Limoges | 15 ans de réclusion criminelle pour le père incestueux

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« le prédateur familial » que fut leur père
Le verdict est tombé dans le procès en appel devant la cour d’assises de la Haute-Vienne d’un père de 48 ans accusé de viols et d’agressions sexuelles sur son fils et sa fille.

« L’insupportable », « l’indicible », « l’inconcevable ».

Les qualificatifs pour tenter de contourer avec des mots ce que disent avoir vécu les deux enfants de l’accusé se sont succédé pour ce dernier jour de procès, ce vendredi 17 décembre.

Des qualificatifs pour dire l’inceste. « Ce meurtre psychique », d’après l’avocat général Bruno Robinet, empruntant l’expression à des psychologues spécialisés dans la question.

Depuis mercredi, l’accusé de 48 ans est jugé devant la cour d’assises de la Haute-Vienne pour “viols” sur son fils, “agressions sexuelles” sur sa fille et “corruption de mineurs” sur les deux, après avoir fait appel du verdict de la cour d’assises de la Corrèze qui l’a condamné à 17 ans de réclusion criminelle en février dernier.

En 2013, son fils alors âgé de 9 ans l’accuse de trois faits de pénétration anale alors qu’il avait 4, 6 et 7 ans.

Sa fille, âgée de 15 ans, a alors réitéré les accusations qu’elle avait portées contre son géniteur en 2004.

Cette année-là, la nièce de l’accusé a porté plainte contre son oncle pour avoir abusé d’elle de ses 4 à ses 14 ans.

 

Rétractations en 2004

La fille du mis en cause, âgée de 6 ans en 2004, évoque l’agression qu’elle aurait subie à ses 4 ans, son père se frottant contre elle jusqu’à éjaculer sur elle.

Mais elle se rétractera.

« Je voyais déjà ma maman dans tous ses états à cause des révélations de ma cousine.

Donc j’ai décidé de revenir sur ma parole, par peur des conséquences pour ma famille »,

a expliqué jeudi la victime à la barre, quand on l’a interrogée sur sa rétractation (*).

Mais quand son petit frère libère sa parole des années plus tard, elle décide également de se livrer.

Elle évoque des caresses paternelles sous prétexte d’une douche alors qu’elle est pré-ado, un manga porno offert en cadeau…

Son frère parle aussi de visionnages imposés de films pornographiques.

Depuis le début des accusations et le début de son procès en appel, l’accusé dit, et ne cesse de dire sans grande conviction dans le ton « je suis innocent », avant de se plonger dans un mutisme constant.

 

Effondrement

Alors pour cette dernière journée d’un combat judiciaire tellement long, Me Laura Crouzillac et Me Laurence Boucherat ont redit aux jurés la constance de leurs clients pendant toutes ses années de procédure, l’effondrement qui fut le leur pendant toute cette enfance qui n’en fut pas une, les tentatives de suicide, l’anorexie, les troubles de comportements du fils, le mal-être, les scarifications et la volonté farouche de s’en sortir de la fille.

Elles diront aussi « le prédateur familial » que fut leur père, mais leur force et leur dignité aujourd’hui malgré les épreuves.

 

Une haine obsessionnelle

Pour la défense, Me Pierrick Cronnier reprend la thèse soulevée par son client, celle d’une cabale contre lui après la révélation des faits commis sur sa nièce.

« Je ne dis pas que les enfants sont des menteurs, je ne dis même pas que leur maman ment.

Mais je dis la détestation de la maman envers son ex-mari.

Une haine qu’elle communique à ses enfants et des accusations qui dans leur esprit deviennent réalité. »

Après cinq heures de délibération, la cour a suivi les réquisitions de l’avocat général en condamnant l’accusé à 15 ans de réclusion criminelle avec un suivi sociojudiciaire de 5 ans, avec obligation de soins, de réparer les dommages et l’interdiction d’entrer en contacts avec les victimes et de paraître dans des lieux fréquentés par des mineurs.

(*) En raison de cette rétractation en 2004, le juge d’instruction en charge des accusations portées contre la nièce et la fille de l’accusé à l’époque, a ordonné un non-lieu pour les agressions sexuelles sur sa fille et a poursuivi l’accusé uniquement pour les faits commis sur sa nièce.

Ce vendredi, la cour d’assises d’appel a déclaré l’accusé “non-coupable” pour les faits dénoncés en 2004 mais coupable pour les agressions sexuelles dénoncées ultérieurement.

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