Poitiers | Un père violent et incestueux condamné à 30 mois de prison ferme

Un quadragénaire a passé sa première nuit en prison à l’issue de sa condamnation, hier, pour des violences et agressions sexuelles sur ses enfants.

Le Palais de justice de Poitiers. © (Photo archives)

Un père de famille de 42 ans a été condamné à 30 mois de prison ferme, vendredi 18 octobre 2019, par le tribunal correctionnel de Poitiers.

Il a été pris en charge par une escorte policière dès l’énoncé du délibéré pour purger cette peine au centre pénitentiaire de Poitiers Vivonne (1).

Il a été reconnu coupable par les magistrats de faits de violences sur ses trois enfants et de plusieurs agressions sexuelles incestueuses sur deux adolescents, dont sa fille.

Petite mère courage, c’est grâce à cette adolescente si cette histoire sordide a pris fin.

Elle avait décidé d’en parler avant tout « pour protéger ses frères » à une psychologue scolaire, peu avant les vacances de Noël, en décembre 2018 :

« Il arrive que papa me gifle, parfois avec un balai.

Il boit.

Quand il me tape, j’ai envie d’appeler le 119 (2).

Et depuis quelques jours, il me touche les parties intimes et la poitrine.

Il me prend pour son objet, je n’ai pas le droit de sortir avec un garçon. Je suis sa chose… »

Dans cette maison d’une commune proche de Poitiers, les enquêteurs avaient découvert que ce maçon s’alcoolisait quotidiennement avant de cogner fort : gifles, coups de poing, de pied…

Et dans les vapeurs éthyliques, il dérapait : une vingtaine d’attouchements reconnus sur le sexe et la poitrine de sa fille et des masturbations sur le fils de sa compagne :

« Trois ou quatre fois, pour lui apprendre la sexualité. »

Droit comme un I face aux magistrats, la tête basse et le verbe absent, le père n’a rien dit. Ou si peu.

Et sa femme n’avait rien fait, malgré les alertes répétées de sa fille.

« Ce que vous avez fait, c’est bien ou c’est mal ? » s’est énervé le procureur face au père mutique.

« C’est pas bien », a murmuré le prévenu sans convaincre.

Comme souvent dans ce type de dossier, le père incestueux « au niveau intellectuel normal mais peu élaboré », selon le psychiatre, avait lui même été victime d’agressions sexuelles dans son enfance.

« Ce dossier est celui de la vulnérabilité absolue », a résumé Me Lucas Hervé, avocat de la mère de famille qui s’est constitué partie civile (mais qui a été déboutée dans sa demande) alors qu’elle souhaite revivre avec le prévenu.

« Oui, elle est mise en cause dans cette procédure mais elle est victime, objectivement. Elle avait le droit et le devoir moral de venir ici. »

Les avocats des enfants et du père biologique d’un des enfants (avisé des faits six mois après le début de l’enquête) ont demandé 4.000 € pour le préjudice moral des mineurs.

« Ce sont trois gamins bousillés », a estimé le procureur en évoquant la responsabilité d’un père « à la personnalité extrêmement inquiétante ».

Les réquisitions très lourdes ont été à la hauteur de l’inquiétude ressentie par le ministère public : 5 ans de prison ferme, mandat de dépôt, suivi socio-judiciaire pendant 5 ans, interdiction d’entrer en contact avec les victimes, retrait de l’autorité parentale et privation des droits civiques.

« Vous allez devoir vous pencher sur sa personnalité, a prévenu Me Aurélia de la Rocca, avocate du prévenu.

Les réquisitions sont totalement disproportionnées, pas adaptées au dossier.

Ce n’est pas un prédateur, il n’a pas de penchant pédophile.

En revanche, il est extrêmement mal construit. Il ne sait ni lire, ni écrire, son père l’a fait boire dès l’âge de 12 ans et sa mère lui imposait des attouchements sexuels.

Il n’a pas la capacité intellectuelle pour reconnaître, demander pardon, c’est hypocrite de requérir une peine aussi lourde. »

(1) La peine ferme sera suivie d’un suivi socio-judiciaire de trois ans.

Il aura interdiction d’entrer en contact avec une des victimes, devra payer les sommes demandées (4.000 € pour deux enfants ; 2.000 € pour le troisième ; 500 € pour le père biologique d’un des enfants).

Le prévenu est désormais inscrit au fichier des délinquants sexuels (Fijais).

(2) Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger. Le n° 119 est gratuit et joignable 7 jours/7 et 24 h/24.

Source : La Nouvelle République

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