Périgueux | Rejugé et condamné à 12 ans de prison l’ancien sexologue fait appel

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Une peine plus lourde que celle requise par l’avocat général
Le sexologue Lionel Agullo
Lionel Agullo, 65 ans, le “sexologue” qui hypnotisait ses patientes pour abuser d’elles, arrêté le 27 juin 2023 vers Séville après deux ans de fuite, a été rejugé. Condamné à 12 ans de réclusion criminelle ce mardi 19 novembre, l’ancien sexologue et hypnothérapeute a fait appel de cette décision.

Actualisation du 22 novembre 2024

L’ancien thérapeute et sexologue de Périgueux, ancien candidat aux législatives en Dordogne, a été rejugé pour viol et détention d’une image pornographique d’un mineur  entre le vendredi 15 novembre et le mardi 19 novembre.

À la suite de son arrestation en Espagne, il avait demandé, comme c’est son droit, à être de nouveau jugé.

Lionel Agullo a exercé aussi comme psycho-énergéticien, hypnothérapeute, coach de vie à Périgueux.

Il avait une clientèle à 70% féminine.

Des femmes en quête d’une amélioration de leur qualité de vie ou bien qui cherchaient à guérir des traumatismes passés.

Certaines n’ont rien relevé d’anormal dans sa pratique, d’autres racontent des séances qui posent question.

Plusieurs liaisons avec des clientes

Lionel Agullo a eu plusieurs liaisons avec des clientes.

Parfois juste après la séance, raconte une aide-soignante aujourd’hui à la retraite.

“On faisait la consultation au rez-de-chaussée et ensuite, on montait au premier étage dans son bureau”.

La retraitée venait le voir pour être aidée dans son travail.

Elle ne voit pas de problème à avoir entretenu une liaison avec son praticien.

Elle ne s’offusque pas non plus quand elle décrit des séances d’hypnose où elle retrouvait en culotte sur une table de massage pendant qu’il lui malaxait les seins, “c’était pour me détendre”, explique-t-elle.

Une autre patiente est devenue sa compagne pendant plusieurs années.

Elle aussi l’a d’abord eu comme hypnothérapeute et explique que la liaison a débuté quand elle était encore sa cliente.

En blouse blanche sans formation médicale

Lionel Agullo n’a pas de diplôme médical.

Il a suivi une formation de 80 heures, “soit deux semaines et demie”, rappelle l’avocat général pour devenir hypnothérapeute.

Pour la psychologie, il s’est formé “en autoditacte” à une époque où il ne fallait pas suivre de formation pour se définir comme psychothérapeute.

Il aurait sauvé 200 vies, dit-il.

L’expert qui l’a examiné dans ce dossier, décrit un homme qui peut impressionner et faire illusion auprès des personnes les plus vulnérables.

“J’ai mis 14 ans à me rendre compte de ce qui m’était arrivé”

Cela a été le cas pour Sophie.

Cette ancienne patiente est venue le voir entre 2000 et 2002 pour une phobie sociale.

“C’était la première fois que je consultais un psychothérapeute, je me revois dans ma voiture pour aller à la première séance et me dire, je vais enfin pouvoir changer ma vie”.

Cela ne se passe pas du tout comme prévu.

Très vite, elle raconte que Lionel Agullo lui propose autre chose que des séances en face à face.

Il lui parle de massage pour “la rééquilibrer”.

“J’étais nue sur une table de massage, parce qu’il disait qu’il ne pouvait pas le faire par-dessus le tissu”. Elle raconte que Lionel Agullo s’attardait sur sa poitrine, sur son sexe avant de la violer avec ses doigts. Sophie raconte qu’il lui disait de ne rien dire et comment elle s’est retrouvée pétrifiée face “à un sachant, un savant, quelqu’un en blouse blanche. Moi, je respectais le corps médical”.

Sophie a été entendue comme témoin lors de cette première journée d’assise et non comme victime, car elle a porté plainte après le délai, les faits qu’elle dénonce sont aujourd’hui prescrits, mais elle a tenu à témoigner :

“J’ai mis 14 ans à me rendre compte ce qui m’était arrivé”.

 

Des spécialistes de médecine chinoise contactés

Lors de l’enquête, Lionel Agullo se justifiait en prétendant pratiquer de la réflexologie sexuelle, pour stimuler le poing G et “libérer les blocages”, et affirmant qu’il utilisait le Qi gong et le Tao

L’enquêtrice a détaillé tout le travail de recherches menées pour vérifier les explications de Lionel Agullo données à un moment de l’enquête.

