Les réseaux pédocriminels n’existent pas | Round 23 | Réseau Albenque-Tournelles
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
non
- 30/07/2017
- 00:00
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- Alexander Peter Horvath, Anne Sinclair, Bernard Seigneury, Charles Pasqua, Chris Denning, Claude Jaubert, Colette Kreder, Corbis Sygma, Daniel Berdoyes, Danielle Mitterrand, Denis Page, Donde Vamos, Emmanuel Sadoul, Etienne Madranges, Françoise Dolto, Françoise Gaspard, Gaston Defferre, Geneviève Moll, Gérard Depardieu, Hélène Dorlhac, Henri Leclerc, Henri Smadja, Hicham Kahlous, Isabelle Balkany, Jean Tremsal, Jean Vidon, Jean-François Copé, Jean-Louis Borloo, Jean-Marc Borello, Jean-Marc Smadja, Jean-Max Capmarty, Jean-Pierre Roffi, Khlid Bouehi, Michel Albenque, Michel Peisse, Michel Polac, Michèle Alliot-Marie, Olga Spitzer, Pascal Viret, Patrick Arwacher, Patrick Balkany, Peter Heinz Dietrich, Philippe Sauzay, Raimund Tinnes, Raïssa Gorbatchev, Renaud, Robert Badinter, Robert Mégel, Semarlep, Xavier Emmanuelli
Le podcast complet de cet article est téléchargeable ci-dessous (clic-droit puis “enregistrer la cible du lien sous”) ou à retrouver sur notre chaine Youtube.
Podcast – Réseau Albenque Tournelles (35′)
Jean-Marc Smadja a été condamné à 8 ans de prison ferme, avec une dizaine de complices dont Michel Albenque, une sorte de parrain pédocriminel qui se faisait appeler « tonton Mimi ».
Le procès de ce réseau « pédophile » a débuté en septembre 2002 et bizarrement, on n’en a pas beaucoup parlé.
Lien vidéo du 20h du 19 septembre 2002 (où on nous fait déjà le couplet du pédo victime de lui-même).
C’était (soi-disant) le premier procès d’un réseau pédophile en France.
Et presque le dernier, puisqu’Outreau s’est déroulé à la même époque.
Dans la foulée, c’est Robert Mégel qui est condamné pour pédophilie dans le centre pour délinquants qu’il dirigeait.
Un centre géré par du beau monde, qui n’a « rien vu, rien entendu » pendant des années.
Michel Albenque a été interpellé en Roumanie pour avoir abusé d’enfants défavorisés.
Il avait exactement la même activité en France (et ailleurs), avec une prédilection pour les enfants âgés de 8 à 15 ans, dont la plupart étaient pourtant suivis par les services sociaux.
Suite à l’enquête, quelques-uns de ses copains sont tombés également, dénoncé par 19 victimes tout de même, toutes issues de milieux populaires.
Albenque, à ce moment, en était déjà à 18 condamnations, dont la plupart pour le même type de faits à l’encontre de mineurs.
Et dans son groupe on trouvait aussi des pédophiles au CV bien chargé, comme un certain Jean-Marc Smadja, ami du maire UMP de Levallois Perret, Patrick Balkany.
Les pédos VIP, increvables ?
Au final, Albenque, qui a reconnu entre 40 et 50 victimes de 1972 à 1996 quand il a été arrêté en Roumanie avec un gamin de 12 ans dans son lit, était accusé de fournir des enfants à plusieurs dizaines de pervers, fonctionnaires, cadres, éducateurs, médecin, etc., dans la région de Chelles [1].
Ces messieurs étaient prompts à donner un coup de pouce aux parents compréhensifs, pour des loyers en retard par exemple, ou à emmener les gamins à Disneyland [2]…
C’est Tonton Mimi qui organisait les partouzes, auxquelles des mineurs étaient présents.
En Roumanie c’était pareil, Albenque et ses amis disaient qu’ils se souciaient des enfants, les habillaient, les amenaient au cinéma, etc.
Mais, ils oubliaient de préciser que surtout, ils profitaient de ces gamins des rues parce qu’ils étaient vulnérables.
Il faut dire qu’Albenque était un grand habitué de ces pratiques, puisque d’après le JT de France 2 du 3 septembre 2002, il s’était déjà fait attraper en Asie avant la Roumanie.
Lien vidéo du JT de 2oh du 3 septembre 2002.
En Roumanie où il était emprisonné en 2007, il avait carrément avoué avoir été arrêté 12 fois pour des agressions sexuelles et viols de mineurs.
