Béthune | L’ancien sous-directeur du collège Saint-Vaast condamné à 6 mois avec sursis

Pour ce sexagénaire, ancien sous-directeur du collège Saint-Vaast à Béthune, ce n’était qu’un jeu. Pour l’ado de 13 ans, le fils d’amis, c’est une agression sexuelle.
Malgré la relaxe demandée par son avocate, le tribunal a condamné le prévenu.

« Le prévenu donne l’impression de prendre ça avec une grande légèreté », estime le procureur.
« Le prévenu donne l’impression de prendre ça avec une grande légèreté », estime le procureur.
« Mettre les mains sous les fesses d’un enfant, ça arrive rarement », rétorque le président au prévenu qui explique que c’est arrivé en jouant avec l’ado de 13 ans, fils d’amis, qui venait manger certains midis chez lui, à Annezin.

« C’était à l’occasion de nos jeux. On se bagarrait gentiment et il me traitait de PD sexuel. Je ne serais jamais allé jusqu’au bout. Je n’aurais pas dû ! »

Présente à l’audience, la victime confirme et montre les fesses avec ses mains. « Il me disait que si je n’arrêtais pas de l’embêter, il me toucherait le sexe », raconte l’ado au tribunal. « Sur le ton de la plaisanterie », ajoute-t-il. « Il aurait pu le faire ? » demande le président. « Je pense. »

« Je n’ai rien ressenti. Ce n’était pas sexuel. Je n’ai aucun désir », se défend le prévenu. « Ce n’est pas ça qui rend l’infraction non punissable », note le président.

Ce monsieur de 62 ans a fait toute sa carrière au collège Saint-Vaast à Béthune, jusqu’en août 2014, quand il gérait les emplois du temps et a été responsable de l’internat. Le directeur de l’établissement scolaire privé a été auditionné pendant l’enquête.

Les faits se sont produits entre janvier et novembre 2015. L’ado a fini par en parler à son père une fois que lui-même lui a confié avoir été victime de viol au même âge par un membre du personnel du collège Saint-Vaast.

« Déni »

Lors de la perquisition au domicile du mis en cause, neuf photos pornographiques ont été retrouvées sur un de ses ordinateurs, dont deux avec des mineurs. Il reconnaît avoir cherché des vidéos pornos mais n’explique pas comment ces photos se sont retrouvées sur son ordinateur.

« Le prévenu est dans le déni », affirme l’avocate de la partie civile, Me Hecquet, qui relate des conversations ambiguës. Le sexagénaire demandait à l’ado s’« il se branlait », par exemple. « Est-ce que le prévenu ne s’interroge pas sur sa sexualité au point de rechercher un plaisir par des contacts avec l’ado ? »

« Il Ne faut pas se cacher derrière des mots »

L’entourage du sexagénaire a été surpris, voire stupéfait quand les faits ont été révélés. Lors de l’audience, la représentante du parquet s’est dit aussi très surprise.

« Le prévenu donne l’impression de prendre ça avec une grande légèreté. Son comportement est surprenant et inquiétant. C’est un jeu à connotation sexuelle ! Il ne faut pas se cacher derrière les mots, estime le procureur de la République. C’est la répétition qui fait dire à l’adolescent que c’est sexuel. Les personnes qui agressent les mineurs le font souvent sous forme de jeux. »

Devant l’absence de « prise de conscience », elle requiert la nécessité d’imposer un suivi et des soins.

Si le tribunal l’a suivie sur ce point, il a choisi de le condamner à une peine moindre : six mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, au lieu de deux ans avec sursis et mise à l’épreuve.

Il est relaxé pour la détention d’images. Et doit verser 2 500 € au titre de dommages et intérêts.


« Un dossier de pédophilie, c’est pas ça ! »

« Un dossier de pédophilie, c’est pas ça ! », assure Me Cocquempot, qui plaide la relaxe.

« Il n’y a pas d’élément moral, pas d’intention. C’est le papa qui a commencé à poser beaucoup de questions à son fils, en pensant à sa propre histoire de viol par un professeur du collège Saint-Vaast. Lors de ce scandale monstrueux qui s’est terminé aux assises, des questions ont été posées dans tous les sens. Si mon client était un pédophile, on l’aurait su ! »

Alors, l’adolescent aurait-il menti ? « Non, il a interprété des choses. Même la maman le dit au début qu’elle pense qu’il a mal interprété. On ne peut pas condamner quelqu’un parce qu’un jeune a interprété des choses ! »

Les éléments matériels ? « Oui, il y a eu des bousculades entre eux deux. Mais pas de caresse. Il a posé la main sur les fesses dans le cadre de petites bagarres. »

L’avocate reconnaît la personnalité « complexe » du prévenu, reconnaît qu’il a peut-être « outrepassé son rôle en posant à l’ado des questions sur sa sexualité, avec des propos qui ne sont pas adaptés mais ce n’est pas condamnable. Ce n’est pas un pervers. S’il se cachait, il ne serait pas venu au tribunal accompagné par son fils, son oncle, des amis du collège… »

Source: http://www.lavoixdunord.fr/

NDLR: L’excuse habituelle des avocats et des magistrats quand le parent protecteur a été victime dans son enfance: “C’est le papa qui a commencé à poser beaucoup de questions à son fils, en pensant à sa propre histoire de viol par un professeur“. Consternant, il nous arrive de lire ces propos dans les jugements rendus par les JAF ou JDE, tant d’années d’études pour arriver à cette conclusion …
Et on nous parle de droit, scandaleux !

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