Montpellier | Un père accusé de faits incestueux maintenu en détention

non

“Votre ADN retrouvé dans l’intimité de votre fille. Ça ne trompe pas”
photo d'une adolescente tendant la main pour échapper a l'agression
Placé en détention provisoire en janvier 2020 pour menaces, emprises, violences verbales, physiques et sexuelles ainsi que des faits de viols, un quadragénaire demandait sa remise en liberté.

L’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Montpellier, Maître Jacques Martin, face aux magistrats de la chambre de l’instruction, s’insurge :

“En cinquante ans d’exercice, j’ai rarement vu un dossier aussi odieux. Un dossier épouvantable avec une personnalité aussi détestable et détestée”.

“Alors qu’il a abusé sexuellement de sa fille de 18 ans, lui dit “qu’il ne s’agit pas d’un viol mais d’une relation d’amour”. C’est honteux. Terrifiant. Ce dossier doit être jugé aux assises. C’est le procès de la confiance trahie. D’autant que cette petite n’est pas la seule à avoir été victime de ses agissements inqualifiables. “

L’atrocité de ce huis clos intrafamilial s’est fait jour en janvier 2020, lorsque la plus jeune des trois filles d’un couple séparé fuit la Côte d’Azur, en laissant une lettre dans l’appartement qu’elle partageait avec son père. Un courrier dans lequel elle explique que :

“Elle n’en peut plus de toutes ces souffrances endurées”.

Rejoignant le domicile de sa mère, à la cité Paul-Valéry à Montpellier, la parole va alors se libérer en présence de ses deux sœurs.

Les quatre vont, tour à tour, déposer plainte pour des menaces régulières, des phénomènes d’emprise, des violences physiques, verbales et sexuelles et même des faits de viols, subis durant de trop longues années.

Maître Martin renchérit :

“Elles étaient toutes terrorisées et sous l’emprise exercée par ce mâle dominant sicilien qui les a éduquées de façon autoritaire et qui n’est autre qu’un pervers narcissique”.

Et l’avocat général de poursuivre :

“C’est la famille dans tout ce qu’elle peut être d’horrible. C’est-à-dire un lieu d’enfermement, d’emprise et de prison. Je suis d’accord avec vous monsieur, le mal existe. Mais ce n’est pas comme vous le prétendez le plan diabolique de quatre femmes qui voudraient vous évincer. Non, c’est plutôt ce que vous avez commis. La preuve en est, malgré toutes vos dénégations, vous allez être confondu par une expertise génétique qui va révéler que votre ADN a été retrouvé dans l’intimité de votre fille. Et ça, ça ne trompe pas.”

Face à de telles accusations, Maître Élise de Foucauld, qui soutenait la remise en liberté de ce père de famille de 47 ans, a préféré contre-attaquer plutôt que faire profil bas.

“Sortons un peu de “Bisounours Land” et arrêtons de dire que le dossier d’un homme qui a couché avec sa fille, majeure, c’est le pire de ce qui sera jamais proposé devant votre cour.”

“Surtout lorsqu’on écoute les déclarations de cette jeune femme s’exprimer sur ces relations sexuelles et qui dit : “Je me suis rapprochée de mon père pour combler un manque affectif avec les garçons. Il me touchait les seins mais je ne voyais pas le mal”.

Sur le volet des violences physiques, elle parle “d’affabulations, d’exagérations et de mensonges”.

“Vous avez dans ce dossier des accusations plus fantastiques les unes que les autres. Une ex-femme qui dit qu’elle ne compte plus les traces qu’elle a sur le corps. Mais aucun examen ne va les révéler.”

“On reproche aussi à mon client d’avoir jeté de la fenêtre du 2e étage le petit copain d’une de ses filles. Et d’avoir roulé sur le pied d’un autre qui serait resté handicapé. L’une de ses filles dit encore avoir été frappée à coups de bûche en 2019 tandis qu’une autre se serait fait tirer dessus en 2015. Mais à chaque fois, aucune plainte n’est déposée. C’est ça, ce dossier.”

Des arguments qui n’ont pas convaincu les magistrats de la cour d’appel, qui viennent de confirmer le maintien en détention du mis en cause.

Depuis la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, ce père de famille de 47 ans a confié face caméra :

“Ça fait deux ans que je suis en prison pour des faits que je n’ai pas commis. On m’a notamment collé cette étiquette de violeur que je ne peux pas accepter. Parce que ce qui s’est passé entre moi et ma fille, c’est une relation d’amour. On a dépassé les limites tous les deux et je le regrette aujourd’hui.”

“Pour autant, j’aime trop ma fille malgré tous les mensonges qu’elle a racontés sur moi. Aujourd’hui, je dois passer à autre chose. J’ai besoin de me reconstruire. Psychologiquement, c’est très compliqué. Je ne peux plus rester en prison. J’ai perdu 40 kg en deux ans. Je n’ai rien à faire ici. Je ne suis pas l’homme qu’on décrit.”

Source(s):