Il a même déclaré avoir “toujours accepté” les “traitements” contre la pédophilie, mais avoir toujours “rechuté“.
Avec des victimes à la clé, évidemment: “quand je vois des petits, j’essaie toujours aussi de les chercher“, disait-il à la journaliste,
admettant: “c’est un manque de volonté de ma part” et déclarant que les psys n’ont “pas su” le traiter.
Super, les “traitements” qu’il a “suivis de nombreuses fois“…
Pédo un jour…
Au procès de ce réseau qui, d’après les avocats des accusés, n’était pas un réseau mais une somme de prédateurs isolés agissant en groupe, il manquait un des pédos, en fuite (et dont on va reparler plus bas), et deux autres s’étaient suicidés en préventive.
Albenque, qui fut éducateur dans sa jeunesse, a expliqué avoir fait des partouzes à 11 ans à la demande d’un curé, et qu’il en a « gardé un très bon souvenir ».
Il a été viré de plusieurs postes d’éducateur mais n’a manifestement pas été black listé, à moins que l’ambiance ultra tolérante à l’époque avec les pédophiles (Cohn Bendit en est la preuve vivante) ait permis à Albenque de retomber toujours sur ses pattes.
En 1980, il trouve finalement un job dans une entreprise qui vend du matériel d’autodéfense tout en organisant des colonies de vacances pour les enfants.
Devant le tribunal, la plupart des accusés, comme c’est souvent le cas avec les pédos, se sont placés en position de victimes d’une société ultra répressive, et ont déclaré que les enfants étaient consentants ce qui absolument impossible légalement.
C’est pour cela que les enfants ne votent pas.
Un de ses amis était Jean-Marc Smadja [3], de son côté détenu en République Tchèque, une autre place forte des pédos à cette époque-là, qui fut aussi la terre d’accueil de Warwick Spinks [4].
Au tribunal, Smadja s’est drapé dans sa vertu et a déclaré que les experts étaient incompétents.
Évidemment, la justice a conclu qu’il n’y avait pas de réseau.
Pourtant, de Chelles au Cap d’Agde, et même un peu plus loin, un réseau pédocriminel était bien en activité.
Car Albenque était toujours à la recherche de nouveaux clients, qu’il rencontrait dans les lieux de drague gays, comme le Cap d’Agde ou la gare du Nord.
Il essayait ensuite les enfants avant de les proposer à ses copains.
Au final, c’est Albenque qui a pris la peine la plus lourde, soit 15 ans, et il était libérable en 2010, semble-t-il, soit après 8 ans de taule [5].
Toutes les peines ont été inférieures aux réquisitions.
D’après Maroc Hebdo International n°526 paru le 27 septembre 2002, Jean-Marc Smadja avait de très bons amis à Marrakech, si bien que
« le procès des pédophiles de la cour d’assises de Seine et Marne a fait trembler beaucoup de monde à Marrakech », nous dit le magazine.
« Animateur de tourisme sexuel, Jean-Marc Smadja est connu au Maroc plus exactement à Marrakech où il entretenait des relations plus qu’intimes avec de nombreuses personnalités marocaines et étrangères.
Pour éviter de s’enfoncer, M. Smadja a nié qu’il entretenait un réseau de pédophilie et passé sous silence ses virées fréquentes à Marrakech ».
D’ailleurs, parmi ses victimes, Albenque a admis qu’il y avait de jeunes marocains.
Et Smadja a déclaré lui-même qu’il avait été incarcéré au Maroc.
Bizarrement, le seul média qui en parle encore est anglais : on peut lire dans l’Independant du 9 décembre 1992 que
« un homosexuel français, Jean-Marc Smadja, 52 ans, est emprisonné pour trois ans pour avoir incité de jeunes garçons à la débauche dans la ville de Marrakech au sud du Maroc »,
d’après une news de l’agence MAP,
« Il été condamné par un tribunal de Marrakech lundi à la fin du procès au cours duquel six garçons âgés de 11 à 15 ans donné des preuves d’orgies organisées par l’accusé dans une villa.
Deux complices marocains, Hicham Kahlous et Khlid Bouehi, ont été emprisonnés pour deux ans chacun.
Smadja a réfuté les charges et a accusé un ami, Jean-Pierre Roffi, qui louait la villa ».
Ledit Roffi avait pris la tangente.
Pas pour longtemps : en 2000, on retrouve Smadja et Roffi dans une affaire de pédophilie, impliqués avec un certain Chris Denning, animateur radio anglais et collègue de Jimmy Savile à la BBC (le pédophile sataniste aux 650 victimes), pour avoir visité des bars pédophiles à Prague.
