La Réunion | “À sa sortie de prison, on savait qu’il allait récidiver. Mais on ne savait pas quand” Christophe Gourlaouen, substitut du procureur

photo L.L-Y

Ni les années passées en prison, ni le suivi sociojudiciaire, pas plus que les injections destinées à contrôler ses hormones n’ont permis à Roberto Fontaine de refouler la pulsion.

Saint-Denis. Le 11 août 2016, la police interpelle en flagrant délit un homme de 57 ans qui impose des relations sexuelles à un mineur de 10 ans.

Suivi judiciairement, l’homme sortait tout juste de prison pour les mêmes faits. Il y retourne pour dix ans.

“À sa sortie de prison, on savait qu’il allait récidiver. Mais on ne savait pas quand”,

indique Christophe Gourlaouen, substitut du procureur.

Pour le ministère public, il apparaît évident que Roberto Fontaine, déjà condamné à sept reprises pour des faits similaires, est

“extrêmement dangereux”.

En récidive légale, l’homme est passible de 20 ans de prison.

Les réquisitions se porteront à dix ans d’emprisonnement.

“Une peine particulièrement lourde, que j’ai rarement prononcée. Mais on a tout essayé”,

souligne le magistrat.

“La prison reste la seule solution, car Roberto Fontaine sera certainement dangereux jusqu’à son dernier souffle”.

Déjà condamné une demi-douzaine de fois pour des agressions sexuelles sur mineur, Roberto Fontaine sort tout juste de prison en mars 2016.

Des soupçons de récidive pèsent pourtant sur lui très rapidement, et entraînent son déménagement.

La police le place sous surveillance suite à des signalements dans le cadre de son suivi sociojudiciaire.

À raison, puisque les officiers entrent en action rapidement, et surprennent l’homme en flagrant délit.

En planque dans l’appartement situé juste en face de celui du prédateur sexuel, les forces de l’ordre interceptent le quinquagénaire qui impose des actes sexuels à un enfant de 10 ans.

Entendu à l’époque, le garçon explique que l’homme lui a promis une petite monnaie en échange d’une masturbation. L’enquête révélera que ce prédateur sexuel offre fréquemment des glaces aux enfants du quartier, alors même qu’il lui est interdit d’approcher des mineurs.

“Pédophile”. Le mot est lâché par Estelle Chassard, avocate des parties civiles.

“Les expertises parlent déjà du risque de récidive en 2010, alors qu’il vient d’être condamné à sept ans de prison. C’est un véritable prédateur sexuel”.

Les faits parlent d’eux-mêmes. Julien Barraco, conseil du prévenu, ne se fait aucune illusion.

“C’est rare de se retrouver devant une personnalité de ce type. On ne sait pas trop quoi faire”,

confie l’avocat. La prison, encore et toujours, est-elle pour autant une solution adéquate ‘

“c‡a revient presque à dire qu’on charge les fusils, et qu’on remet les pelotons d’exécution en place”.

L’image est forte, mais a le mérite de résumer l’impuissance de la justice face au cas qui lui était présenté hier.

“On parle ici d’une maladie. Et face à la pédophilie, l’Allemagne est le seul pays qui a pris les choses en main”,

note Julien Barraco, démonstration à l’appui.

“Vous pourriez donc estimer que le tribunal est face à un manque juridique dans notre pays, et que ce n’est pas à vous de juger cette histoire”.

L’idée est simple. En l’absence de solution réelle face au personnage qui lui est présenté, le tribunal refuse de se prononcer.

En se désistant de la sorte, la question pourrait donc être renvoyée en urgence devant le législateur.

Plutôt que de défendre un acte indéfendable, l’avocat a répondu point par point à l’impuissance assumée du ministère public dans ses réquisitions.

Car le dossier illustre à lui seul les limites des précautions judiciaires et médicales prises pour empêcher la récidive de délinquants sexuels chroniques.

Ni les années passées en prison, ni le suivi sociojudiciaire, pas plus que les injections destinées à contrôler ses hormones n’ont permis à Roberto Fontaine de refouler la pulsion qui l’a amené à attirer un enfant chez lui.

Lui-même ne semble pas se rendre compte de la gravité de ses gestes. En témoignent certaines explications, qui pourraient faire frémir plus d’un parent :

“Malheureusement c’est interdit – Pour moi c’est un jeu – C’était un test, pour voir si je pouvais encore avoir une érection malgré les piqûres – J’étais isolé, seul !”.

Et quand on lui évoque les difficultés que pourraient connaître ses jeunes victimes par la suite, le prévenu semble décrocher.

Enfermé dans son monde, il demandera même “des difficultés pour lui ou pour moi ‘”.

Devant cette question, sordide mais sérieuse, le tribunal a préféré envoyer Roberto Fontaine derrière les barreaux pour dix années, en prononçant son maintien en détention.

Il pourrait être prochainement condamné à trois ans supplémentaires, pour violation de son suivi sociojudiciaire.

À sa sortie de prison, Roberto Fontaine fera à nouveau l’objet d’un suivi sociojudiciaire d’une durée de dix ans.

 

NDWP : Pour ces pédocriminels multi-récidivistes, la prison à perpétuité semble être l’unique solution légale…

 

Source : Clicanoo.re

Source(s):