Procès Dominique Cottrez | Compte rendu J-4

Procès Dominique Cottrez |Compte rendu 30/06/2015 (4ème jour)

Cour d’assise de Douai

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9h15

Témoignage de l’ancienne chef de service de Dominique Cottrez

Elle présentera Dominique Cottrez comme un bon élément, consciencieuse dans son travail, serviable mais cependant très renfermé.
«Elle était très sensible, très fragile je le sentais».
Elle avait souvent les larmes aux yeux et le regard fuyant.

Elle explique qu’elle n’a jamais eu de réclamations de la part des patients de Dominique Cottrez, qu’elle parlait plus des patients que d’elle, très évasive elle ne pose jamais de questions.

A un moment elle dira qu’elle avait vu que l’accusée était enceinte, mais celle-ci lui assurera le contraire.
Le lendemain de la découverte des corps, Dominique Cottrez était présente à son poste et sera très sereine et fit comme si de rien n’était.

La présidente lui demandera:

– «Quand on découvre les bébés, ça ne vous fait rien?»
– «Si, mais j’ai caché.»

Son ancienne chef dira que c’était dur pour Dominique de parler d’elle.

– «J’ai beaucoup de peines pour Dominique, pour ce qui s’est passé.
Même avec le geste, c’était ses bébés, elle les a gardé.»

10h20

La présidente pose quelques questions à l’accusé

– «En ce qui concerne vos rétractations d’hier, vous maintenez vos déclarations d’hier?»
– «Oui je maintiens.»

– «Quand vous avez mis en avant l’inceste, c’était plus facile pour expliquer vos actes ou c’était pour ne plus accuser votre père à tort?»
– «Je me devais de le dire pour Virginie, je ne peux pas quitter l’audience avant de dire la vérité.
Face à l’accusation c’était plus facile de parler d’inceste.»

L’avocat général demande:

– «Vous avez menti par rapport à l’inceste?»
– «Oui, j’ai menti. Mais aux écoutes téléphoniques j’ai adhéré à cette histoire et je m’en suis servi.»

– «Avez-vous une explication?»
– «Non»

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10h40

Témoignage d’un psychologue qui a expertisé Dominique Cottrez:

Il n’a détecté aucune maladie mentale chez Mme Cottrez, elle a une bonne culture générale et a un bon niveau d’expression sur elle-même et les autres.

Cependant il expliquera qu’elle a une dimension névrotique (hyper fragilité), elle est très introverti, n’a pas confiance en elle et est très pudique.
Elle a honte de son corps.

Il dira que l’accusée n’arrive pas à s’imaginer la douleur des autres, qu’il y avait dû avoir des événements douloureux dans sa vie qui pourrait jouer sur sa réalité.
D’après lui, elle était enceinte psychiquement mais pas physiquement, elle a été piégé par sa passivité à toujours reculer l’échéance, jusqu’à l’accouchement et les néonaticides.

Elle se retrouve seule prise dans un piège, pour elle c’est une solution imaginaire.
Elle avait pensé qu’à son premier accouchement elle laverait et habillerait le bébé pour le présenté à son mari quand il rentrera du travail mais elle n’en fit rien.

Il expliquera que par rapport à ses rétractations, elle a été très créative et qu’il faut quand même se poser la question. «Il faut être très imaginatif pour raconter les abus en trois temps, c’est très plausible comme version, le poids social de la chose pose des doutes.»

La présidente lui demande:

– «On avait parlé du syndrome de Kretschmer, c’est une hypothèse?»
– «Oui ce sont des gens très sensible qui interprète beaucoup. Je déprime, je m’autodétruit de l’intérieur.»

Ce psychologue dira que ça ne sert à rien de vouloir mettre Dominique Cottrez dans une case, que même sans l’inceste il l’a comprend.
C’est sa fragilité qui la conduit au meurtre.

«Elle mangeait beaucoup pour se remplir, elle était enceinte pour se remplir.
Pas besoin de retenir la sérialité de l’affaire.»

Ndlr : Alors là c’est fort quand même!

Il dira que les éléments majeurs dans cette affaire sont la passivité, la solitude, la peur du jugement des autres, la grossesse vécue psychiquement mais pas physiquement.

Me Crespin de la partie civile demande:

– «Pour parler d’Outreau, la parole de l’enfant a été remise en cause jusqu’aujourd’hui, est-ce que vous n’étiez pas en mesure de remettre en cause l’inceste?»

– «La réalité des abus ou pas, je n’ai pas besoin de ça pour comprendre la situation.
La cohérence du récit ne veut pas dire vérité.
Ça laisse perplexe, je n’ai pas d’avis absolue à dire concernant les abus.»

