
Maurepas | Le père de famille récidiviste condamné à 3 ans ferme
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 06/02/2025
- 18:25
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Les larmes aux yeux, le doigt pointé en avant, la procureure a choisi de dire son « écœurement », ce vendredi, devant le tribunal correctionnel de Versailles (Yvelines).
Sa « grande inquiétude », aussi, face à cet homme de 49 ans jugé pour la détention de plus d’un demi-million d’images pédopornographiques entre octobre 2022 et décembre 2023.
Lors de la perquisition chez ce père de famille, à Maurepas, le 6 décembre 2023, les enquêteurs ont saisi du matériel informatique qui contenait 657 000 photos et 30 000 vidéos.
Vertigineuse plongée dans ce que le prévenu appelle, à grand renfort de périphrases édulcorantes, sa « problématique pédophile ».
« Lorsqu’on est magistrat, on est confronté tous les jours à des choses terribles. Mais là, monsieur… ces images. Je suis absolument écœurée par ces scènes que j’ai été contrainte de regarder pour préparer cette audience, martèle la procureure, Aïda Homman-Ludiye. Je n’arriverai jamais à m’en débarrasser »
Sur le fichier des délinquants sexuels depuis 2014
Dans le dédale des fichiers informatiques de Thibault D., graphiste, père de deux enfants aujourd’hui âgés de 14 et 20 ans, les photos et les vidéos faisaient l’objet d’un classement scrupuleux, soumis à une « méthodologie terrible » décrite par la procureure à l’audience.
Le président, Olivier Martin, égraine jusqu’à l’indigestion les titres de cet invraisemblable référencement. Cramponné à la barre, le prévenu, petits mocassins en daim, pantalon en toile, chemise grise, en vient lui-même à écouter cette litanie les yeux fermés tant le catalogue retourne l’estomac.
Sur ces images traquées par le graphiste dans les méandres du darknet, les enfants ont pour la plupart moins de 12 ans. Et tout y passe. Jusqu’à la zoophilie. Jusqu’à ces activités pédopornographiques « sadiques ou bestiales ».
Le père de famille a été démasqué grâce à un signalement sur la plate-forme Pharos, qui permet de pointer la consultation de contenus suspects ou illicites. Il était déjà fiché depuis 2014 au FIJAIS, le fichier qui recense les délinquants sexuels, pour une agression sur sa nièce de 4 ans et une précédente affaire d’images pédopornographiques
À la barre, il raconte son divorce en 2019. Sa « solitude » de l’époque, jusqu’à sa rencontre avec son actuelle compagne, professeure de japonais à l’université. Et cette « nouvelle plongée », associée au « retour de [ses] vieux démons ».
Il évoque aussi ce suivi psychiatrique qu’il a souhaité poursuivre au-delà de la durée qui lui avait été imposée par la justice en 2014.
« Vous êtes descendu dans les abîmes »
« Ma volonté était de poursuivre jusqu’à ce que je me sente complètement tiré d’affaires, explique-t-il. J’étais persuadé que c’était fini. »
« Manifestement, c’est un échec, tance le président. C’est plus qu’une plongée : vous êtes descendu dans les abîmes. »
Le magistrat joue son va-tout : il fait venir le prévenu jusqu’à lui. Et tourne l’écran de son ordinateur pour le confronter à ces images insoutenables.
Le graphiste éclate en sanglots. « C’est un cauchemar », lâche-t-il.
Le président : « Je vous le confirme. »
Le père de famille, encadré par deux policières, a quitté la salle d’audience menotté, ce vendredi soir, pour rejoindre la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy.
Le tribunal l’a condamné à trois ans de prison ferme, assortis d’un suivi socio-judiciaire pendant sept ans.
Il a l’obligation d’entreprendre un nouveau suivi psychologique et l’interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs.
Un procès effroyable
L’horreur absolue. Inimaginable.
Vendredi 31 janvier 2025, le tribunal de Versailles a fait une plongée en apnée dans la vie d’un homme qui aura 50 ans le 15 février prochain.
Il est allé dans les entrailles de ses nombreux disques durs pour en faire ressortir le pire en matière de pédophilie.
On parle ici de 657 000 photos et de 30 000 vidéos mettant en scène des enfants, des bébés âgés de moins d’un an, des animaux et des adultes sans aucune foi, pas même humaine.
Veston bleu à coudières marron, cheveux mi-longs aussi grisonnants que sa barbe de trois jours, il comparaissait libre devant la justice. Il est reparti menotté, incarcéré à la barre pour trois années.
