Longny-au-Perche | Un grand-père condamné pour inceste et consultation de sites pédopornographiques

Un homme a été condamné par le tribunal correctionnel d’Alençon pour inceste sur sa petite-fille et la consultation de sites pédopornographiques.

Un quinquagénaire a été condamné pour des faits d’inceste sur sa petite-fille à Longny-au-Perche (Orne), et la consultation de sites pédopornographiques. (©Photo d’illustration Fotolia)

Cette audience du tribunal correctionnel d’Alençon a bien failli se dérouler à huis clos à la demande de la partie civile, les parents de la victime.

Si on comprend la douleur que cette affaire représente, le président Eric Martin a estimé qu’il était important d’en parler. Profitant également de l’absence des victimes, le tribunal a rejeté la demande.

Bernard (prénom d’emprunt) gardait sa petite-fille en août 2016 à Longny-au-Perche (Orne), l’enfant n’avait pas encore deux ans. « J’ai été excité, j’ai baissé mon pantalon, elle a pris mon sexe dans sa main », décrit-il devant le tribunal. Il prend des photos avec son téléphone portable. Et d’autres de son pénis à proximité du visage de la petite. « Je ne sais pas ce qui m’a pris de prendre ces photos », concédera-t-il lors de son audition.

Personne n’en sait rien, jusqu’à ce que la fille de Bernard, adolescente, tombe sur ces clichés conservés dans l’ordinateur familial. Elle croit reconnaître sa nièce et questionne alors son père qui reste évasif sur l’origine des photos. Troublée, elle en parle à sa mère qui constate et alerte les enquêteurs. Le juge énonce :

« Lors des perquisitions, nous avons trouvé des revues pour adultes, des accessoires, des sex-toys… Avec l’expertise informatique des deux ordinateurs, deux téléphones et trois clés USB, nous avons trouvé des tas de photos. »

Les clichés avec sa petite-fille, mais aussi provenant de sites pédopornographiques. Le plus important, « il n’y avait aucunes lésions sur la petite » après examen gynécologique.

Méconnaissances en informatique

Depuis 2014, au moins, le quinquagénaire consultait des sites pédopornographiques ou présentant des photos et vidéos de ce type. « Plus de 200 fois entre 2014 et 2017 », annonce le président.

« Je regarde ces sites mais pas les vidéos avec des mineurs, tente d’expliquer le prévenu. Je savais que c’était interdit. Sur les images, elles ont l’air plus vieilles ».

« Les photos ne sont pas venues toutes seules sur votre ordinateur », lui fait remarquer Eric Martin. « Peut-être que le fait d’être proposé sur internet ça reste sur l’ordinateur, je ne sais pas », répond l’homme, invoquant son manque de compétences en informatique.

Ses explications sont confuses. Il cherche ses mots. On ne comprend pas bien s’il a cliqué sur les photos ou pas. En tout cas, « je ne voulais pas les regarder », assure-t-il, tout en les conservant sur l’ordinateur familial. « Peut-être que c’était quelqu’un d’autre ? », ose-t-il, avant de concéder, face à l’insistance du président, que c’était bien lui, le fautif.

D’autant plus que son historique internet a révélé des dizaines de pages avec pour mots-clés « teen » (adolescent(e)) et des termes sexuels en anglais. « Vous saviez ce que cela voulait dire ? », demande Eric Martin. « Teen, maintenant oui je sais, mais le reste non », car il ne parlerait pas anglais.

« Un grand-père modèle »

Dans la famille, c’est évidemment le « choc », comme le qualifie la procureur de la République. Lors de son audition, le fils de Bernard, père de la victime, le décrivait comme « un père et un grand-père modèle, super avec ses petits-enfants. Il gardait sa petite-fille une fois par mois minimum ». Tout juste reconnaissait-il que son père « faisait souvent des blagues de sexe ».

L’expertise psychiatrique n’a pas décelé de maladie mentale mais « un comportement de perversion sexuelle ». L’expertise psychologique parle d’un homme « conscient et coopérant, sans déficience mais avec un mauvais contrôle de ses pulsions ». Et de préconiser une obligation de prise en charge et de soins.

Cela fait justement deux ans que Bernard est sous suivi psychologique. « Cela m’apporte énormément », souligne-t-il, sans trop pouvoir expliquer comment. Ce suivi aurait révélé un traumatisme qui remonterait à son plus jeune âge, lorsqu’il aurait vu des photos intimes de ses parents. « Inconsciemment, vous avez peut-être voulu que ça sorte », se demande le président. « Je pensais avoir effacé les photos », répète le prévenu plusieurs fois.

Son contrôle judiciaire, depuis janvier 2017, a été « parfaitement tenu » comme l’explique Eric Martin : obligation de pointage à la gendarmerie, interdiction d’entrer en contacts avec la victime ou ses parents…

Restait un problème : Bernard travaillait dans la même entreprise que son fils, ils se croisaient tous les jours.

« Pourquoi ne pas avoir cherché à changer de travail ?, insiste Me Fabrice Egret, avocat des victimes. Mes clients ont dû déménager, c’était invivable. Imaginez croiser votre bourreau tous les jours. Mon client a été licencié, ils ont des dettes… »

Il est vrai toutefois que le juge avait autorisé les contacts professionnels.

Me Egret dénonce un « acte affreux » et « un comportement de prédation ».

« Le malade a honte de sa maladie, là il gardait les photos comme des trophées. Il n’exprime aucun remords, il n’y a pas de repenti, c’est dangereux. Il se fait passer pour la victime. Je pense qu’il ne se rend pas compte du mal qu’il a fait. Mes clients ont vécu l’enfer, ils vont mettre du temps à remonter la pente et reconstruire leur vie ».

Zones d’ombre

Son avocate, Me Hélène Thieulart, défend :

« C’est un geste infect, il en est conscient. Il a honte et est embarrassé, c’est pour cela qu’il est maladroit dans ses explications. Il ne maîtrise pas bien l’informatique, des photos peuvent être téléchargées automatiquement parfois, des vidéos avec des enfants peuvent s’afficher. Etait-ce volontaire ou pas ? Il y a des zones d’ombre. Sa femme a divorcé, il a perdu ses enfants, sa famille. Il essaie de se reconstruire. »

La procureur demande six mois de prison avec sursis, cinq ans de suivi sociojudiciaire avec obligation de soins, interdiction d’entrer en contact avec son fils, sa belle-fille et sa petite-fille. Ainsi que l’obligation d’indemniser les victimes et l’interdiction d’avoir une activité avec des mineurs.

Le tribunal l’a condamné à six mois de prison avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve de trois ans, et l’obligation de travail et de soins. Il est également inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAISV). Le montant de l’indemnisation sera fixé en juin.

Source : actu.fr

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