Plouarzel | Un ex-directeur de Centre de Loisirs prend 8 ans pour viols incestueux

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“La première fois, j’étais en CM2”
Ce 18 octobre, Johann Podeur, 49 ans, ex-directeur d’un centre de loisirs, a été condamné à Quimper à huit ans de prison pour viols incestueux. Les faits ont débuté lorsqu’il était âgé de 28 ans. Il est alors marié et père de trois filles.

Actualisation du 22 novembre 2024

Les dés roulent, les cartes changent de mains, les joueurs ramassent les jetons…

Ce dimanche-là, comme une fois par mois, une salle de la médiathèque de Plouarzel, dans le Finistère, accueille enfants, parents et grands-parents pour l’activité « Jeux de société en famille »…

Sourire aux lèvres, l’animateur, Johann Podeur, explique patiemment les règles, encourage les timides, félicite les gagnants.

La quarantaine sportive, fin collier de barbe brune au menton, il est dans son élément.

Cela fait des années que cet ancien employé de banque reconverti dans l’action sociale, marié, père de trois enfants, dirige le centre de loisirs de la commune, en même temps que l’association « Les Familles rurales ».

Dès le début, son idée de jeux de société mêlant toutes les générations a connu le succès.

À chaque séance, la salle Tud-ha-Bro – en breton « les gens du pays » – fait le plein.

Pour les gosses, Johann Podeur est un magicien qui sait les émerveiller, les intéresser et les faire sourire.

Ce que tout le monde ignore, hélas, c’est que sous son apparence joviale, l’animateur est un grand pervers.

Un prédateur d’enfants.

Il annonce avoir fait subir des « choses affreuses » à ses deux neveux

Sa belle façade se fissure le dimanche 8 mars 2020 lorsque Johann Podeur pousse la porte de la gendarmerie du Conquet, à quelques kilomètres de Plouarzel.

Le visage défait, il annonce avoir fait subir des « choses affreuses » à ses deux neveux, Raphaël* et Damien*, quand ils étaient enfants…

Des aveux spontanés, sincères ? Pas vraiment.

L’homme a appris que les deux garçons, vingt ans après les faits, viennent de le dénoncer à leurs parents !

Ce qui va se produire maintenant est inéluctable : dépôts de plainte, scandale, enquête, procès, prison…

En se présentant de lui-même à la gendarmerie, Johann Podeur ne fait que prendre les devants.

On le place en garde à vue.

En parallèle, ses deux victimes sont entendues.

Deux malheureux garçons marqués à vie par ce que leur a fait vivre « oncle Johann ».

Dès les premières questions des enquêteurs, l’aîné, Raphaël, un marin-pêcheur de 31 ans, est submergé par l’émotion.

Son récit pose le contexte.

Johann était souvent invité chez ses parents, qui lui faisaient toute confiance.

C’est souvent lui, en leur absence, qui gardait Raphaël et son frère, les aidant parfois à faire leurs devoirs.

Un parfait prétexte pour s’enfermer avec eux dans leur chambre…

Selon son récit, Raphaël a 10 ans et est en CM2 quand son oncle passe à l’acte.

Il lui fait regarder des films pornos sur sa PlayStation, puis ce sont des masturbations, des fellations mutuelles et enfin des pénétrations anales

Cela va se reproduire une dizaine de fois, jusqu’aux 15 ans du garçon.

Pourquoi Raphaël ne dit-il rien à ses parents ? Sa réponse est classique :

— J’avais honte, dit-il. Et j’avais peur que notre famille explose…

Le marin-pêcheur est si éprouvé par sa déposition qu’il fait une dépression nerveuse et doit être hospitalisé durant deux semaines.

Damien raconte le même calvaire que son frère

Son frère cadet, Damien, 23 ans, ouvrier agricole, raconte le même calvaire.

Il a 8 ans quand Johann lui fait regarder un premier film porno sur sa console.

Puis il s’« amuse » à faire rouler des petites voitures sur le corps de l’enfant…

Damien évoque les « jeux sexuels », les tripotages à table pendant les repas familiaux, les mains glissées dans son pantalon, les bains que Johann lui fait prendre avec lui.

Pour Damien, le cauchemar s’arrête l’année de ses 14 ans.

Ado, il commence à se sensibiliser aux questions sexuelles au collège, connaît ses premières petites copines et comprend que tout ça n’est pas normal.

Son frère devient alors à son tour la victime.

Les autres membres de la famille sont interrogés.

Tous tombent des nues.

Pour eux, Johann, à la fois père de famille, responsable du pôle enfance de « Familles rurales » et directeur du centre de loisirs, était au-dessus de tout soupçon.

Pourtant, rétrospectivement, certaines scènes « bizarres » leur reviennent en mémoire.

L’un se souvient du côté « tactile » de Johann, de la façon qu’il avait de prendre ses petits neveux sur ses genoux.

Un autre se rappelle qu’un jour, lors d’une partie de cache-cache, il l’avait surpris serrant Raphaël contre lui sur un lit.

Mais il leur en aurait fallu davantage, à l’époque, pour leur dessiller les yeux.

De simples « jeux sexuels », des trucs de « copains de vestiaire »

Au cours de sa garde à vue, le pervers reconnaît tout – sauf les pénétrations anales.

Il explique, avec un aplomb révoltant, qu’il s’agissait pour lui de simples « jeux sexuels », des trucs de « copains de vestiaire »…

Il précise que Raphaël lui rappelait un camarade d’internat avec qui il avait eu, en première et terminale, une relation homosexuelle.

— J’avais envie de revivre cette aventure, se justifie-t-il en substance, de redécouvrir ma sexualité.