– «C’était tellement circonstancié, quel est le sens de ses rétractations?»

– «Peut être qu’elle a vraiment vécu mais quel a honte aux yeux de la famille.»

– «Est-ce que vous n’avez pas été manipulé?»

– «Non, c’est une impression.»

– «Oui en effet, c’est une impression…» Lui dit-il en allant se rassoir.

Me Costantino:

– «L’histoire qui nous occupe aujourd’hui ce n’est pas la thèse du déni?»

– «J’y pense et puis j’oublie, le résultat est toujours le même.
Dans l’hypothèse du déni ce qui serait déclencheur de l’infanticide c’est l’arrivée du bébé.
Elle tue quelques choses qui n’est pas un bébé, c’est ambigu, la réalité psychique on supprime quelque chose de pas encore constitué.
Si la mère n’attend pas l’enfant, elle prendrait la grossesse et l’enfant pour une chose, ce qu’elle craigne c’est le jugement des autres.
Au sens populaire ça peut paraitre fou, les gens ne comprennent pas le fait de tomber enceinte, accouché puis tué.»

– «Est-ce qu’il y a une prise de conscience à un moment donné?»

– «Quand l’affaire est dévoilé ou quand le bébé est mort.
La plupart que j’ai rencontré ce sont des femmes humaines, ce n’est pas comme les grands criminelles.»

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11h57

La présidente demande à l’accusée de se lever.

– «Est-ce votre père était au courant que vous étiez enceinte?»
– «Non.»

– «Est-ce que votre père savait pour les meurtres?»
– « Non.»

– «Est-ce que votre père savait pour les sacs?»
– «Non, personne n’était au courant.»

– «Est-ce que Virginie était un infanticide raté?»
– «J’préfère ne rien dire.»

– «Quand votre mari était au courant pour la grossesse de Virginie?»
– «Six-sept mois, je suis formelle.»

Ndlr : Après la pause déjeuner, Me Berton intervient auprès de l’huissier de la salle d’audience car d’après lui l’unique membre de Wanted Pedo présente pour couvrir ce procès prendrait des photos et enregistrerait les débats. Ouh la la…

On lui demandera donc de sortir de la salle pour fournir des explications, ce qu’elle fit et prouvera que les photos qui figurent dans les comptes rendu ont été prise dans la presse.
Pas besoin d’enregistrer les débats, les notes nous suffisent amplement.
Après vérification, l’huissier la laissera tranquille jusqu’au dernier jour du procès.

Nous avons évité de peu l’incident diplomatique!

15h08

Témoignage de Mr Delannoy expert.

Il a expertisé l’accusée quelques jours avant le procès, le 16 juin 2015.

La présidente questionne:

– «Le mensonge sur l’inceste était une manipulation?»

– «C’est faire semblant, pour combler le vide.
Le fond c’est d’affronter sa réalité, ce qu’elle n’a jamais voulu faire, elle était seule et en souffrance.»

–  «Le premier bébé elle la regarder, elle a retenu de quel sexe il était, les autres c’était une habitude, pas de visage, pas de prénom.
Elle ne maitrise rien, elle est prise au piège.
Elle a une absence de sens, dénégation, et elle aura une facilité à commettre ses infanticides et ce sera sans conséquences jusqu’à aujourd’hui.»

Me Berton lui dira qu’il est sûr que l’inceste existe bel et bien dans son enfance.

– «C’est un déni complet.»

– «Est-ce qu’elle est traumatisé ou pas?»

– «Oui elle est traumatisé, je suis d’accord.
Ses enfants ne sont pas des enfants à ses yeux, c’est des choses à se débarrassé.»

17h35

Témoignage d’Emelyne, fille de l’accusée.

-«Elle a toujours été là pour moi, maman faisait tout et papa travaillé.
Elle s’occupait de nous, des bêtes… (Elle pleure)
Elle faisait tout, elle n’était pas affective, je ne le suis pas avec mon garçon.
On ne parle pas des problèmes, on est comme ça.
Tout le monde voulait que j’avorte quand je suis tombé enceinte jeune, à la dernière minutes j’ai décidé de le garder. Maman n’était pas beaucoup malade, mais elle était très fatigué, s’endormait à table…
Elle faisait tout pour le cacher.»

La présidente lui demande:

– «Votre mère a accouché cinq fois dans les toilettes à proximité de votre chambre, vous n’avait rien entendu?»
– «Non, jamais rien entendu.»

– «Est-ce que vous aviez vu des sacs dans la maison?»
– «Je n’ai pas vu de sacs dans la maison, j’en ai vu dans le garage mais j’ai pas été curieuse.»

– «Et les odeurs?»
– «Non, jamais senti d’odeurs.»