Comme quoi, Roffi a vite pardonné à Smadja de l’avoir balancé…
Aujourd’hui, Denning est de nouveau inquiété pour ses petites sauteries avec Jimmy Savile, qui était le pourvoyeur d’enfants des VIP anglais, très probablement jusqu’à la famille royale.
Prague, c’est justement la ville où Warwick Spinks, le pédo globe trotter anglais, avait ouvert des bars pédos à cette époque-là.
Enfin, bref, Smadja et Roffi étaient accusés d’y avoir cherché des relations sexuelles avec des garçons aussi jeunes que 13 ans.
Le procès a duré 16 mois, et il s’agissait, nous dit The Guardian (eh oui les médias français, allez savoir pourquoi, n’en ont pas parlé),
« de l’affaire d’abus sexuels la plus médiatisée en République Tchèque ».
A l’issue de ce procès, Smadja et Roffi ont pris trois ans et demi de prison.
Vu ses nombreuses activités, il faut croire qu’il est vite sorti de prison.
Roffi, présenté comme un ingénieur, est décidément très intéressant.
D’après un blog portugais, Roffi était à la tête d’un réseau pédophile local entre 1989 et 1991, dans lequel on trouvait aussi Estève, membre du réseau Albenque qui a fui pendant son contrôle judiciaire (et dont on va parler plus bas).
Roffi, semble-t-il, avait été accusé au Portugal de « diffusion de matériel pédopornographique » et atteinte à la pudeur, et il aurait été cité dans l’affaire Casa Pia, cet orphelinat transformé en bordel pour pédophiles VIP.
Mais, comme toujours, l’affaire a été étouffée.
Roffi avait une villa à Praia das Macas, et divers appartements sur la Costa de Caparica, qui servaient probablement au réseau.
Deux de ses complices portugais sont aussi tombés.
Apparemment, les victimes étaient des garçons âgés de 9 à 14 ans.
Dans cette affaire, on retrouve un pédophile suisse, un certain Alexander Peter Horvath et un autre pédo qui a beaucoup fait parler de lui notamment en Inde, Peter Heinz Dietrich.
Ils filmaient les viols d’enfants commis au Portugal, et vendaient les cassettes autour de 700 F (100 euros).
L’internationale pédophile n’est pas une vue de l’esprit, car ce réseau n’est pas sans rappeler le réseau Tamise-Madère.
Lors du procès de Meaux, une victime a expliqué comme à 13 ans il est devenu un « défouloir sexuel » pour Smadja :
« Il m’a ligoté, m’a fait fumer de l’herbe,
il m’a dilaté l’anus et m’a détruit de l’intérieur.
Je ne pouvais plus marcher ».
Ce jeune s’est ensuite, comme par hasard, tourné vers la prostitution.
D’après ce témoin, Smadja a violé plusieurs autres garçons.
Ensuite, c’est « grâce » à Smadja que ce jeune est tombé dans la prostitution :
« Smadja m’a emmené plusieurs fois porte Dauphine, à Paris,
où je passais de voiture en voiture ».
D’après Le Parisien, une enquête a démarré à ce sujet, mais
« Les policiers ont trouvé mon carnet d’adresses.
Je suis allé avec eux devant les domiciles où j’avais rencontré des pédophiles.
Mais l’enquête n’a rien donné.
Je ne sais pas pourquoi », a expliqué la victime.
Smadja, neveu d’Henri Smadja, juif tunisien devenu patron de presse à la Libération, se faisait passer pour un entraineur du PSG, et refilait aussi des billets de Roland Garros.
Smadja avait déjà été inquiété plusieurs fois par le passé pour le même genre d’affaire, pourtant il a nié les faits jusqu’au bout, comme à son habitude semble-t-il.
En Roumanie, il s’est filmé dans le même logement qu’Albenque et sa victime.
Smadja est pourtant très connu en France : en 2007, cet ancien banquier qui a donné dans l’immobilier sur la Côte d’Azur faisait encore partie de la garde rapprochée de Balkany et est le cousin d’Isabelle Balkany [6], la femme du fidèle lieutenant de sarkoléon et nabab de Levallois Perret, Patrick Balkany.
Depuis 2002, il était aux commandes de la Semarlep, une société d’économie mixte destinée à l’aménagement de Lavallois, et dont deux filiales géraient le contrôle des parkings et la promotion immobilière.
