Pologne : le tribunal de Cracovie refuse l’extradition de Polanski

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Le tribunal de Cracovie a refusé vendredi 30 octobre l’extradition vers les Etats-Unis du cinéaste Roman Polanski, accusé de viol sur mineure.

Elle était réclamée par la droite polonaise conservatrice, tout juste victorieuse aux élections législatives.

 Le cinéaste Roman Polanski, le 25 février. | Alik Keplicz / AP

Le cinéaste Roman Polanski, le 25 février. | Alik Keplicz / AP

« Le tribunal a conclu à l’inadmissibilité d’extradition aux Etats-Unis du citoyen polonais et français Roman Polanski », a déclaré devant la presse le juge Dariusz Mazur.

Le parquet polonais qui représente la requête américaine peut toutefois aller devant la cour d’appel.

« Je n’avais pas de doute »

« Je suis évidemment très heureux que cette procédure touche à sa fin. Cela m’a coûté beaucoup d’efforts, de problèmes pour ma santé et aussi pour ma famille, a réagi le cinéaste lors d’une conférence de presse. Je suis content d’avoir fait confiance à la justice polonaise. Je n’avais pas de doute que cette affaire allait bien se terminer. Je retourne à ma famille. »

La veille de la décision, un ex-ministre de la justice et ténor de la droite conservatrice s’est déclaré en faveur de cette extradition, marchant dans les pas du chef de son parti conservateur catholique et populiste Droit et justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski.

Début octobre, M. Kaczynski disait « rejeter l’idée de gracier quelqu’un, du simple fait qu’il soit un réalisateur éminent, mondialement connu ». Jeudi, Zbigniew Ziobro, élu député sur les listes du PiS, affirmait à son tour : « On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d’avoir abusé d’une mineure », insistant que « la pédophilie est un mal qu’il faut poursuivre ».

Demande d’extradition américaine depuis janvier

En janvier, les Etats-Unis avaient adressé à la Pologne une demande d’extradition de Roman Polanski, 82 ans, après une apparition publique à Varsovie du réalisateur du Bal des Vampires et de Rosemary’s Baby.

En 1977, en Californie, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, 13 ans. Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure s’était enfui des États-unienne avant la lecture du verdict, craignant d’être lourdement condamné.

Aucune mesure préventive prise en Pologne

La ligne de défense de ses avocats polonais consiste à démontrer que la demande d’extradition n’est pas fondée, compte tenu de l’accord passé à l’époque entre le cinéaste et la justice américaine. Aux termes de cet accord, accepté selon eux par le procureur et les avocats de la victime, la peine prévue a été purgée par leur client.

Le 22 septembre, en présence du cinéaste, ses avocats avaient présenté au tribunal de nouveaux documents, analyses d’experts et témoignages réunis lors des procès précédents aux Etats-Unis et en Suisse. A la sortie du tribunal, M. Polanski avait déclaré :

Je voulais savoir quels documents seront présentés et reconnus (valables) par le tribunal. Je suis content que presque tous aient été acceptés.

Le 25 février, lors de la première audience, le cinéaste avait fourni pendant neuf heures des explications, à huis clos. Aucune mesure préventive n’a été prise en Pologne contre Roman Polanski, citoyen polonais et français, qui reste entièrement libre de se déplacer.

Source: http://mobile.lemonde.fr/

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