Lot | Un père incestueux écope de prison avec sursis pour des agressions sexuelles

oui

Pédocriminel En liberté

La jeune fille a également porté plainte pour des viols qui ont finalement été correctionnalisés
Jean (le prénom a été changé), a comparu devant le tribunal correctionnel pour des faits « d’agression sexuelle incestueuse », sur sa fille* aujourd’hui âgée de 30 ans. Au moment des faits, la jeune fille était alors âgée de 10 – 12 ans.

Près de 20 ans après les faits, elle obtient condamnation de son père pour agression sexuelle

Une femme aujourd’hui âgée de 30 ans, a porté plainte deux fois, avant de voir son père comparaître devant le tribunal correctionnel de Cahors, pour agression sexuelle.

Jean (le prénom a été changé), la soixantaine, a comparu devant le tribunal correctionnel de Cahors, ce jeudi 20 octobre 2022, pour des faits « d’agression sexuelle incestueuse », sur sa fille* aujourd’hui âgée de 30 ans. Au moment des faits, remontant à la période s’étirant de 1994 à 1997, partiellement reconnus par le prévenu, la jeune fille était alors âgée de 10 – 12 ans.

Le président Philippe Clarissou rappelle les faits et la procédure qui a conduit Jean devant le tribunal correctionnel.

C’est le 16 janvier 2020, que Lucie (le prénom a été changé) franchit les portes d’un commissariat de police, pour dénoncer des faits de viol… qu’elle aurait subis, alors qu’elle était âgée entre 10 et 12 ans, alors qu’elle vivait dans le Lot. Elle fait état d’attouchements et de pénétrations digitales.

Celui qu’elle considérait comme son père, serait venu dans sa chambre à plusieurs reprises, lorsqu’elle était au lit. Il se serait allongé près d’elle, se serait masturbé tout en la caressant sur la poitrine et jusqu’à son vagin… Et il l’aurait menacée de représailles, si elle ne se taisait pas…

Ainsi l’adolescente aurait gardé le silence durant plusieurs années, avant de se confier à sa mère. Premier dépôt de plainte en 2003. Or, pour une raison, dont personne au tribunal n’a connaissance, cette plainte a été classée sans suite.

Le président indique que lors de la plainte de 2003, il était fait état d’attouchements sur la poitrine, mais nullement de pénétration digitale… À ce moment-là, Didier aurait reconnu avoir caressé la poitrine et le ventre de sa fille, avec la sensation d’avoir fait « une connerie ».

Pour autant, ces faits n’auraient cessé de hanter l’esprit de Lucie, la plongeant dans un état dépressif. Selon un psychiatre la dégradation de son état de santé mentale actuel pourrait trouver en partie sa cause dans le traumatisme subi à l’adolescence.

En 2020, Lucie convainc le Parquet de Cahors de rouvrir la procédure. Au cours d’une confrontation entre le père et sa fille, Jean reconnaît les faits selon ses déclarations de 2003, portant sur des attouchements et non une pénétration, à une ou deux reprises. À ce moment-là, Jean aurait souffert de la mort d’un de ses enfants nourrisson et se serait retrouvé en « grande demande affective physique »…

À l’issue de la présentation des faits, le président s’adresse au prévenu :

– Que dites-vous de tout cela ? demande le président.

– Que voulez-vous que je vous dise, je n’ai pas grand-chose à dire ! rétorque Jean.

– Certes les faits sont anciens…, observe le président.

– J’ai essayé d’oublier, reprend le prévenu.

– Vous l’avez embrassée sur la bouche, votre fille ? poursuit le président

– Je n’ai pas de souvenirs… répond Jean.

– Vous n’avez pas très bonne mémoire alors ? continue le président.

– Depuis le temps ! soupire le prévenu.

– Vous aviez perdu un enfant à ce moment-là ! relève le président.

– Vous savez, ça marque la mort d’un nourrisson !

– Votre fille elle a menti alors ? reprend le président.

– Oui, c’est sûr ! soutient le prévenu.

– Comment peut-on en arriver là ? insiste le président.

– Je ne peux pas vous dire, je n’en sais rien ! Cela ne l’a pas empêchée d’avoir deux enfants ! affirme le prévenu.

Didier aurait été lui-même victime d’agressions sexuelles, de la part de son frère, lorsqu’il était enfant.

– Pourquoi ne l’avez-vous pas dit à vos parents ? demande le président.

– Oh vous savez ! Mon père, lui, abusait de mes sœurs !

Le président n’insiste pas.

Jean est le père de 8 enfants, dont les deux derniers ont 4 et 6 ans. Il a exercé plusieurs métiers, dont celui de chauffeur routier pendant plusieurs années. Il a été condamné pour plusieurs délits routiers, conduite en état d’ébriété. Pour l’heure Jean attend l’heure de la retraite. Il indique avoir fortement réduit sa consommation d’alcool :

« Disons que je ne suis pas bourré tous les jours »

Une dernière fois Jean est invité a s’exprimer sur les faits reprochés :

« En tant que père, je n’aurai pas dû faire ça, parce que cela ne se fait pas, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ! »

Me Christian Calonne, au nom de la victime qui s’est portée partie civile, dénonce le comportement de celui qui :

« Au lieu de solliciter sa femme se met à peloter sa fille ».

Le dépôt de plainte en 2003 reste vain, mais elle réitère sa démarche en 2020 qui sera prise en compte cette fois-ci. Il demande condamnation et sollicite 8 000 € au titre des dommages et intérêts et 5 000 € pour les frais concernant les démarches pour un changement de nom ; Lucie ne veut plus porter le nom de son père.

Côté Parquet, Mme le Substitut du Procureur s’inscrit dans l’argumentation de la partie civile et se montre inquiète de la consommation d’alcool du prévenu.

« Il minimise et banalise les faits, certes anciens mais non prescrits ! » s’exclame-t-elle.

Elle requiert 16 mois de prison avec sursis probatoire pendant une durée de 2 ans, avec obligation de soins, indemnisation de la partie civile et privation du droit d’éligibilité.

Me François Faugère, avocat du prévenu estime que les faits tombent sous le coup de la prescription. L’ancien bâtonnier s’étonne par ailleurs que Lucie n’ait pas contesté le classement sans suite de sa plainte en 2003. L’avocat s’étonne du changement de graduation dans les déclarations de la jeune femme qui en 2003 dénonce des attouchements sexuels et qui en 2020 porte plainte pour viol. Me Faugère explique qu’une peine avec un sursis probatoire n’a pas de sens, car son client n’a plus fait parler de lui et il demande une peine juste.

Après en avoir délibéré, Jean a été condamné à 2 ans de prison avec sursis, 5 ans d’inéligibilité, 5000 € de dommages et intérêts pour préjudice moral, 1000 € pour frais d’avocat et inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

Le prévenu dispose d’un délai de 10 jours pour interjeter appel.

* Précisément, Jean a reconnu l’enfant un an après sa naissance, alors qu’elle était née de l’union de sa compagne avec un autre homme.

Source(s):