Le monde est petit pour les pédos…
Smadja, entre deux promotions, avait déjà été condamné pour des actes « pédophiles » en France, au Maroc, au Portugal et en République Tchèque.
Malgré tout cela, lui qui était accusé d’avoir organisé le réseau pédo avec Albenque, est ressorti libre du tribunal.
Que valent donc les enfants?
Un autre des coaccusés d’Albenque était Denis Page, qui avait tenté de s’exiler au paradis des pédos d’alors, la Thaïlande, et se ramenait en Porsche dans les cités HLM.
En 1997, Page a été condamné à deux ans de prison en Thaïlande après s’être fait pincer alors qu’il violait un enfant de 13 ans dans sa chambre d’hôtel.
Il a de nouveau fait parler de lui en 2008 quand deux profs de ping-pong pédophiles ont été condamnés.
Page avait alors pris 5 ans de taule (comme pour le réseau Albenque) pour « trois viols et détention d’images pédophiles » nous dit LCI.
5 ans, alors qu’encore une fois, les viols sont des crimes (10 ans minimum) a fortiori quand ils sont commis sur des mineurs.
Mais, visiblement les lois sont interprétées avec grand laxisme quand il s’agit de pédophiles récidivistes.
Et devinez où on a de nouveau coincé Denis Page en octobre 2011 ?
Au Cambodge, la dernière destination prisée par les pédos.
Il a été arrêté avec un dénommé Jean Vidon, 67 ans, dans leur chambre d’hôtel alors qu’ils se trouvaient avec deux ados de 15 et 17ans.
Ils ont pris deux ans dont un avec sursis.
Évidemment, les deux ont nié avoir eu des relations sexuelles avec les ados.
C’est surement pour jouer à la crapette avec deux jeunes types que ces deux pervers ont traversé la moitié du globe.
Enfin, bref : les deux pourris ont même été rapatriés en France gratos pour ne pas y purger leur peine.
Emmanuel Sadoul, cadre commercial, était aussi sur le banc des accusés, ainsi que Daniel Berdoyes, ex jardinier au Sénat qui organisait des partouzes avec des enfants dans son logement de fonction, situé dans le périmètre du jardin du Luxembourg où est installé le Sénat.
L’ancien steward franc-maçon Jean-Max Capmarty [7], Raimund Tinnes, un allemand qui a fondé le club international des jeunes naturistes, ou Bernard Seigneury, chef d’entreprise adepte du Cap D’Agde qui a essayé de se faire passer pour impuissant.
Dans le tas, on avait aussi un éducateur de Meaux, Claude Jaubert, qui devait avoir un accès facile aux enfants en précarité, Emmanuel Sadoul ou encore Patrick Arwacher.
C’est Sadoul qui avait conseillé à Capmarty de les rejoindre en Roumanie pour s’adonner tranquillement à leurs perversités.
Il y va trois fois en 1995 et 1996 :
« Tout le monde semblait heureux en Roumanie, les garçons aussi.
On peut tout leur donner, ils n’ont rien »,
a déclaré Capmarty au tribunal.
Suite au procès, Capmarty a démissionné de toutes les associations dont il était membre.
Quant à Jaubert, une autre victime a porté plainte contre lui et contre Smadja en 2002, mais il semble que le procès n’est jamais venu bien qu’une confrontation ait été organisée entre les deux pédos et leur victime.
Cette victime avait été entendue lors de l’instruction du réseau Albenque, mais n’avait pas parlé.
Puis elle avait compris que « grâce à [son] silence,
Smadja et Jaubert avaient continué à s’en prendre à des gamins »et avait déposé plainte.
Ce témoin explique que Smadja l’a violé quand il avait 13 ans, puis lui avait présenté d’autres hommes.
Évidemment, Smadja et Jaubert ont nié les faits.
En 2003, un autre procès est survenu : celui d’André Estève, accusé de viol sur deux mineurs, et soupçonné d’avoir été membre du réseau Albenque.
Estève avait créé à Chelles, une cité populaire, un club de foot social et faisait croire aux parents qu’il était éducateur.
Apparemment, il n’hésitait pas à utiliser la force pour parvenir à ses fins, mais en bon pédophile il a nié les faits en bloc.
En 1998, Estève avait fait un passage en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur Albenque, puis il s’était enfui et on avait perdu sa trace [8].
C’est suite à un mandat d’arrêt lancé contre lui qu’on a fini par lui mettre la main dessus au Cap d’Agde.
Il avait déjà été condamné deux fois pour attentat à la pudeur et corruption de mineur, et pour ces deux viols il a pris… 5 ans.
