Lisieux | Deux ans ferme pour abus sexuels sur une ado reconnue handicapée

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Dans son journal intime, elle a écrit « il m’a touchée, il a fait l’amour à moi »
Un homme a été condamné par le tribunal de Lisieux (Calvados) à deux ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, pour abus sexuels sur une ado de 13 ans reconnue comme handicapée.

Les faits d’agression et d’atteinte sexuelles sur mineure de 15 ans ayant valu à un homme de 29 ans de comparaître mardi 14 mars 2023 devant le tribunal de Lisieux  se sont déroulés au domicile-même des parents de la victime.  

«Un milieu familial peu sécurisant et peu protecteur» , comme résumera l’expert psychologue qui a rencontré l’adolescente.

Il est à noter que celle-ci et le mis en cause ont annoncé « être en couple » à la mère de famille et à son compagnon lors des vacances passées tous ensemble fin août 2020, à Nîmes.

Cette révélation n’aurait pas fait plaisir à la mère, mais le jeune homme a continué de passer la plupart de ses nuits au domicile du couple, dans la chambre où dormaient les trois enfants.

Mesure d’assistance éducative

Les choses auraient peut-être continué sans faire de vagues si la fillette n’avait fait l’objet d’une mesure d’assistance éducative septembre 2021.

Se sentant en confiance avec l’une des éducatrices, la pré-ado lui a parlé des relations qu’elle a entretenues avec le copain de son beau-père dont elle n’était pas amoureuse « au début ».

« Je n’ai pas pu dire non, je me sentais aimée par lui »,

a-t-elle expliqué.

Ces confidences étant « remontées aux oreilles » de sa mère, cette dernière n’aura guère d’autres choix que de déposer plainte le 17 novembre 2021.

Les qualificatifs  « peu sécurisant et peu protecteur  » du milieu familial dans lequel évolue la famille ne sont pas usurpés.

Située dans un village du Pays d’Auge, la petite maison occupée par la mère, ses trois enfants et son conjoint ne compte que deux pièces : une chambre pour le couple et un séjour équipé de deux canapés-lits pour les enfants…et pour le jeune homme, omniprésent au domicile.

Un copain du beau-père

Copain du beau-père, le prévenu, âgé de 26 ans à l’époque des faits, y passe des soirées à jouer à la console et à boire.

Par prudence, on préfère le garder à coucher.

Dans ce cas-là, l’adolescente qui dormait seule dans un canapé est censée se tasser avec son frère et sa sœur.

La mère et son conjoint acceptent cette promiscuité.

De plus, ce dernier, qui a surpris une fois la fillette et son copain au milieu de la nuit dans la salle de bains, a regardé uniquement s’il était en érection.

« Rassuré » sur ce point, il est retourné se coucher.

L’adolescente dira aux enquêteurs qu’ils venaient alors d’avoir un rapport sexuel.

Leur idylle a commencé en juin 2020 par un baiser sur la bouche alors que la victime sortait le chien.

De fil en aiguille, elle a pris l’habitude de le rejoindre dans « son » canapé où, selon elle, ils ont eu des rapports sexuels.

Dans son journal intime, elle a écrit « il m’a touchée, il a fait l’amour à moi ».

« Pas des rapports sexuels »

  Pour moi, ce n’étaient pas des rapports sexuels ,

se défend le prévenu.

La présidente lui ayant rappelé que la petite sœur avait entendu à plusieurs reprises des petits cris « comme faisait maman », il répond que c’était dans la tête de la fillette et qu’il s’agissait bien de sa mère.

Il ne cache pas qu’ils ont pu échanger quelques bisous et faire des câlins, « des caresses d’affections ».

Il reconnait dans un premier temps avoir touché la partie haute de son corps puis, revenant sur ses déclarations, il dit l’avoir seulement prise dans ses bras et ne pas être allé plus loin.

 « Vous avez fini par céder »

Selon lui, il se serait plié aux avances insistantes de la mineure.

« Elle était toujours en train de me coller.

Elle me rejoignait dans mon lit.

Je l’avais repoussée plusieurs fois.  »

 

 « Vous avez fini par céder sous la pression  »

, semble compatir la juge.

 « Oui , répond-il.

À titre liminaire, la procureure a informé le mis en cause que, au regard de la loi en vigueur au moment de la commission des faits, toute relation sexuelle entre un adulte et un mineur âgé de moins de 15 ans – même s’il est était consentant – est un délit.

« La victime ne pouvait pas avoir un consentement suffisamment éclairé pour assumer une relation sexuelle, quand bien même elle n’y aurait pas été opposée »,

a martelé Delphine Mienniel.

La mère du prévenu en colère

Le jeune homme, qui n’avait aucun antécédent judiciaire, a été condamné à 4 ans de prison dont 2 assortis d’un sursis probatoire.

Il a l’obligation de suivre des soins en lien avec l’alcool et de trouver un travail ou suivre une formation.

Il a l’interdiction d’entrer en contact avec sa victime pendant 3 ans et celle définitive d’exercer une profession impliquant un contact avec des mineurs.

Le tribunal prononce son inéligibilité pour une durée 5 ans et son inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).

Il devra verser la somme de 3000 € à sa victime au titre de préjudice moral et 800 € pour ses frais d’avocat.

La mère du prévenu ayant laissé éclater sa colère à l’annonce du délibéré, l’intéressé a lancé aux magistrats qu’il fallait la comprendre.

Arrivé libre au tribunal, il a été conduit sous escorte à la maison d’arrêt de Caen à la fin de son procès.

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