Elle expliquera qu’en 2003/2004 elle avait entreposé des bébés oie dans le garage mais n’a jamais vu de sacs.

– «Vous parlez de cette affaire avec votre mère?»
– «Non on en parle pas.»

Elle dira en pleurant que c’était un soulagement de savoir qu’il n’y avait pas eu d’abus avec son grand père.
Sa mère ne leurs a jamais menti.
Elle expliquera qu’elle a déjà fait deux ans de détention et que ça fait trois ans qu’elle est libre et ne veut pas que sa mère retourne en prison, elle a besoin de son petit-fils.

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18h03

Témoignage de Virginie, fille de l’accusée:

«Elle faisait tout à la maison, peut-être trop…!
Elle a toujours aidé tout le monde et elle a toujours été seule, personne l’a aidé elle… (Elle pleure)
Elle est discrète, ne parle pas beaucoup, ce qu’elle a fait c’est pas normal!
On aurait pu voir sa détresse, on voulez la laissé tranquille, ne pas poser de questions.»

La présidente interroge:

– «Est-ce que vous avez senti des odeurs?»
– «Oui c’est vrai je suis très sensible aux odeurs, on me disait que c’était les pieds, l’humidité, les égouts, le linge mal séché on croyait ce que l’on nous disait.
Il y avait des sacs partout dans la maison, c’était du linge ou des papiers qu’elle devait trier.»

Elle expliquera que les circonstances de sa naissance lui seront expliquées par une cousine à l’âge de dix-huit ans. Ses parents ne lui en avaient jamais parlé.

«Elle m’a laissé croire que j’étais la file de mon grand-père…Moi j’y croyais.»

Me Berton se lève et dira:

– «Au risque de perdre ses circonstances atténuantes, elle l’a fait pour vous.»

– «Si j’avais pu, j’en serais pas là. C’est maman, je l’aime, j’espère qu’elle restera libre malgré ce qu’elle a fait, c’est notre maman.»

La présidente demande à Dominique Cottrez ses impressions par rapport à ce qui vient d’être dit.

– «J’vois qu’elles me soutiennent, on va essayer de comprendre.
On fera tout ce qu’il faut.
Avec tous les experts, j’ai compris beaucoup de choses.» elle pleure.

18h30

La présidente demande à l’accusée de se lever et d’expliquer comment elle a donné la mort à son quatrième enfant.

«  Je ne pense pas au premier bébé tué, dans ma vie rien ne change, j’reprends des relations sexuelles au bout de dix jours, je ne fais pas attention aux règles et j’me rends compte ensuite que j’ai plus mes règles, c’est la même chose.

Je mets des vêtements larges, j’me cache.
Je n’ai pas de monté de lait pendant les huit grossesses.

Viens ma crise d’épilepsie, ma sœur me conduit à l’hôpital, on me fait pas mal d’examens.
Ensuite je remonte dans ma chambre, un peu avant de faire un scanner cérébral j’avais des contractions et je ne dis rien.

Je monte dans ma chambre, je vais dans les WC qui se trouvent dans le couloir, je connaissais l’hôpital j’y avais travaillé y’a quelques années.
Ca arrivait, je suis resté un moment dans les toilettes, j’ai perdu les eaux.
Comme ce n’était pas encore le moment, je retourne dans ma chambre et je prends des serviettes, un sac et une pochette.
Dès que je sens l’envie de pousser je retourne dans les WC et je ne fais pas de bruits.

Je pousse, je pousse, j’suis dans le noir.
J’suis assise sur les WC, je sens qu’il sort, j’le récupère il est dans les toilettes.
J’le ramasse, j’me penche en avant pour récupérer le bébé, le cordon est encore là.
J’le mets dans une serviette et je sers son cou, j’le tiens dans mes bras, j’ai serré, j’entends des mouchements. J’attends assise sur les toilettes, le bébé sur moi décédé, j’attends que le placenta tombe.»

La présidente lui demande comment elle a pu faire avec le bébé dans ses bras, son surpoids, accroupi, pièce exigu et peu éclairé?

«Je mets le placenta et le nourrisson dans le sac et je ferme.
J’nettoie les toilettes avec du papier et l’eau de la cuvette et les serviettes. J’mets le sac dans l’armoire, je prends un Augmentin et j’me couche. Le lendemain je sors de l’hôpital, je mets le sac au grenier j’montais doucement marche par marche.»

Quelques instants après nous avoir raconté ce récit ignoble, elle avouera ne se souvenirs de rien, sauf du premier infanticide.
Les sept qui suivront elle ne se rappel pas, c’est confus dans sa tête.

Fin de la quatrième journée.

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