Royaume-Uni | L’insoutenable indifférence du chanteur pédophile

35 ANS DE PRISON POUR IAN WATKINS

Une photo de Ian Watkins diffusée par la police.
South Wales Police / Handout / MaxPPP

Le chanteur du groupe de rock Lostprophets a été condamné à 35 ans de prison pour agression sexuelle et possession de clichés pédopornographiques. Deux complices ont été également condamnées pour avoir «offert» leurs enfants au pédophile.

Ian Watkins est resté de marbre. Pas de remord, pas d’excuse, pas la moindre empathie pour ses victimes. Durant son procès, le chanteur du groupe Lostprophets, auteur de quelques tubes rock qui lui ont valu la notoriété, n’a jamais montré qu’il réalisait la gravité des actes qui lui étaient reprochés. «C’est comme s’il s’en fichait. Il n’a jamais fait preuve du moindre remord. A mon avis, ça en fait le pire prédateur sexuel que j’ai jamais vu», a expliqué selon le «Daily Mail» Peter Doyle, chargé de l’enquête sur cette affaire qui secoue le Royaume-Uni. Pour ses crimes, il a été condamné à 35 ans de prison.

 Filmé alors qu’il tentait de violer un bébé, possédant des milliers de fichiers à caractère pédopornographiques, Ian Watkins se permettait pourtant des plaisanteries glaçantes, quelques jours à peine après avoir avoué la plupart de ses crimes, en novembre dernier. A une amie, il a expliqué depuis sa prison son choix de faire des aveux tardifs: «Soit j’allais là bas en disant: “Oh allez, c’était pas si horrible” et j’essayais de les séduire avec mon charme. Soit je ne faisais qu’aggraver mon cas en disant que je n’étais pas moi-même, que je ne me rappelle pas». Quant à ses crimes commis sur des enfants, «c’était “mega lolz” (à peu près “trop marrant” en français, ndr), je comprends pas pourquoi tout le monde pète un plomb», assurait-il à la même amie. «C’est vraiment dur, se plaignait-il encore. Il y a beaucoup de putain de conneries que j’ai écrites en chattant pour choquer quand j’étais défoncé. Il n’y a pas de preuve médicale. Je ne suis pas un pédophile, non. Tu sais, j’ai plaidé coupable juste pour éviter un procès. Je ne ferais jamais de mal à personne».

Ian Watkins avait dit à l’une des mères condamnées: “Toi et ta fille, vous m’appartenez désormais”

L’affaire jugée par la cour royale de Cardiff, au Pays de Galles, n’a pourtant rien d’amusant. L’enquête comme le procès ont dévoilé que la rockstar a usé de sa notoriété non seulement pour attirer dans son lit des jeunes filles mineures, mais également pour abuser d’enfants. Les investigations sont toujours en cours en Allemagne et aux Etats-Unis, notamment, pour retrouver d’autres victimes potentielles de Ian Watkins. Les faits jugés mercredi sont pourtant déjà terrifiant. Watkins, 36 ans, est parvenue à convaincre une jeune fille de 21 ans de le laisser abuser sexuellement de son petit garçon. Il avait rencontré la jeune femme alors qu’elle n’avait que 16 ans. La mère elle-même a abusé de son fils et envoyé des clichés des agressions au chanteur. Le couple infernal a échangé des SMS se promettant un été de «pornographie pédophile dégoûtante».  Cette jeune femme a été condamnée à 14 ans de prison.

Une autre femme, âgée de 25 ans, comparaissait pour avoir s’être filmée en train d’abuser sexuellement de sa fille pour Ian Watkins. Ils envisageaient de prostituer le bébé et de le torturer, à en croire leurs échanges. Dans un message à cette fan, le chanteur avertissait: «Toi et ta fille, vous m’appartenez désormais». La mère de la petite fille a écopé de 17 ans de prison. Le juge Royce a résumé l’effrayante relation entre la star et la groupie: «Tous les deux, vous avez que la petite fille devait être violée par Watkins et vous aviez l’intention que cela se produise».

Une ancienne petite amie: “Il voulait que je tombe enceinte pour pouvoir violer ma fille”

Cette vertigineuse affaire Watkins pourrait n’en être qu’à ses débuts. Le procès a démontré que les autorités ont été averties à plusieurs reprises des comportements dangereux du chanteur de Lostprophets. Une ancienne petite amie, Joanne Mjadzelics, a raconté comment Watkins s’est petit-à-petit cru à l’abri de toute poursuite, alors même que de plus en plus de fans étaient alertés sur ses penchants pédophiles. La jeune femme de 38 ans, qui a entretenu une relation avec Watkins en 2006, a souligné qu’il s’était d’abord montré «adorable, gentil et très attentionné». Deux ans après, Ian Watkins a commencé à dévoiler son vrai visage. «Il a commencé à me parler des filles de 14 ans qu’il adorait dépuceler. Et c’est allé de pire en pire. Il voulait que je tombe enceinte pour pouvoir violer ma fille. Il voulait que je l’aide à enlever des enfants», a confié Joanne Mjadzelics. Elle jure s’être adressée à la police, qui aurait abandonné l’enquête et l’aurait avertie des risques de poursuites… à son encontre.

Le témoignage de cette ancienne groupie que personne n’a écouté avant ces derniers mois fait écho à d’autres preuves dévoilées au cours du procès. Un extrait de conversation en ligne montre par exemple que le chanteur a répondu à une fan qui lui demandait d’animer une soirée pour sa fille: «Seulement si je peux la baiser ;-)».

Face à cette avalanche de preuves accablantes, la défense du pédophile a eu bien du mal à remplir son rôle. Son avocate Sally O’Neil a étrangement souligné que «24 heures sur 24, 7 jours sur 7, Ian Watkins était bombardé de messages de fans qui voulaient le draguer». «Watkins a expliqué qu’il ne faisait rien à moitié et que sa consommation de drogue a rapidement augmenté», a-t-elle ajouté. La défense a laissé entendre que Ian Watkins n’était pas entièrement conscient de ses actes lorsqu’il a commis les crimes pour lesquels il est désormais condamné. Il n’aurait compris qu’une fois confronté aux preuves amassées par les enquêteurs. «Il a réalisé que c’était lui dans les vidéos et cela le rend malade», a-t-elle assuré.

La famille de Ian Watkins est sous le choc, si bien que son beau-père a déclaré à la presse qu’il lui «taperait bien dessus pendant une heure dans sa cellule». «Il a des choses que je pourrais bien lui dire. Ces crimes sont si horribles, ce sont les pires. Nous sommes tous totalement effondrés», a expliqué John Davies, beau-père du chanteur. Il a néanmoins confié qu’il espérait que Ian Watkins pourrait un jour retrouver une vie normale. «Nous n’avions jamais envisagé son succès», a raconté John Davies. «A leurs débuts, ils mettaient l’accent sur le fait qu’ils étaient “straight edge” (une ligne de conduite adoptée par de nombreux musiciens de la mouvance hardcore et qui prône le refus de la drogue, de l’alcool et du sexe sans sentiments, ndr)», rappelle le beau-père. Quelque chose s’est produit». Les autres victimes potentielles de la rockstar sont invitées à témoigner par les enquêteurs, qui se disent persuadés que l’affaire n’est pas terminée.

Source : Paris Match

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