Procès Dominique Cottrez | Compte rendu J-5

Procès Dominique Cottrez |Compte rendu 01/07/2015 (5ème jour)

Cour d’assise de Douai

111-9606827

10h

La présidente demande à l’accusée de se lever pour expliquer ses autres accouchements et comment elle s’y est prise pour tuer les nouveau-nés.

«Comme pour les autres fois, j’ai procédé de la même manière…
Je ne suis pas moi-même, mais dans la panique, je ne pleure pas, ça devient une habitude»

La présidente lui posa quelques questions :

– «La serviette vous sert-elle à récupérer le bébé?»
– «Oui»

– «Après vous mettez le bébé dans le sac ?»
– «Oui»

– «Et sans la serviette ?»
– «Sans la serviette…»

– «Où avez-vous mis le sac ?»
– «Dans la garde-robe»

– «Comment avez-vous pu cacher vos bébés à votre mari ?»
– «La garde-robe c’était une cachette»

– «A chaque fois, c’était parfaitement organisé ?»
– «Oui»

– «Personne ne vous gênait ?»
– «Non, personne»

– «Est-ce que vous pouvez affirmer que votre mari n’a jamais rien su, rien soupçonné ?»
– « Oui je l’affirme »

– «Vous en êtes sûre ?»
– «Oui»

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14h30

Plaidoirie de Me Gribouva, avocat de Pierre Marie Cottrez et des deux filles de l’accusée.

Il commencera sa plaidoirie en indiquant que Pierre Marie Cottrez demande « Pardon, pardon pour son absence de soutien, pour son mutisme, pour son manque de sollicitude »

Pierre-Marie Cottrez  n’est pas le mari idéal  mais il est  fidèle et il ne l’a jamais abandonnée.

Pour ses filles, elles s’expriment chacune de façons différentes, mais elles ont de la reconnaissance pour elle, c’est pour ça qu’elles sont là.

« Oui, je défie quiconque de dire qu’elle n’était pas une bonne mère… »


15h05

Plaidoirie de Me Crespin et Me Costantino, les deux avocats de la partie civile

Me Crespin commence sa plaidoirie en regardant l’accusée :

-«Ces trente secondes qui se sont écoulées entre le moment où vous récupérez votre bébé dans la cuvette et celui où vous l’étouffez, ces trente secondes où ce petit ange avait une chance…»

Me Costantino dira qu’il y a eu beaucoup d’experts venu apporter leurs témoignages tout au long de ce procès.
«On aurait pu entendre encore d’autres experts, et ils nous auraient donné encore d’autres points de vue sur la personnalité de Mme Cottrez.»

«Si vous avez laissé trainer les sacs poubelle, c’était une façon pour vous d’interpeller votre mari.»

«On voudrait comprendre car juger c’est comprendre, mais au bout du compte on n’aura pas compris grand-chose et la seule certitude avec laquelle on sortira sera les actes commis.»

«Le sentiment de révolte absolue disant : «si les mères tuent leurs propres enfants comme des animaux, c’est la fin de l’humanité.»

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16h00

Réquisitions des deux avocats généraux Mr Eric Vaillant et Mme Cau Anne-Lise.

Mr Vaillant expliquera qu’il avait été nommé seul à la base pour instruire ce dossier, qu’il était seul à la découverte des cadavres, des reconstitutions etc…
Quelques temps avant le procès il a jugé bon de demander l’aide d’une collègue féminine, pour y voir plus clair dans cette affaire et pour mieux la comprendre.

« On dit toujours qu’un procès, c’est comme une pièce de théâtre.
Pour ce procès hors norme je dirais que j’avais l’impression d’être un biologiste qui observe au microscope.

On questionne, on essaie de comprendre ce qui a poussé Mme Cottrez à commettre ces actes…

J’ai déclaré les nourrissons à l’état civil parce que ça devait se faire.
Comme le premier bébé est né en Décembre et que c’était un garçon, nous avons pris le premier prénom masculin dans le mois de décembre.»
Puis il énumère la liste.

Son adjointe Me Anne-Lise Cau commence son réquisitoire :

Elle mettra l’accent sur les bébés, leurs souffrances.
Le temps passé à s’habituer à la voix de leur mère, la chaleur du ventre et puis soudain l’horreur absolue, le froid, la cuvette des toilettes et l’étranglement.

« Les faits auraient commencé en 1989 et ce seraient terminé vers 2004.
Au terme de ce procès on ne sait pas qui a enterré les deux premiers sacs et on ne le saura jamais.
La question qui se pose aussi, pourquoi personne n’a rien vu?
Oui pourquoi…

Quand elle tua son premier bébé elle eu des remords, c’est un humain.
Pour les autres elle n’aura aucunes émotions, à l’époque elle ne saura pas nous dire combien de bébés il y avait au total.
Ses passages à l’acte étaient conscients…

Ses filles vous ont demandé de ne pas l’emprisonner mais vous ne devez pas en tenir compte et juger sur ce qu’elle a fait !

Dominique Cottrez a de la rancœur envers son mari, elle lui en veut de l’avoir délaissée.

Mesdames, messieurs les jurés, allez-vous la comprendre?
Vous devrez juger une affaire criminelle des plus complexes. »

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Me Vaillant reprend son réquisitoire :

« Il y a un meurtre et sept assassinats.
Tout le monde a cru à l’inceste, moi le premier et on s’est planté!
Elle nous a menti pendant près de quatre ans et demi et c’est un mensonge lourd de conséquences.
Ça nous rassurait, ça nous endormais aussi…

Y a-t-il eu manipulation?
Toutes les explications plausibles sont tombées à l’eau.

Elle a sali son mari, en faisant croire qu’elle était enceinte d’un autre et qu’elle le trompait, elle a salit la mémoire de son père décédé.

Je rappelle que tous les experts qui sont venu témoigner, n’ont pas décelé de maladies mentales mais plutôt une névrose, une grande fragilité.

A notre époque on a beaucoup de solutions contraceptives, l’ivg aussi…
Pour vous les jurés, vous ne devez pas juger parce que c’est de «la faute des autres».

Pierre-Marie Cottrez est un égoïste, il est désespérant, si vous n’avez rien vu c’est que vous ne vouliez pas voir!

Il faut lui donner une peine juste, pas de perpétuité.
Il faut qu’elle retourne en prison pour prendre conscience de ses actes.
Si vous trouvez des circonstances atténuantes, j’accepte de diviser la peine par deux.

Pour votre information, je me suis renseigné sur les dernières affaires d’infanticide, en 2012 ici à Douai, une mère a été acquittée pour tentative d’infanticide et toujours la même année Mme Lesage dans le département de la Manche, a été condamnée à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre de ses six nourrissons.
Je vous demande de juger sans compassion et sans haine.
Je demande dix-huit années de réclusions criminelles.»

Ndlr : Étant aux termes de ce procès, nous ne comprenons toujours pas ce qui a poussé cette femme à commettre ces actes barbares et d’un autre temps.
Demain le verdict sera prononcé.

Fin de la cinquième journée.

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