Loire-Atlantique : condamnés pour avoir tendu des guets-apens à des homosexuels pédophiles

Deux ressortissants de Roumanie ont écopé de peine de prison ferme, lundi 6 avril, à Nantes, pour avoir séquestré quatre personnes pour leur soutirer de l’argent

 

Les victimes étaient séquestrées pendant plusieurs heures pour divulguer leurs codes de cartes bancaires

Un Roumain de 28 ans soupçonné d’être « l’organisateur » des quatre séquestrations d’homosexuels survenues en juin 2018 dans l’agglomération nantaise a été condamné, lundi 6 avril 2020, à six ans de prison ferme et maintenu en détention par le tribunal correctionnel de Nantes.

Le prévenu – qui a déjà purgé dix-sept mois dans le cadre de sa détention provisoire – sera par ailleurs définitivement interdit du territoire français à sa sortie de prison. Les juges ont justifié cette lourde peine par « l’importance » et la « réitération des faits ». Il a d’ores et déjà prévenu qu’il allait faire appel.

Son compatriote, 24 ans, a quant à lui écopé de trois ans de prison ferme. Il sera également sous le coup d’une année supplémentaire s’il venait à récidiver. Il devra aussi impérativement rechercher du travail et indemniser les victimes avec son co-prévenu, mais pourra lui rester en France à l’issue de sa détention.

Sur le plan civil, tous deux devront verser au moins 22 000 € de dommages et intérêts et de frais de justice à deux des quatre plaignants.

À cette somme, s’en ajouteront d’autres, qui seront arrêtées le 2 octobre 2020, au titre de leurs préjudices corporels. Les deux dernières victimes ne s’étaient pour leur part pas constituées parties civiles.

« Cachés sous des bâches dans le coffre de la voiture »

Les quatre victimes avaient pour point commun d’être entrées en relation avec un mineur roumain sur le site de rencontres coco.fr pour avoir une relation consentie. Conduites hors de leurs domiciles, elles étaient alors filmées en train de faire une fellation à l’adolescent… Puis menacées de voir ces images diffusées sur internet.

Les victimes étaient ensuite enfermées dans des greniers ou des lieux abandonnés, à Nantes, Bouaye ou bien encore Thouaré-sur-Loire : elles étaient séquestrées pendant plusieurs heures pour divulguer leurs codes de cartes bancaires.

Le mineur qui servait d’appât était en effet

« venu avec deux acolytes cachés sous des bâches dans le coffre de la voiture », a témoigné à l’audience l’avocate de l’une des deux parties civiles.

Pour son client, ce « guet-apens » s’est transformé en un « cauchemar » qui a duré « au moins six heures ».

Son avocate a souligné :

Il a vu sa vie défiler devant lui, il a vraiment eu peur de mourir.

Cet aide-soignant est d’ailleurs « toujours sous antidépresseurs » deux ans après les faits, malgré ses « 90 séances » avec une psychologue.

Les prévenus avaient fait de même avec un ingénieur, dont ils avaient cambriolé l’appartement après lui avoir soutiré ses clés. Son téléviseur à écran plat, sa console de jeux, son ordinateur et son téléphone portable avaient par la suite été mis en vente par la suite chez Happy Cash, la chaîne d’achat-revente de produits d’occasion.

Une « combine assez astucieuse »

Dans ses réquisitions, le procureur de la République avait pointé le « sentiment très fort d’impunité » des prévenus après avoir trouvé cette « combine ».

C’était assez astucieux de s’en prendre à des homosexuels… En les filmant en train de faire une fellation à un mineur, ils savaient qu’ils n’allaient pas aller voir la police.

Tous auraient normalement dû être jugés par une cour d’assises, mais les faits avaient été requalifiés de telle sorte à pouvoir être jugés plus rapidement par un simple tribunal correctionnel.

Avant que les juges ne partent délibérer, « l’organisateur » avait demandé la « pitié » du tribunal : cet homme marié est par ailleurs père de quatre enfants, âgés de 18 mois à 9 ans. Ce consommateur de cannabis et de cocaïne avait aussi fait valoir qu’il avait une « promesse d’embauche » comme « ouvrier agricole à Clisson ».

Le principal prévenu avait aussi insisté :

On est à trois en cellule, on dort par terre à tour de rôle, on ne peut pas aller tout le temps dans la cour de promenade… On vit très mal depuis qu’il y a le coronavirus.

 

De la « prostitution » qui tourne mal, pour la défense

Problème, il n’était pas un inconnu de la justice : il avait déjà été condamné sept fois en dix ans, notamment pour « vols aggravés » et « extorsions ». Il avait ainsi purgé une peine de trois ans de prison entre 2011 et 2014.

Le procureur de la République avait requis en conséquence sept ans de prison pour cet homme qu’il présentait comme « le boss », « le pilote » et « l’organisateur » de ces extorsions d’homosexuels.

Quatre ans de prison avaient été requis pour son complice, qui avait lui trois condamnations sur son casier judiciaire, dont une pour « agression sexuelle », mais « sur un malentendu », a-t-il précisé lundi lors de l’audience à Nantes.

Les avocats de la défense avaient répliqué en faisant valoir que cette enquête partait d’un « postulat de départ qui n’était pas le bon ». Il s’agissait en fait de « prostitution » masculine qui aurait mal tourné, selon eux : les plaignants seraient des clients qui auraient refusé de verser leur rétribution aux prostitués roumains.

« Si les prévenus étaient venus uniquement pour extorquer l’argent, pourquoi se feraient-ils sucer avant ? »

s’était ainsi demandé Me Antoine Barrière.

Coco.fr est connu pour permettre de faire de la prostitution en dehors de la rue. Si vous tapez « Prostitution roumaine masculine » sur internet, vous verrez que c’est très répandu.

L’avocat du deuxième Roumain avait critiqué le « cynisme » d’un des plaignants, qui utilisait « de manière habituelle » le site coco.fr « pour faire venir des Roumains chez lui ». « Jusqu’à ce qu’il refuse de payer ses relations tarifées, il n’y a eu aucun souci », avait relevé Me Antoine Barrière.

« Il arrose depuis des années la communauté rom pour assumer ses pulsions pédophiles », avait appuyé Me Benoît Poquet, l’avocat du premier prévenu.

source : actu

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