Périgueux | Deux ans ferme pour la mère incestueuse

Une femme de 36 ans a été condamnée à 2 ans ferme mercredi, pour avoir agressé sexuellement l’une de ses filles.


La victime avait une dizaine d’années au moment des faits. Elle a aujourd’hui 19 ans. Photo AFP

Le tribunal correctionnel de Périgueux, en Dordogne, a prononcé mercredi une peine de deux ans d’emprisonnement à l’encontre d’une Ribéracoise de 36 ans reconnue coupable d’agression sexuelle par ascendant.

Elle était jugée pour le viol de sa fille, à l’âge où celle-ci fréquentait l’école élémentaire. La victime est aujourd’hui âgée de 19 ans.

Ce procès, inhabituel de par la rareté des affaires de mère incestueuse, a été marqué par le récit des parcours de vie au fil de l’audience. Le dossier était initialement destiné à une cour d’assises, un acte de pénétration digitale ayant été commis. Mais avec l’accord des différentes parties, il a été correctionnalisé.

L’agression est survenue il y a une dizaine d’années sans que l’on puisse précisément la dater, à Segonzac. Cela s’est produit chez un ami de beuverie, alors que deux autres de ses filles dormaient dans un lit voisin. Elle les avait pour le week-end dans le cadre d’un droit de visite. Ce soir-là, la mère de famille avait partagé un cubitainer de rosé et une bouteille de pastis avec son hôte : « Je ne me souviens pas de tout. Je me souviens des gens à côté, de ma fille qui pleurait et du lendemain matin dans la cuisine. » C’est au matin qu’elle lui a demandé d’enfouir le secret. Mais au début de l’année 2013, l’enfant a fini par se confier à son professeur de français.

La faute au karma …
À son procès, la trentenaire n’a pas nié. Mais elle a eu tendance à se réfugier derrière un mauvais « karma » pour justifier ces choix qui l’ont dirigée vers la bouteille et les compagnons violents. Elle-même a été placée à l’âge de 15 mois. Sa propre mère introduisait de la bière dans son biberon, déféquait sur le siège des juges au tribunal des enfants. Mercredi, la prévenue a révélé, sur invitation de son avocate, avoir été violée. Elle avait 8 ans, c’était, dit-elle sans que les faits puissent être vérifiés, dans sa famille d’accueil.

« De par son histoire, elle pourrait en faire des tonnes. Elle ne le fait pas car elle est dans un schéma l’amenant à ne pas véritablement avoir conscience d’avoir été victime à un moment donné », dit son conseil, Me Caroline Vergne, appelant le tribunal à prendre en compte, outre cette vie abîmée, son absence d’antécédents en matière d’infractions sexuelles et un acte isolé, jamais renouvelé.

À 18 ans, elle s’est mariée avec le compagnon de sa mère. Les grossesses se sont enchaînées, l’ivresse est devenue son encombrant complice. Sa fille aînée a dû la suppléer très tôt, nourrissant ses sœurs, les lavant, les couchant : « C’était mon double, je lui disais tout », précise la prévenue. Y compris ce que l’on ne dit pas à une enfant. « Je lui dis merci d’avoir crevé l’abcès. J’espère qu’elle essaiera d’être heureuse, qu’elle continuera comme elle peut. Elle reste ma fille.  »

« Elle est dans la résilience », relève pour la partie civile Me Nathalie Landon, admirative du courage de sa jeune cliente. Sa déposition a commencé par ces mots : « Je me souviens, petite, je ne pouvais pas vivre sans toi. » Elle s’est terminée ainsi : « Je ne te pardonnerai pas. Je ne te ressemblerai jamais et je ferai tout pour. » À la barre, aussi droite que sa mère était courbée, elle tenait à montrer qu’en ce qui la concerne, elle ne se laisserait pas écraser par les boulets du passé.

Outre la peine d’emprisonnement, le tribunal a décidé d’inscrire le nom de sa génitrice au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Elle devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire d’une durée de quatre ans impliquant une obligation de soins et verser 15 000 euros au titre des dommages et intérêts.

Source : sudouest.fr

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