Plus de 9000 fichiers pédopornographiques sur son ordinateur

VERDUN : PLUS DE 9.000 FICHIERS PÉDOPORNOGRAPHIQUES SUR SON ORDINATEUR

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Il a toujours eu du mal avec son apparence. Depuis tout petit. « Vous savez, c’est difficile quand on vous traite toujours de gros porc, de gros plein de soupe à l’école. » Les larmes aux yeux, Stéphane* tente d’expliquer l’inexplicable devant la barre du tribunal correctionnel de Verdun. Il était jugé ce mercredi pour détention de plus de 9.000 fichiers pédo-pornographiques sur son ordinateur. Photos et vidéos mettant en scène des enfants, parfois très jeunes, ayant des relations sexuelles avec des adultes. Le Verdunois, très inséré dans la vie, a été mis en cause après qu’un réseau pédophile grec a été démantelé. Il a été confondu par son adresse IP. Le trentenaire reconnaît les faits. Il a même un grand besoin d’en parler. « Je suis allé voir un psychiatre mais il m’a dit qu’il me recevrait seulement quand j’aurai été condamné. » Ce n’est pas la première fois qu’il se fait suivre pour ce problème. « J’ai commencé à télécharger des fichiers de ce genre en 1999, jusqu’en 2004. Ensuite, j’ai fait des études, acheté une maison. Je n’y pensais plus. Jusqu’en 2012. Là, ça a été la descente aux enfers. » Tous les week-ends, le prévenu télécharge et partage des fichiers interdits avec d’autres internautes. « En fait, j’ai toujours été précoce. Plus poilu que les autres. »

« C’est la société qui m’a fait comme je suis »

Vers 15 ans, il ressent quelque chose pour un autre adolescent : « Je n’arrive pas à oublier ce corps-là. » Il aime avant tout les physiques imberbes. « Oui mais il y a des adultes qui sont comme ça ! », lui lance une assesseur du tribunal. « Vous savez, je discute sur des sites gays. Mais quand j’envoie une photo de mon corps il n’y a plus de son plus d’image. » Un autre juge lui fait remarquer qu’il exagère peut-être un peu : « Quand on vous voit, on ne se dit pas que vous êtes moche ! La moitié de la population le serait sinon… » Pourtant, Stéphane n’en démord pas : « C’est la société qui m’a fait comme je suis. »

L’expert psychiatrique note « une personnalité très perturbée » avec une « nécessité impérative de prise en charge psychiatrique avec injonction de soins. » À la barre, le Verdunois ne minimise pas ce qu’il ressent. Il est clair : « J’ai toujours refusé d’encadrer des colonies de vacances ou de travailler avec des enfants. » Sa famille n’est pas au courant. Quelques-uns de ses amis, oui : « C’est trop lourd à porter. Je me serais déjà pendu si je n’avais pas pu me confier. » Il évite d’ailleurs de se retrouver au contact des enfants de son entourage : « Je ne veux pas tenter le diable. »

Blessures narcissiques

Ce qu’il veut, lui, c’est rencontrer un adulte stable, avec qui il serait bien. Mais il est exclusivement attiré par des corps jeunes, « les plus imberbes possibles » : « Oui mais il va vieillir un jour vous savez… », souligne un magistrat. Pour la substitut Millière, « les faits sont inquiétants » et il y a un risque de passage à l’acte. Elle requiert un suivi sociojudiciaire de 5 ans avec injonction de soins. Me Héchinger défend le Verdunois : « Il faut l’admettre, quand j’ai préparé le dossier j’ai fait les photocopies tout seul par égard pour ma secrétaire. Certaines photos sont vraiment dégueulasses ». Mais il le dit : « Avoir une attirance ne fait pas de vous un délinquant. » Il s’appuie sur des études qui montrent que seuls 1 % des gens qui détenaient ce genre d’image sont passés à l’acte. Son client souffre de « blessures narcissiques depuis l’enfance», dit-il. Avant d’ajouter : « Parfois, quand on grandit, on se les trimballe toute notre vie… » Stéphane a été condamné à un suivi sociojudiciaire d’une durée de 5 ans avec injonction de soins. S’il ne le respecte pas, il pourra écoper d’une peine d’un an de prison. De plus, son nom sera inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS).

*Le prénom a été modifié

Emilie FIEROBE

Source: http://www.estrepublicain.fr/

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