Reims | L’Église reconnaît une première victime de l’abbé Prot

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Les récits font aussi état de violences physiques et de la complicité de moniteurs
Abusé sexuellement dans son enfance par un prêtre du diocèse de Reims, Guillaume se bat depuis plusieurs mois pour faire éclater la vérité. Il vient d’être reconnu victime de violences sexuelles dans l’Église.

Je suis soulagé, déclare Guillaume.

Je ne serai plus obligé de justifier quoi que ce soit.

Ça va changer beaucoup de choses dans ma vie.

Et financièrement aussi.

Si le Rémois se trouve soulagé, c’est parce que l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) vient de reconnaître qu’il a été « victime de violences sexuelles dans l’Église en 1979 et 1981, probablement entre 11 et 13 ans ».

Violences commises « à plusieurs reprises » par l’abbé Daniel Prot, pendant les colonies d’été de l’association du Sourire de Reims que le prêtre – aujourd’hui décédé – dirigeait.

« Ces violences sexuelles se sont immédiatement enfouies dans votre esprit, retrace l’Inirr dans le courrier qu’elle a adressé à Guillaume en début de semaine, créant une amnésie, un vide de 40 ans. Seul demeurait votre malaise (…) »

« DES CONSÉQUENCES GRAVES ET DURABLES »

Récemment, en 2023, une agression que vous avez subie durant une séance de la part d’un professeur de sport – comme d’autres personnes de ce club – a suscité des reviviscences partielles qui ne vous ont pas laissé en repos.

Vous avez alors entrepris des recherches sur le prêtre de cette colonie, qui vous ont permis de découvrir le témoignage d’une personne violée par cet auteur au sein de la même colonie.

La rencontre d’une personne victime du même prêtre dans les mêmes conditions a été à l’origine de votre recherche commune ; elle a recueilli les témoignages d’autres personnes qui avaient subi des violences sexuelles en colonie, avec les scouts ou au domicile [NDLR : de l’abbé Prot] au-dessus de l’école.

Les récits font aussi état de violences physiques et de la complicité de moniteurs.

De nombreux contenus pédopornographiques ont été retrouvés par un collègue au domicile du prêtre puis détruits.

Une longue lettre de l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation

Dans sa longue lettre aux vertus réparatrices, l’Inirr « tient » également « pour vrai et retient » que « l’Église n’a pas mis en place d’action de protection, ni agi vis-à-vis de l’auteur, au moment de la commission des faits », que « les archives des institutions dont dépendait le prêtre ont disparu » et que « les conséquences de ces violences ont été graves et durables ».

D’AUTRES VICTIMES POURRAIENT ÉGALEMENT ÊTRE INDEMNISÉES

Elles ont eu « un retentissement tant dans votre vie intime que dans vos relations familiales et votre épanouissement personnel ».

Aussi a-t’elle décidé d’accorder une indemnité à Guillaume qui espère maintenant que ceux qui ont transmis une demande de reconnaissance et de réparation à l’Inirr bénéficient du même traitement.

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