Procès Dominique Cottrez | Compte rendu J-6

Procès Dominique Cottrez |Compte rendu 02/07/2015 (6ème et dernier jour)

Cour d’assise de Douai

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9h00

Nous voici au terme de six longues journées de ce procès hors norme.
Les plaidoiries des avocats de la défense vont commencer, puis viendra le dernier mot de l’accusée et les jurés délibéreront en leurs intimes convictions.

Plaidoirie de Me Marie-Hélène Carlier :

« Regardez-la! Messieurs, Mesdames les jurés, elle est pitoyable!
Ne la jugez pas selon votre regard, jugez-la selon sa pathologie, selon ce qu’elle est.

Regardez ce qui se passe à nos frontières, en Suisse, en Finlande et en Angleterre, la plupart des femmes coupables de néonaticide sont condamnées à un an de mise à l’épreuve plutôt qu’à une année de prison!
Les réquisitions d’hier me paraissent démesurées!

On vous a dit de garder vos distances et d’essayer de ne pas oublier la présence des bébés.
On est tout de même aux antipodes de ce qui a été demandé par les experts psychiatriques.
Vous, l’avocat général, vous êtes dans le déni du déni !

Dominique Cottrez Lempereur, sous ses kilos, sous ce corps difforme, elle cache une immense fragilité…
L’obésité c’est quelque chose qu’on ne pardonne pas.

Le premier accouchement?
Ce qui devait être le plus beau jour de sa vie va se transformer en catastrophe monumentale.
Ça l’a détruite…

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Plaidoirie de Me Berton :

Il raconte le premier accouchement de Dominique Cottrez, de l’arrivée de sa fille Emelyne, tout ça dans la joie et la bonne humeur sauf qu’une sage-femme lui dira certaines choses qui marqueront l’accusée à vie.

«Sur le chemin de la vie, il y a du gras», il affirmera que c’est ce qui conduira sa cliente dès 1989 à commettre ses infanticides.

«Je vous trouve belle, Dominique.
Vous êtes belle en vous.
À 25 ans, vous vous disiez qu’avant d’être une mère, il fallait être une femme.
Oui, vous l’avez été, mais personne ne l’a vu».
Sa cliente prenait de plus en plus de poids et pourtant on la verra de moins en moins…

Il expliquera que l’hiver elle ira poser une couverture sur les sacs dans le garage, pour que les nourrissons ne prennent pas froid.

« Un nouveau-né, c’est un nouveau-né… Non!
Pas pour cette femme!
Il faut se mettre à sa hauteur!
Cette femme ne prend aucun plaisir à tuer ses nouveau-nés.
Pas de perversité, ce n’est pas une serial-killer…»

L’avocat se tourne alors vers les jurés et leur dit :

-“On n’a jamais plaidé l’innocence, on a plaidé une détresse.”
Vous croyez qu’elle présente un danger, quand on vous demande de la juger pour ce qui s’est passé il y a un quart de siècle?
Vous pourrez dire à vos proches, «je me fiche de ce que tu penses, moi je l’ai comprise!» »

Il reviendra sur les rétractations de sa cliente et dira :

-Je prends ma part de responsabilité!
À l’instruction, je lui ai tendu une perche, elle l’a attrapée en pensant que ça pouvait l’aider.
N’est-ce pas naturel?

Elle n’invente pas, elle adhère.
Et à ce moment-là, cela arrange tout le monde…
Je lui demande de jurer sur la tête de ses filles parce que je ne veux pas que vous partiez délibérer sans savoir.
Elle vous a dit que c’était faux pour Virginie, parce qu’elle l’aime. »

Fin des plaidoiries

La présidente demande à l’accusée de se lever

-«Madame, avez-vous quelque chose à ajouter?»

-«Je demande pardon à mes filles Emeline, Virginie, pardon…
Pardon à mes frères et à mes sœurs, pardon à mes petits-enfants…» en pleurant.

La cour se retire pour environs six heures de délibération.

16h50

La présidente et la cour ont tranché et condamne Mme Cottrez Dominique à neuf ans de prison.

La préméditation pour le premier bébé n’a pas été retenue et l’altération du discernement est une circonstance atténuante, ce qui a réduit la peine de moitié.
Mme Cottrez pourra demander une liberté conditionnelle d’ici moins d’un an.

A la sortie de la salle d’audience son avocat déclarera :

« C’est une magnifique décision, Dominique Cottrez accepte cette peine et ne fera pas appel de la décision de justice. Je tiens à saluer la délibération des jurés qui ont pris leur décision avec intelligence, compassion et humanité.
Je suis fier de la justice, je suis fier de mes juges.
Certes elle dormira en prison ce soir mais pas pour longtemps
.»

Les filles de Dominique Cottrez se sentiront soulagées et elles aimeraient remercier les jurés pour cette décision juste.

Fin du procès

Hommage à Xavier, Hubert, Fleur, Ingrid, Alphonse, Mariette, Blandine, Judith les huit nourrissons que Dominique Cottrez a tué…

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