Pendant près de deux heures, ce graphiste s’est livré comme il ne l’a peut-être jamais fait, presque sous le format de la confession. Ce choix de la collaboration avec la justice, il l’avait fait depuis son arrestation en décembre 2023 à son domicile de Maurepas (Yvelines).
Les forces de l’ordre étaient remontées à lui via un signalement de la plateforme Pharos, un site gouvernemental de signalement des contenus illicites.
En octobre 2022, elle avait remarqué le téléchargement de trois vidéos aux noms sans équivoque. Les policiers ne se doutaient pas de ce qu’ils allaient découvrir.
Son ordinateur chargeait jour et nuit
Au-delà de la quantité des photos et des vidéos, c’est une véritable organisation qu’ils ont mise à jour.
Celle d’un homme qui passait une heure par jour à rechercher les images les plus répugnantes ; « les plus difficiles à trouver qui sont les plus violentes », comme il le confiera en audition.
Celle d’un homme qui laissait son ordinateur tourner en permanence, même la nuit, pour télécharger dans le Darknet.
Celle d’un père qui cachait tout en cryptant ses disques durs et les nombreux dossiers rangés par thématique, par âge, par acte.
Ces actes, le président du tribunal a commencé à les décrire comme pour sortir le prévenu de sa léthargie apparente.
Puis, il a montré. Il a montré des images d’enfants qui n’avaient pas 5 ans, de bébés qui portaient encore des couches.
La rédaction a choisi de ne pas les décrire, car elles étaient plus qu’insoutenables.
« Il y a cette enfant qui n’est même pas au primaire. Il y a cette gamine d’à peine 12 ans. Et si c’était votre fille sur cette photo ? », interroge le magistrat.
Les visages défilent sur l’ordinateur. Certains visages seulement car avec plus de 687 000 fichiers, impossible de tous les diffuser. L’homme craque littéralement, s’effondre en larmes.
« C’est quoi le plaisir d’aller chercher ça sur le Net ? Ces images, ce sont des viols, des souffrances, des vies détruites ! » Le président du tribunal
Accroché solidement à la barre avec ses mains blanchies par la crispation, lui raconte sa plongée dans l’horreur. Beaucoup de pornographie classique. Puis beaucoup moins classique. Et de la solitude, une rupture sentimentale.
« J’ai une problématique pédophile. Je suis attiré par les filles de moins de 10 ans. Tout cela est difficile. Dans le flot des fichiers que je téléchargeais, il y avait des choses encore plus horribles que d’autres. J’ai archivé, stocké. J’étais dans une accumulation compulsive. Mais je ne m’en prendrai jamais à elles. » Le prévenu
Par le passé, il s’en était pris à sa nièce de 4 ans
Le passé semble lui donner tort. En mars 2014, il a été condamné pour des téléchargements et pour une agression sexuelle sur sa nièce de 4 ans. Il a suivi des soins qu’il a arrêtés au bout de quelques années car les choses semblaient aller mieux. « Maintenant, j’ai la ferme intention de continuer des soins. Ad vitam.
« Je n’arriverai jamais à oublier ces images »
À cet instant, c’est à la procureure de la République de prendre la parole. Une tornade de mots cinglants qui commencent ainsi.
« Les pleurs de Monsieur ne me touchent pas. Mais ceux des enfants de cette industrie horrible, qui ont le visage torturé, les yeux bandés, oui. Au parquet, on en voit des horreurs. Des crimes abominables. Là, j’ai été absolument écœurée par les images que j’ai été contrainte de regarder pour caractériser les infractions. Je n’arriverai jamais à oublier ces images, le visage de ce bébé que l’on… Celui de cette petite fille avec une barrette dorée… Rien ne permet d’avoir confiance en vous. Dans la suite. C’est effroyable.»
Interdit d’Internet
Aux 5 ans de prison avec incarcération à la barre, le tribunal a répondu avec trois années et un suivi sociojudiciaire pendant 7 ans. En sortant, tout accès à Internet et aux réseaux sociaux lui sera interdit pendant 6 mois.
Résigné, ne semblant pas comprendre qu’il va dormir pour la première fois en prison, le condamné se laisse menotter par la police venue dans la salle d’audience. Le cliquetis des menottes résonne dans le silence lourd et pesant.
Ses dernières paroles sont murmurées :
« Il faut que je tienne pour mes enfants. »
L’homme est descendu vers les geôles.
Un instant de flottement. Le temps pour chacun de reprendre ses esprits avant que l’audience ne se poursuive.
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