À cette différence près que le jour où il abuse pour la première fois de Raphaël, il a 28 ans bien sonnés…

À l’issue de sa garde à vue, Podeur est mis en examen mais – étonnante bienveillance – laissé libre sous contrôle judiciaire, avec interdiction de s’occuper d’enfants.

Sa femme, qui n’avait rien vu venir, le quitte.

Ses trois filles le fuient.

C’est donc libre, mais plus seul que jamais, qu’il pénètre dans la cour d’assises de Quimper, le 17 octobre 2024, pour y répondre de viols et d’agressions sexuelles incestueuses sur mineurs de 15 ans.

Le personnage n’a pas changé.

Il a toujours ce profil lisse et engageant de l’animateur social irréprochable.

Pourtant, il ne se fait guère d’illusion sur l’issue du procès.

À quelques jours de sa convocation au palais de justice, il a résilié le bail de son appartement, démissionné de son travail et confié son chien à un ami…

Bref, il est prêt à aller en prison.

Raphaël et Damien ont refusé que l’audience se tienne à huis clos. Verdict : huit ans de prison.

Raphaël se fait taxer de « libertin » et de « chaud lapin »

Pour Détective, Me Quentin Copez, l’avocat de la partie civile, est revenu sur toute l’affaire, à commencer par le sort des deux frères.

— Un jour, Raphaël a eu un accident de voiture, nous révèle-t-il. Ses parents sont persuadés qu’il était au bord du suicide. Depuis, il a repris une exploitation de volailles et s’épuise au boulot, douze heures par jour, pour s’empêcher de penser.

Damien, que l’accusé, suscitant l’indignation du public, a osé traiter de « coureur de jupons », de « libertin » et de « chaud lapin » – rappelons qu’il n’avait que 7 ans à l’époque des viols –, garde lui aussi des séquelles, même si elles semblent moins visibles que chez son frère aîné.

— Il va être papa, annonce l’avocat, son épouse est enceinte de quatre ou cinq mois, mais il reste sujet à des crises d’angoisse. À certains moments, le passé lui revient en boomerang et l’empêche de profiter pleinement de la vie.

On apprend que Johann Podeur, après sa mise en examen, a adressé à son employeur une lettre dans laquelle il jure n’avoir jamais abusé des enfants qui lui étaient confiés dans le cadre de ses activités professionnelles.

Apparemment, les autorités l’ont cru sur parole.

— Les enquêteurs n’ont fait aucune investigation de ce côté alors qu’il s’est occupé de mineurs durant vingt ans ! s’étrangle Me Copez. Cette piste n’a jamais été explorée !

C’est le plus dérangeant de l’affaire.

Les huit ans de réclusion auxquels Johann Podeur a finalement été condamné ne lèveront jamais le doute.

Nul ne peut affirmer avec certitude que l’animateur pédophile de Plouarzel n’a pas fait d’autres victimes, des enfants qui auraient eu honte ou peur, eux aussi, de parler.

La légèreté de la justice, parfois, est incompréhensible.

*Les prénoms ont été changés.

Sources :

Le Nouveau Detective

Enfance en danger

 

Article du 9 novembre 2024

Cet ancien directeur du centre des loisirs de Plouarzel (Finistère) a été reconnu coupable d’avoir commis des viols incestueux sur ses deux neveux.

Les faits ont débuté lorsqu’il était âgé de 28 ans.

Il est alors marié et père de trois filles.

Il a « commencé à toucher » le fils aîné de sa belle-sœur, aujourd’hui âgé de 39 ans.

« Admettre ce qu’il s’est passé, c’est la descente aux enfers, confie la victime à nos confrères. La première fois, j’étais en CM2, la dernière fois, j’avais 14 ans. » Ce dernier évoque la honte, la « peur que la famille explose ».

Mais surtout, la culpabilité :

« Si j’avais parlé, peut être que mon frère aurait été épargné. Il avait cinq ans quand il m’a succédé.»

Ce dernier, aujourd’hui âgé de 27 ans, parle de « jeux avec des petites voitures qui deviennent des mains lui roulant sur le corps ».

« Si on n’a pas demandé le huis clos, c’est parce qu’il a été en contact si longtemps avec tellement d’enfants. On a voulu ouvrir la voie à d’autres victimes éventuelles », a déclaré la mère des deux victimes.

 

« L’accusé reconnait une homosexualité refoulée mais refuse d’admettre sa pédophilie »

La procédure a été lancée en 2020 et a été laborieuse, semée de « calomnies ».

Les deux jeunes, qui souffrent d’un syndrome de stress post-traumatique, ont des « souvenirs flous » des faits incriminants.

Un paramètre que leur agresseur a su utiliser à son avantage.

Il a fait « croire que l’on était ses amants consentants, des ados excités par leur première expérience sexuelle », explique l’aîné.

Si Johann Podeur a reconnu leur avoir fait « des choses affreuses », il apparait comme étant dans le déni :

« l’accusé reconnait une homosexualité refoulée mais refuse d’admettre sa pédophilie, il confond les deux », a exposé l’avocat des parties civiles Me Quentin Copez.

Pire, il décrit son neveu, à l’époque âgé de huit ans, comme « un chaud lapin, un libertin ».

Pour la psychiatre qui a déposé à l’audience, les deux garçons « n’étaient pas en mesure de s’opposer à leur oncle », « vu leur jeune âge ».

Johann Podeur a été incarcéré à la maison d’arrêt de Brest à la sortie de l’audience.

Il écope de huit ans de prison pour viols incestueux assortis d’une obligation de soins.

Il lui est également interdit d’exercer toute activité, professionnelle ou bénévole, en lien avec des mineurs ainsi que d’entrer en contact avec les victimes. 

 

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