Oui, 5 ans alors qu’il s’agit d’un crime puni de 10 à 20 ans de prison.
L’affaire du pédo à la carrière fulgurante
Meaux, la ville de Jean-François Copé, est en Seine et Marne.
C’est là qu’on a aussi plusieurs associations absolument véreuses, comme Olga Spitzer, qui agit dans l’illégalité la plus complète mais a ses entrées dans les tribunaux.
On a aussi les Tournelles, un centre pour mineurs difficiles qui réhabilitait les jeunes délinquants (de 7 à 18 ans) grâce au luxe et à une pseudo « thérapie du merveilleux ».
Il se trouvait juste à côté de Levallois-Perret.
Ledit centre était dirigé depuis 1978 par Robert Mégel, qui a été condamné en 2004 à 11 ans de prison pour viols et attouchements sur mineur [9].
Mégel était un haut fonctionnaire du ministère de la justice, détaché de la Protection judiciaire de la Jeunesse.
Payé grassement par les contribuables, donc, pour gérer ce centre.
L’affaire a démarré après qu’un employé de la protection de l’enfance du Conseil Général de Seine et Marne, alerté par des rumeurs d’abus sexuels aux Tournelles, Pascal Viret, est invité à organiser une réunion dans l’établissement pour les 50 pensionnaires, au sujet de la prévention de la maltraitance.
Quand soudain, Mégel lance
« Il faut que vous sachiez que quoi qu’il ait pu se passer entre vous et les gens qui s’occupent de vous, la relation qui existe est indestructible »[10].
A cette époque, le centre faisait figure de référence et se vantait d’avoir le soutien de Françoise Dolto, dont il disait appliquer les méthodes.
Cela n’est guère étonnant, quand on sait qu’elle a signé une des pétitions parues dans les années 70 pour soutenir le lobby pédophile.
Voir la vidéo éloquente sur le sujet.
Apparemment, quand les magistrats ont décidé de relancer l’internat des Tournelles en 1978, ils ont fait appel à Dolto qui aurait formé l’équipe d’encadrement, et qui y tenait des conférences à l’occasion.
En 1993, un article dithyrambique de L’Express nous expliquait que
« Ici, les enfants sont guidés, écoutés, mais surtout respectés.
Et ça marche ».
Mais, il a été défendu par tout son staff et par les administrateurs des Tournelles qui pourtant, sont censés protéger les enfants et pas les pédocriminels.
Tous ces braves gens ont dit que les victimes étaient des menteurs, c’est si facile.
Parmi les soutiens de Mégel, il y avait une clique variée : un Haut fonctionnaire de Bercy, des journalistes, une scientifique de l’Institut Pasteur, des gérants de boîtes de nuit, des magistrats…
Par exemple, Geneviève Moll, rédactrice en chef à France 2 et membre du CA [11] des tournelles, a carrément balancé à la victime :
« T’es qui, toi ? Tu devrais avoir honte, petit merdeux… ».
D’après certaines écoutes, c’est grâce à Moll que la presse n’a rien dit ou presque sur cette affaire.
L’avocat parisien Michel Peisse et le conseiller d’État Philippe Sauzay étaient aussi des membres du CA des Tournelles.
En outre, Megel était défendu par le président de la ligue des droits de l’homme, et star du barreau, Me Henri Leclerc.
Lien vidéo vers le 20h du 23 novembre 2004.
Au nombre des défenseurs qui se sont mobilisés pour Mégel, il y avait aussi Jean-Marc Borello, ancien administrateur des Tournelles devenu délégué général du groupe SOS Drogue International, qui a dit à l’audience que les faits reprochés étaient « matériellement impossibles ».
Borello est aussi un ancien éducateur de jeunes délinquants, qui a eu de belles promotions puisqu’il a été conseiller ministériel [12] puis gérant des grosses boîtes de nuit parisiennes Le Palace et Regine’s, mais aussi du resto Ledoyen où Mégel emmenait ses proies.
On peut aussi noter que Borello a obtenu la Légion d’honneur en 2000 et qu’il a créé le groupe SOS (11.000 salariés) en
« appliquant au secteur social les recettes du privé ».
Ledit « groupe SOS », nous explique le magazine Capital,
« chapeaute une trentaine d’associations intervenant dans l’accueil de toxicomanes, de SDF, de jeunes en difficulté et dans la gestion de crèches et de maisons de retraite»,
mais il regroupe également
« une dizaine d’entreprises privées comme Altermundi, l’enseigne de distribution de produits équitables,
L’Usine, un espace événementiel situé face au Stade de France et employant des personnes en réinsertion,
ou encore La Manufacture durable, le numéro 2 des cabinets de conseil en développement durable, avec plus de 100 collaborateurs ».
