Limoges | Pédocriminalité, viols et agressions sexuelles sur mineurs, l’omerta d’une famille jugée aux assises de la Haute-Vienne

La cour d’assises de la Haute-Vienne se penche sur une affaire de viol et d’agressions sexuelles au sein d’une même famille.

Illustration. © Eric ROGER

Le procès qui s’est ouvert lundi à la cour d’assises de Haute-Vienne, vient briser une loi du silence, un dysfonctionnement familial honteux, transmis sur plusieurs générations.  Mathieu Cortès*, est accusé de viols et d’agressions sexuelles sur sa fille aujourd’hui âgée de 37 ans, deux de ses nièces et deux filles de proches.

A l’aube des années 1960, l’inceste était déjà présent dans la famille car le frère aîné du principal accusé était déjà le fruit d’un viol de son grand-père sur sa mère.

Quinze années de calvaire

Ces actes de pédophilie, de viols et d’agressions sexuelles sur mineures de moins de quinze ans remontent aux années 2010 pour les plus récents, aux années 1980 pour les plus anciens.

À ses côtés aux rangs des accusés, siègent la mère, la sœur et l’ex-épouse du principal mis en cause.

Ainsi, dans cette affaire, les enfants, (maintenant adultes) se retrouvent face à leurs parents.

En plus d’être le procès d’un pervers silencieux, le silence pervers d’une famille est au cœur des débats.

Mardi après-midi, les témoignages directs ou indirects se sont succédé, accablant le principal mis en cause, âgé de 56 ans.

« Je n’étais pas sa fille, j’étais juste un truc pour assouvir ses besoins », a déclaré la fille de l’accusé, qui a subi viols et pénétrations anales dans le cadre de violences psychologiques.

Pour elle, le calvaire a duré une quinzaine d’années.

Elle a même dû avorter à 14 ans.

Cette torture, son frère, âgé de 36 ans, en a été témoin toute son enfance.

À l’audience, il n’aura pas un regard pour son père.

« La première fois que j’ai vu quelque chose, j’avais 8 ans.

Ce monsieur était assis dans le salon et ma sœur accroupie devant lui », explique-t-il.

Mais les premiers faits d’attouchements sur sa sœur pourraient être antérieurs.

« Ce monsieur » : il le désigne ainsi, avec mépris, tout au long de sa prise de parole.

Et cette première fois sera celle d’une longue série.

« Je le voyais sortir de la chambre sans slip.

Puis ma sœur.

Une fois, il a mis un film porno dans le salon.

Une normalité s’est installée.

Ma sœur dormait de plus en plus souvent dans sa chambre. »

Des faits insoutenables

Ce frère a tenté d’alerter sur cette situation.

Il a eu beau traiter son père de violeur, en parler à sa grand-mère et sa tante, personne n’a bougé.

Cela vaudra à ces deux dernières d’être accusées d’« abstention d’empêcher un crime ».

« Ma tante m’a dit qu’elle avait toujours su, mais qu’elle n’avait rien dit car cela ne se passait pas chez elle », relate de son côté la principale victime.

Autre témoignage marquant lors de cette après-midi, celui d’un couple ayant hébergé Mathieu Cortès au début des années 2000.

Pendant son séjour chez eux, ce dernier, qui dormait près de la chambre des enfants, a profité de la situation pour faire des attouchements sexuels sur l’une des filles du couple.

Des faits que les deux parents n’apprendront qu’un an et demi après le départ précipité de leur « ami ».

Comment ne pas parler également de ses deux nièces, de 17 et 23 ans, qui elles aussi ont subi le comportement de leur oncle.

Des abus sexuels qui se passaient généralement dans l’appartement de leurs grands-parents, dans l’indifférence.

« Quand j’étais petite, j’étais fouine et je suis tombée sur des photos et des vidéos inappropriées sur son ordinateur.

Sur l’une d’elle, j’ai reconnu le corps de mon oncle et celui de ma cousine », explique la troisième sœur, qui ne s’est pas portée partie civile.

Mardi, devant la cour d’assises de la Haute-Vienne, les victimes ont réussi à briser l’omerta de leurs parents.

Aujourd’hui, c’est au tour des accusés de parler.

(*) Pour préserver l’anonymat des victimes le nom du prévenu a été modifié.

Source : Le Populaire

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