Les policiers ont contacté des spécialistes de la médecine chinoise comme la Fédération nationale de médecine traditionnelle chinoise à Nice ou des spécialistes du Qi gong à Paris.

Ces spécialistes expliquent aux policiers que pour pratiquer la médecine chinoise, il faut valider des examens et être enregistré.

Lionel Agullo n’est ni l’un ni l’autre.

Ensuite, les spécialistes expliquent que les gestes décrits par Lionel Agullo ne correspondent en rien à la médecine chinoise.

Pour le Qi Gong, les séances sont organisées en groupe, expliquent les spécialistes.

Il peut arriver que les élèves pratiquent les auto-massages en début de séance, mais jamais en touchant les parties intimes.

L’enquêtrice s’est même procurée le livre de référence sur l’acupuncture édité à Pékin pour vérifier l’emplacement des points d’acupuncture.

Il en existe plus de 350 et aucun n’est situé à l’intérieur du vagin.

“De l’hypnothérapie de music-hall”

Il se présentait aussi comme hypnothérapeute.

Un pratique strictement encadrée, apprennent les policiers après avoir interrogé un spécialiste reconnu.

Il décrit l’hypnose éveillée que défend Lionel Agullo comme

“De l’hypnothérapie de music-hall basée sur le pouvoir et la soumission”.

Pour pratiquer l’hypnose en France, il faut aussi être soignant, c’est obligatoire, et dans certaines catégories

Une victime est venue raconter son parcours judiciaire, 14 ans de procédure

Katia, est arrivée à la barre très émue.

Cela fait 14 ans qu’elle a porté plainte contre le sexologue, 14 ans qu’elle témoigne, répète, alerte et se présente aux convocations de la justice.

La jeune femme en pull noir, une pince retient ses cheveux, a pris une grande inspiration, a essuyé ses yeux et a raconté son long et douloureux parcours dans cette affaire.

Une première plainte perdue

Katia a consulté Lionel Agullo entre mars et juillet 2007.

À l’époque, Katia a 19 ans et souffre du traumatisme d’un viol subit à l’époque du lycée en Corrèze.

Elle a des difficultés dans ses rapports intimes avec son compagnon et souhaite être aidée.

Elle contacte Lionel Agullo :”j’ai pris l’annuaire et j’ai cherché sexologue et Agullo, cela commence avec un A donc c’est le premier que j’ai appelé et c’est le premier qui m’a répondu”.

La jeune femme raconte que très vite,

“Au bout de la troisième ou quatrième séance”, Lionel Agullo lui propose une thérapie alternative, inspirée des pays orientaux dont “il ne fallait pas parler”, explique Katia.

Elle décrit une dizaine de séances d’hypnose dans une petite pièce, allongée sur une table de massage, seulement en petite culotte, où elle affirme que Lionel Agullo réalise des pénétrations digitales dans son vagin.

Elle finit par alerter son petit ami qui lui interdit d’y retourner.

“je voyais qu’elle était encore plus mal en rentrant des séances, elle était mal dans son corps, mais dans sa tête, elle n’arrivait pas à réaliser”.

Sa première plainte contre Lionel Agullo remonte à 2010.

Trois ans plus tard, et après la naissance de son fils, elle écrit un courrier en 2013 au Procureur de la République de Périgueux car “rien ne se passe”.

Elle apprend que la plainte a été perdue et que rien n’a été fait.

“On a recommencé la procédure”, raconte Katia, déterminée à aller jusqu’au bout.

Son ex-mari est venu témoigner des 14 années de procédure,

“C’est monstrueux ce qu’elle a subit”.

Il décrit les soirs où elle rentrait du travail et où elle découvrait une lettre du tribunal en recommandé, à chaque nouvel acte de procédure,

“Ce n’était plus la même personne […] je ne sais pas comment elle fait pour tenir psychologiquement, elle n’a jamais pu être tranquille”.

Une reconstruction lente “sans haine, ni colère”

Chez eux, les portes sont toujours ouvertes, car Katia ne supporte plus les portes fermées ça lui rappelle les séances dans le local de Lionel Agullo.

Le quadragénaire a raconté aussi la naissance de leur enfant,

“On ne voulait pas savoir le sexe de l’enfant, car elle se disait que si c’était un garçon, cela pouvait être un potentiel violeur”.

Le bébé nait, c’est un petit garçon.

Entouré, aimé, par une maman qui lui inculque certaines valeurs “la droiture, assumer ses actes et dire toujours la vérité”.

Une maman qui parfois “est bizarre” raconte son ex-mari, “cela a eu un impact sur beaucoup de monde”.

