Paris | Coups de ceinture, vingt passes par jour : l’enfer de Grace, petite fille de 10 ans, enrôlée dans un réseau de prostitution

Ce lundi, le procès de six personnes, soupçonnées d’être à la tête de deux réseaux de prostitution, va débuter à la cour d’assises de Paris. C’est le témoignage de Grace, qui avait dix ans lorsqu’elle a été enrôlée dans ces réseaux, qui a permis d’inculper les suspects.

© Remi WAFFLART/MAXPPP

Sordide et à la fois précieux. Pleine de courage, Grace* a fourni un important témoignage auprès des forces de police. Cette petite fille originaire du Nigeria a vécu le pire : celle-ci faisait partie d’un réseau de prostitution en Ile-de-France. 

Ce lundi, six personnes suspectées d’avoir organisé des réseaux, dont Grace faisait partie, vont comparaître devant la cour d’assises de Paris.

Le témoignage de la fillette a permis de faire tomber le cartel.

Dans les faits, Grace n’a que neuf ans lorsque ses parents décèdent.

Elle est alors au Nigeria : elle travaille dans un salon de coiffure, où elle rend quelques services, décrit Le Parisien.

Une cliente lui propose alors de partir en France pour rejoindre sa propre fille, et pour trouver un travail dans la coiffure.

Le prix du billet : 40 000 euros, que la fillette devra rembourser.

Et pour s’assurer que Grace tiendra sa parole, la petite fille se fait marabouter au cours d’une séance de « juju », une cérémonie religieuse durant laquelle celle-ci se voit contrainte de manger le foie d’un poulain et de boire de l’alcool.

Le prix du billet ne coûte pourtant pas aussi cher.

Vingt passes par jour

Durant son voyage, l’orpheline traverse la Lybie.

Sur place, elle raconte avoir échappé à une tentative de viol.

Là voilà qui arrive à Paris en 2014.

Sur place, pas de salon de coiffure.

Mais la petite fille rencontre une femme du nom de « Angel », qui va alors l’enrôler dans un réseau de prostitution nigériane.

Obligée de rembourser son trajet, Grace va réaliser une vingtaine de passes par nuit au Bois de Vincennes et dans la rue Saint-Denis.

Elle doit rembourser près de 600 euros par jour et quelque 1 000 euros le dimanche.

Elle doit également payer 650 euros par mois pour un pavillon qu’elle loue à Goussainville (Val-d’Oise).

Sur place, la jeune orpheline loge avec trois autres filles, dans la même situation qu’elle.

Selon Le Parisien, si Grace ne parvenait pas à payer, elle était victime de coups de ceintures.

Dans cette affaire, ce qui pose aussi question, c’est forcément l’âge de la victime :

 « J’ai fait beaucoup d’argent pendant cette période parce que je suis très jeune et tout le monde veut me prendre moi », a confié l’enfant à la juge d’instruction.

La jeune fille présenterait des symptômes post-traumatiques.

Un « système très organisé »

« Angel » et cinq autres personnes ont été interpellées en 2016.

Celle-ci a reconnu les faits devant les enquêteurs.

Grace quant à elle a été placée en famille d’accueil.

« L’âge de cette victime donne à ce procès une résonance particulière, relate Me Noémie Saidi-Cottier, qui représente l’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE), partie civile.

On est face à un réseau parfaitement rodé avec des groupes mafieux qui opèrent au Nigeria et en France.

Ce n’est malheureusement pas un épiphénomène mais un système très organisé qui exploite désormais des filles de plus en plus jeunes. »

Le verdict est attendu pour le 6 décembre prochain : les six personnes soupçonnées d’avoir participé à ces réseaux de prostitution seront jugées pour « traite d’être humain en bande organisée ».

Il s’agit d’un crime passible de 20 ans de prison.

*nom d’emprunt

Source : La Dépêche

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