforts en personnels, y compris de la police nationale, s’est suivie du placement en garde à vue des suspects pour une durée de 48 heures dans divers locaux de gendarmerie et de police du département.

Il s’agissait pour les enquêteurs de déterminer les différents degrés de responsabilité des auteurs présumés ainsi que leurs profils psychologiques.

Une partie d’entre eux pourraient être jugés dès ce mercredi selon la procédure de comparution immédiate.

Selon nos informations, certains présenteraient “une dangerosité certaine” avec un risque de “passage à l’acte possible” en lien avec ces fantasmes sur de jeunes voire très jeunes enfants.

Les autres devraient être déférés et placés sous contrôle judiciaire en vue d’une comparution à délai rapproché.

 

Un précédent en mars

En mars dernier, c’est une autre retentissante affaire de pédopornographie qui avait été mise au jour dans l’île.

Des policiers de l’office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) avaient spécialement fait le déplacement depuis la métropole pour des faits similaires.

Deux hommes de 24 ans avaient été interpellés à Saint-Denis et placés en garde à vue pour captation, détention, diffusion et échange d’images à caractère pédopornographique.

Les deux suspects fréquentaient les mêmes forums sur lesquels ils consultaient et diffusaient leurs propres contenus pédopornographiques “à un grand volume” sur des sites spécialisés.

Malgré l’utilisation de relais VPN (réseau privé virtuel) qui leur avait permis de situer leurs connexions en Australie, les deux hommes avaient fait l’objet d’un signalement des enquêteurs en avril 2020 à la suite d’activités suspectes.

Le Child Protection System, un logiciel développé par une association américaine notamment utilisé par le FBI, avait ainsi repéré des connexions et des téléchargements sur des sites liés à la pédopornographie.

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