Katia explique avoir fait un gros travail sur elle pendant près de 15 ans,

“j’étais un zombie sur terre, je me sentais morte de l’intérieur” mais maintenant, elle affirme “aujourd’hui se tenir droite |…] sans haine, ni colère” et attendre “que les faits soient reconnus” pour terminer sa reconstruction et pour les autres femmes qui se disent victimes du sexologue.

Lionel Agullo conteste et crie au complot

Il conteste, nie et retourne la situation en assurant que c’est elle qui lui a demandé de faire ses massages et qu’il a refusé.

Il affirme qu’elle l’accuse de viol, car il n’a pas résolu son traumatisme.

Des paroles difficiles à entendre pour Katia qui estime

“Qu’il est persuadé d’être dans sa vérité, je pense qu’il est dans son monde et dans sa réalité”.

Coupable et condamné

Après trois jours d’audience, et plus de trois heures de délibération, l’hypnothérapeute et sexologue Lionel Agullo a été reconnu coupable et condamné à 12 ans de réclusion criminelle aux Assises de la Dordogne.

Il devra également avoir un suivi socio-judiciaire et il n’a plus le droit d’exercer des professions en lien avec la thérapie, ni de côtoyer des mineurs. Il ne pourra pas non plus écrire de livre sur cette affaire ou encore en parler publiquement.

Une peine plus lourde que celle requise par l’avocat général

“C’est une victoire, cela permet d’assoir que nous nous sommes dans la vérité […] 12 ans, c’est un chiffre qui fait plaisir à entendre”, réagit Katia, “et il y a tous les autres points comme le suivi, le fait qui ne puisse pas côtoyer des enfants ce sont des points très importants”.

Les jurés sont allés plus loin que les réquisitions de l’avocat général en inscrivant également une période de sûreté des deux tiers, ce qui prouve pour maître Nadège Trion avocate de Katia, que la cour a pris en compte

“La gravité des faits et la dangerosité de monsieur Agullo. Je pense qu’il a payé sa fuite et son comportement changeant depuis le départ”.

L’avocat général, Jacques-Edouard Andrault, avait requis dix ans de réclusion criminelle, ce qui constituait déjà une peine plus importante que lors du premier procès en 2021 où Lionel Agullo, alors en cavale, avait été jugé et condamné à six ans de prison.

L’Appel : un nouveau procès devant une autre cours d’assises

Le thérapeute de Périgueux a déclaré devant la cour d’assises qu’il était innocent.

Cet appel signifie qu’il y aura un nouveau procès, et que Lionel Agullo sera rejugé pour les faits de viols et de détention d’images pédopornographiques, dans un délai d’un an à compter de l’appel.

La victime, préparée à cette éventualité

La victime du sexologue, Katia et son avocate, maître Nadège Trion s’étaient préparées à cette éventualité,

“J’étais déjà prête à l’idée qu’il allait faire appel avant le procès, on est déjà prêt. J’aurai droit à trois procès”, a déclaré la jeune femme.

Sources

France Bleu du 16 novembre

France Bleu du 18 novembre

France Bleu, Condamnation

France Bleu, Appel

Enfance en dangerCondamnationAppel

 

Mise à jour du 18 Juillet 2023 :

Lionel Agullo se disait, entre autres, “sexologue, “coach de vie” et “écrivain” .

Il avait été condamné à 6 ans de prison en Novembre 2021 par la Cour d’Assises de la Dordogne à Périgueux pour avoir violé et agressé sexuellement au moins 4 patientes lors de ses séances de “thérapie”.

Désormais, deux choix s’offrent à Lionel Agullo. Il peut d’abord accepter le verdict des assises. Sinon, le procès est déclaré nul et non avenu en l’absence de l’accusé, et un nouveau procès en 1ère instance se tiendra.

Durant l’enquête, le mis en cause avait toujours nié, se déclarant « victime d’une machination judiciaire et d’une cabale politique ».

Cet ancien agent d’assurances, qui avait ouvert un cabinet de psychothérapie en 1995, avait été examiné par un expert psy..

Ce dernier avait mis en avant « une personnalité paranoïaque marquée par du narcissisme, un positionnement psychorigide, une tendance à la manipulation et au théâtralisme ».

Lors de ses consultations, il pratiquait la thérapie par l’hypnose et promettait à ses clientes de les libérer de leurs traumatismes et inhibitions sexuelles.

Suite à la saisie et à l’analyse de ses dispositifs électroniques, des images pédopornographiques avaient été découverts.

Il avait ouvert son cabinet de “thérapie sexuelle” en 1995.

