Nevers | Beau-père pédocriminel de 63 ans accusé d’inceste sur sa belle-fille

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Pédocriminel En liberté

La justice retrouve le beau-père abuseur pour l’enfermer et… le remettre finalement en liberté
Un procès pour des attouchements sur sa belle-fille, un cunnilingus, des pénétrations digitales, une demande de fellation… alors qu’il avait 54 ans et qu’elle en avait 13.

Un mois et demi de détention ont apparemment fait réfléchir le Nivernais de 63 ans qui a commis des atteintes sexuelles sur la fille de son ancienne compagne.

Il a reconnu les attouchements. Enfin.

Et, au terme d’un second procès, mardi 29 juin, à Nevers, sa peine ferme a été transformée en sursis.

« Je suis musicien. Je devais avoir des concerts à cette époque. J’ai complètement oublié la date de la convocation. »

Ce n’est pas un rendez-vous chez le dentiste qui lui est sorti de la tête, c’est un procès pour des attouchements sur sa belle-fille, un cunnilingus, des pénétrations digitales, une demande de fellation… alors qu’il avait 54 ans et qu’elle en avait 13.

« Comment peut-on oublier une convocation pour des faits aussi graves ? »,

réagit la présidente du tribunal correctionnel, Florence Pillet.

Le 23 février, elle prononçait, en l’absence du prévenu, sa condamnation à 3 ans de prison et décernait un mandat d’arrêt à son nom. Il a été retrouvé.

Il a fait opposition au jugement.

Il comparaît donc.

« Que de temps perdu »,

déplore Axel Schneider, vice-procureur.

« Cela fait 7 ans, maintenant, que [la victime] a révélé les faits. »

 

Il admet des gestes, mais pas tous ceux qu’elle décrit

Le parquet n’est pas innocent à l’affaire, ayant classé sans suite la première plainte pour « infractions insuffisamment caractérisées ».

Les parents ont saisi un juge d’instruction, qui a conclu dans un sens opposé.

Le consentement de l’enfant ne change rien à l’affaire. Elle ne s’est pas opposée aux premiers gestes, dont elle ne comprenait pas la portée.

Quand ils sont devenus plus invasifs, elle s’est décrite « comme hypnotisée », une réaction connue des experts et parfois qualifiée de « cécité émotionnelle ».

Le prévenu a posé plusieurs lapins au magistrat instructeur (d’autres concerts ?). Il n’est venu qu’une fois, pour la confrontation avec la victime, devant laquelle il a expliqué qu’elle l’aguichait et qu’il n’avait, malgré cela, rien fait de répréhensible.

Changement de cap à la barre : il reconnaît, pour la première fois, des actes déplacés.

Des bisous sur la bouche et des caresses sur le sexe. Mais

« 2 ou 3 fois seulement » et,

surtout,

« sans aucun but pervers »,

alors que la jeune fille parle d’atteintes régulières et d’une demande en mariage avec promesse de la mettre enceinte.

 

« Jamais je ne lui pardonnerai. Jamais, jamais, jamais.»

« Hi, hi, mais c’était en plaisantant… »,

dit-il aujourd’hui, dans un rire nerveux.

« J’ai manqué de retenue. Mais je n’aurais jamais été plus loin, je vous jure. Je demande pardon à la maman, à la fille et au papa. »

Tous les 3 sont dans la salle.

« Jamais je ne lui pardonnerai. Jamais, jamais, jamais »,

rétorque la mère.

Me Sophie Allaert, l’avocate de la famille, rappelle les conséquences pour une enfant « déjà sensible ». « Un tank lui est passé dessus. » Elle souffre d’anorexie. À la pire période traumatique, elle pesait « 38 kg pour 1,62 m » et il a fallu l’hospitaliser.

Ce mal-être l’a conduite à « tenter de se suicider en se plantant des ciseaux dans la cuisse. » Elle évoque aussi une séquelle qui, pudiquement, n’est pas souvent abordée dans les prétoires : le préjudice sexuel.

« Elle a eu un flirt, mais n’a jamais eu de relations sexuelles avec lui. Je lui ai demandé si elle en avait envie, elle m’a dit que ça ne l’intéressait plus. »

En défense, Me Jean Chevais rejette les accusations de la partie adverse. Non, il n’a pas poussé son client à des « demi-aveux » pour pouvoir plaider une peine moindre.

« Même s’il ne reconnaît qu’une partie des faits, il est dans un processus. Un mois et demi de détention lui ont permis de réfléchir. Et ce qu’il a dit en deux heures de procès, c’est déjà beaucoup. »

Il cite également une liste de « 11 grands musiciens de jazz » ayant écrit une lettre pour soutenir le prévenu,

« un homme exceptionnel ».

Mais quel rapport l’art entretient-il avec ces faits ?

Le tribunal condamne, à nouveau, le sexagénaire à 3 ans de prison.

Mais il assortit, cette fois, la sentence de 2 ans de sursis probatoire avec obligations de se soigner, d’indemniser et de travailler.

L’année de détention restante est aménageable. Le beau-père est, par conséquent, remis en liberté, avec un rendez-vous devant le juge d’application des peines.

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