En 2012, Borello était même devenu conseiller de diverses multinationales comme Danone.
Ledit Borello a expliqué au procès que c’est lui qui a « convaincu des ministres d’aider les Tournelles » et a affirmé y avoir emmené Danielle Mitterrand, la tante du ministre pédophile Frédéric Mitterrand.
Raïssa Gorbatchev y serait également allée…
Que faisaient ces gens dans un centre pour jeunes difficiles ?
Le même genre de virées que celles de la clique pédophile anglaise dans l’orphelinat de Jersey ?
Au procès, Borello a dit que toutes ces accusations n’étaient qu’un complot qui avait « développé un insupportable climat d’homophobie »…
Pourtant, Borello était bien présent aux partouzes de Mégel, qui recrutait essentiellement du personnel homosexuel ou bi aux Tournelles :
« Je me rappelle B. (membre du conseil d’administration, patron de boîte de nuit, grand ami de Robert Mégel, NDLR)
la première fois que je l’ai rencontré chez Mégel,
il m’a déboutonné trois boutons de chemise “pour voir ce qu’il y avait dessous’’ »,
a ainsi expliqué un éducateur du centre.
Philippe Sauzay, conseiller d’État honoraire, ancien préfet, ex chef du cabinet de Giscard et ancien membre du conseil d’administration des tournelles, mais surtout ami de Mégel depuis 1973, a bien sur pris la défense de Mégel.
Il s’est même fendu d’un droit de réponse à l’argumentaire lamentable au journal Le Monde pour défendre Les Tournelles (et surtout lui-même).
A partir de 1973 d’ailleurs, la carrière de Mégel connait une ascension fulgurante.
Dont le sommet fut la création des Tournelles, où le tiers du conseil était composé de magistrats (pourtant jamais interrogés dans l’enquête) et avait « le soutien de personnalités ».
On se demande pourquoi un tel engouement.
D’après le journal La Vie (18 janvier 1998),
« en 1974, sur proposition de Philippe Sauzay (alors chef de cabinet présidentiel de Giscard d’Estaing, aujourd’hui conseiller d’État),
l’ancien instituteur a été chargé de mission au cabinet d’Hélène Dorlhac, secrétaire d’État à la Condition pénitentiaire.
Au conseil d’administration des Tournelles, il s’est bien entouré :
outre Philippe Sauzay,
plusieurs magistrats,
des avocats,
un ancien président de la cour d’appel de Paris,
un ex-procureur de la République,
un vice-président du tribunal de grande instance de Paris
ou encore une ancienne directrice de l’École polytechnique féminine ».
Parmi tous ces gens, aucun n’aurait jamais eu le moindre soupçon sur Mégel ?
Difficile à croire.
Parmi les soutiens de Mégel, il y avait aussi Françoise Gaspard, ex-maire de Dreux de 1977 à 1983, puis députée d’Eure et Loire.
De fait, Mégel avait beaucoup d’amis bien placés, et aussi beaucoup d‘amants, souvent mariés et restés au placard.
De hauts fonctionnaires, des magistrats aussi, qui ont permis son ascension sociale : à 25 ans, Mégel était
« contrôleur des centres en charge des mineurs pour la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ».
Ce sont probablement ces belles relations qui ont permis à Mégel de passer à travers les mailles du filet quand, dans les années 70, la mère d’un adolescent avait signalé à la Brigade de Protection des Mineurs qu’elle avait surpris Mégel au lit avec son fils de 13 ans.
Le garçon, suivi dans un centre médico-psychologique où officiait Mégel, était revenu d’un séjour en Espagne avec la syphilis [13].
Mégel avait d’abord dit qu’il ne s’agissait que d’une infection intestinale, avant de déclarer que l’enfant avait été violé par des Marocains.
En 1997, quand une victime a parlé, Mégel s’est lamenté sur son triste sort, l’a convoquée en tête-à-tête dans son bureau, puis lui a fait dire devant tout le monde qu’il ne s’était jamais rien passé.
Ce qui, manifestement, a satisfait l’audience.
Et tout le monde s’est mis d’arrache-pied à travailler à la défense de Mégel : on rédige des dossiers présentant Jérôme comme un menteur pathologique (certains sont même antidatés).
On atteste qu’aucun jeune ne pouvait se retrouver seul le soir au domicile de Robert Mégel, même s’il se faisait porter des plateaux-repas par des jeunes qu’il sélectionnait lui-même ; personne ne proteste quand il détruit les cahiers retraçant les allées et venues des enfants, le soir [14].