Agullo s’était présenté aux élections législatives en 2002, 2007 et 2008 pour le parti écologiste. Il a également écrit un livre sur “le pouvoir de l’inconscient”.

En 2010, une patiente de 23 ans avait déposé une plainte pour viol. L’enquête n’avait été ouverte que quelques années plus tard.

Elle l’ avait consulté en raison de difficultés à avoir des relations sexuelles en raison d’un viol qu’elle avait subi à l’âge de 16 ans.

Il lui expliqua que la thérapie consisterait en une technique similaire à l’acupuncture, mais pratiquée avec les doigts, puis lui demanda de ne révéler à personne la nature des séances “pour éviter les malentendus”.

Elle confessa à son partenaire que son “thérapeute” avait introduit un doigt dans ses parties intimes, et porta plainte.

Les autorités françaises ont informé l’Espagne de la “personnalité persuasive” d’Agullo et de son grand pouvoir de parole, “caractéristique d’un gourou de secte”.

Une semaine après avoir reçu des informations sur le fugitif, il a été détenu sur le parking d’un supermarché de la municipalité de San Juan de Aznalfarache, vers Séville.

Dans la vidéo de l’arrestation, on voit Agullo surpris par la police alors qu’il marche avec un chariot de supermarché vers sa voiture.

Les agents lui ordonnent :

“À terre, les mains derrière le dos !”.

Il obéit et répète plusieurs fois :

“No problema [sic]”.

(vidéo de son arrestation ici)

Source 1
Source 2
Source 3 (témoignage de Katia en 2022 alors qu’Agullo était fugitif)

Mise à jour du 20 Novembre 2021 :

La cour d’assises de la Dordogne a rendu son verdict, le 10 novembre dernier, dans le cadre du procès du sexologue de Périgueux accusé de viols, qui s’était ouvert 3 jours plus tôt, rapporte France 3 Nouvelle Aquitaine.

L’homme, absent lors des 3 jours d’audience, a été condamné à 6 ans de prison « par défaut criminel ». Il a également interdiction d’exercer une profession de thérapeute et est désormais inscrit au fichier des délinquants sexuels (Fijais).

« Un comportement de gourou »

Plusieurs de ses patientes qui se sont constituées parties civiles sont venues témoigner des agressions qu’elles affirment avoir subies dans le cadre des séances de thérapie, explique la chaîne d’information.

Entre mars et juillet 2007, l’une d’elles, sous hypnose, aurait subi à plusieurs reprises des viols, avant de porter plainte en 2010. D’autres ont fait part d’un état de dépendance. Selon le procureur Mehdi Zouabi, l’homme aurait eu « un comportement de gourou ».

Le praticien, âgé de 63 ans, a également été condamné pour détention d’images pédopornographiques, ces dernières ayant été retrouvées sur son ordinateur par les enquêteurs à la suite de son arrestation en février 2014, détaillent nos confrères.

Le prévenu, qui avait tenté à plusieurs reprises de se soustraire aux procédures de l’enquête, est désormais sous le coup d’un mandat d’arrêt. S’il est interpellé, une audience pourrait de nouveau avoir lieu.

Article original :

Un sexologue de Périgueux est accusé d’avoir violé à plusieurs reprises une patiente entre mai et juillet 2007 durant des séances sous hypnose, rapporte France Bleu Périgord dimanche 7 novembre.

Par ailleurs, les enquêteurs ont découvert des images pédopornographiques dans son ordinateur.

Il est jugé devant les assises durant trois jours à partir de ce lundi 8 novembre.

Durant les séances, l’homme de 63 ans est suspecté d’avoir demandé à sa patiente de garder le silence sur les violences sexuelles dont elle aurait été victime.

À l’époque, la plaignante était mineure.

Elle a décidé de déposer plainte contre le thérapeute en 2010, note la radio locale.

« Une personnalité paranoïaque »

L’accusé nie les faits et soutient que la jeune fille était consentante bien qu’elle se trouvait en semi-hypnose.

Il serait « victime d’une machination judiciaire et d’une cabale politique », selon des propos rapportés par Sud Ouest.

Selon une expertise psychiatrique:

« Le mis en cause a une personnalité paranoïaque marquée par du narcissisme, un positionnement psychorigide, une tendance à la manipulation et au théâtralisme ».

Par ailleurs, une autre femme a déposé plainte contre le sexologue pour les mêmes faits présumés.

Mais cette deuxième plaignante ne s’est pas constituée partie civile, précise les médias locaux.

Une troisième patiente avait également poursuivi l’homme pour agression sexuelle mais l’affaire avait été classée sans suite en 2010, révèle Sud Ouest.

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