Quand le ministère de la Justice retire l’agrément à l’association de Mégel qui gérait les Tournelles pour le refiler à une autre association à cause de l’affaire des viols, Mégel introduit un recours devant le tribunal administratif.
En outre, Mégel s’est barré avec la trésorerie de l’association, soit 2,7 millions de francs [15].
Le psychiatre membre du conseil d’administration des Tournelles, Jean Tremsal, en profite pour décrédibiliser la victime qui selon lui a un « profil de délinquant ».
Accessoirement, c’est justement pour cette raison qu’on envoie des jeunes dans les centres pour jeunes difficile, et le rôle des adultes n’est pas de les violer mais de les aider autant que possible.
Peut-être que Tremsal a été aussi gentil avec Mégel parce que ce dernier lui proposait de faire du business ensemble dans l’immobilier ?
Précisons que Tremsal exerce toujours à Meaux, ce qui ne semble déranger personne [16].
Etienne Madranges est l’un des magistrats membres du conseil d’administration des Tournelles.
Lors d’écoutes réalisées pendant l’enquête, il a parlé de la rémunération de Mégel, des
« soirées à l’Elysée Matignon où le whisky coulait à flots »,
de personnes qui complotaient pour mettre la main sur les Tournelles.
On ne parle pas ici d’une start up innovante ou d’une multinationale, mais d’une association a priori sans but lucratif.
Pourquoi donc ces manœuvres afin de récupérer ce centre pour jeunes difficiles.
A qui s’adressait Madranges ?
A Colette Kreder, ancienne directrice de l’École polytechnique féminine, et administratrice aux Tournelles, qui se moquait bien elle aussi de la victime et ne pensait qu’à sauver les Tournelles.
Aujourd’hui, Madranges nous gratifie de ses chroniques dans Le Figaro.
En 2003, au moment du procès, Madranges,
« jusqu’alors magistrat au parquet général de la cour d’appel de Paris, rejoint le cabinet de Jean-Louis Borloo au ministère délégué à la Ville.
Nommé conseiller auprès du Ministre, et venant ainsi compléter le cabinet,
il aura en charge notamment les problématiques jeunesse »,
nous disait alors le site du ministère de la Ville [17] .
Pas de chance, s’il n’y avait qu’une seule partie civile grâce à la prescription, en réalité beaucoup de victimes sont venues décrire à la barre les mêmes faits de viols et agressions sexuelles.
D’anciens pensionnaires d’un établissement où Mégel était passé avant, l’institut médico psychologique de Dammartin-sur-Tigeaux, sont également venus témoigner.
Certains ont décrit ses virées dans les boites parisiennes avec des adolescents du centre, d’autres ont parlé des recrues non qualifiées de Mégel, ou de ses relations avec d’anciens pensionnaires devenus adultes.
C’est aussi là qu’on a appris l’organisation par Mégel de virées dans des hôtels de luxe au Maroc, ou même aux États-Unis.
Un soir, il a fait décoller des enfants d’Orly pour les emmener manger à Cannes.
Dans un reportage diffusé par 7 sur 7 (émission de Anne Sinclair), on voyait les pensionnaires discuter avec Badinter.
Ils ont aussi été sur le plateau du célèbre pédophile Michel Polac, en compagnie de Depardieu, dont les débuts de carrière sont des plus obscurs, et Renaud.
Comment était financé ce centre pour parvenir à envoyer les jeunes au Maroc (où des viols ont eu lieu), en Tunisie, au Canada, aux USA[18] ou dans les restos chics de Cannes (comme le Carlton) et de Paris ?
« Outre les allocations de la Caisse d’assurance maladie, l’institut récolte aussi les dons de généreux mécènes, dont le legs d’une vieille dame fortunée, et les cadeaux en nature (champagne, caviar) de sociétés privées.
Certaines participent d’ailleurs au financement du nouveau pensionnat, inauguré en 1995 »,
nous explique le site de l’association Morkhoven.
Dans ce nouveau pensionnat, « chacune des 26 chambres a été décorée par les soins d’une ambassade ».
Mais on rêve : que viennent faire les ambassades dans la décoration d’un pensionnat pour jeunes difficiles ?
A ce stade, précisons qu’en Angleterre, un des sports nationaux était pour le MI5 ou le MI6 de coincer des personnalités, souvent étrangères, lors de partouzes organisées dans divers orphelinats ou dans des villas, mais avec des enfants pris dans des orphelinats.
Il n’y a qu’un pas à faire pour envisager le même type de processus avec les Tournelles.
Finalement, Mégel a pris 11 ans, puis 12 ans en appel. On notera que des plaintes avaient été déposées contre Mégel dès 1994 et que l’affaire a débuté suite à une lettre anonyme du père d’une victime de Mégel, qui a écrit en 1997 à Xavier Emmanuelli, alors secrétaire d’État à l’Action humanitaire.
Aujourd’hui, toutes les familles savent qu’une telle lettre est directement renvoyée au parquet, au nom de la fameuse « séparation des pouvoirs » qui n’est qu’un mythe.
La victime principale de l’accusation a porté plainte à 17 ans, la même année.
Et dès les années 80, les psychiatres de la région disaient que les Tournelles était un établissement dangereux, dans lequel il ne fallait pas envoyer les enfants.
En outre, Mégel n’a fait que 5 jours de préventive.
« Robert Mégel a été relâché après cinq jours de détention, par décision du président de la chambre d’accusation, en vertu d’une mesure très rare : le référé-liberté »,
a précisé le journal La Vie,
« Autre – étrange – rareté : le contrôle judiciaire n’est pas laissé à la disposition du juge, comme le veut la coutume, mais à la chambre d’accusation.
“Il a été réduit à sa plus simple expression, note un policier.
Mégel n’a même pas besoin d’aller pointer chez les gendarmes !”
Les policiers qui ont, semble-t-il, eu quelque mal à démarrer l’enquête, font d’étonnants constats : l’expert informaticien de la DRPJ a ainsi découvert qu’un psychiatre des Tournelles n’a pas hésité à signer de faux documents ».
Divers documents concernant les nombreux protagonistes de l’affaire ont également disparu, comme ce fut le cas, par exemple, pour le dossier personnel de Mégel au ministère de la Justice, qui est son employeur, ou l’original du dossier de la victime, qui a disparu avant d’être remplacé par un faux rapport antidaté par Tremsal.
Quant à la presse, qui a relaté le scandale même a minima, elle a été systématiquement poursuivie, et intimidée par Mégel et ses amis.
Mégel avait déjà bénéficié de l’ultra laxisme judiciaire en faveur des pédophiles : cité parmi 340 personnalités dans le dossier Coral qui a été étouffé, Mégel était déjà passé entre les mailles du filet.
Si filet il y a eu dans cette affaire…
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Bref, je suppose que si Megel a fini par tomber, c’est qu’il dérangeait quelqu’un.
Avait-il des dossiers sur certaines personnes ?
Etait-il devenu trop voyant ?
Ou est-ce que les détournements de fonds qu’on lui a reprochés en ont dérangé certains ?
On ne le saura sans doute jamais.
En tout cas, quand on voit les manœuvres et pressions diverses qui n’ont cessé dans ce dossier, on comprend que Mégel n’était certainement pas le seul à être mouillé jusqu’au cou dans cette affaire.
C’est l’ancien adjoint de Mégel qui a repris Les Tournelles. Bien sûr, lui non plus n’avait rien vu, rien entendu.
[1] 18 adultes avaient été mis en examen et seulement 11 renvoyés devant le tribunal.
[2] Albenque a été interpellé en 1996 alors qu’il vivait carrément au domicile d’une de ses jeunes victimes, après avoir payé au père un abonnement à Canal + et une télé.
[3] Smadja est arrivé en 1996 comme patron de l’agence de presse Corbis Sygma, qu’il a fait passer sous contrôle américain (avec toutes les archives) en revendant ses actions à un fonds spéculatif.
[4] Spinks est un pédophile globe trotter anglais, passé par Amsterdam, Prague, la Thaïlande, au gré de ses petites affaires, toujours liées au business pédocriminel (snuffs, bordels, pédoporno, tour opérateur…)
[5] Il a encore pris 5 ans pour le viol (un crime, donc normalement c’est au moins 10 ans de taule) d’une fillette au Cap d’Agde, qu’il a avoué lors du procès de 2002.
Mais allez savoir pourquoi, on a intégré ces 5 ans dans les 15, ou plutôt les 8 ans de taule qu’il a faits.
[6] « La famille d’Isabelle, les Smadja, a fait fortune dans l’import-export de caoutchouc.
C’est l’un de ses oncles qui racheta les Artistes Associés à Charlie Chaplin ; l’autre, Henri Smadja, fut le dernier patron de Combat, le journal où écrivirent Malraux, Sartre et Camus et, bien plus tard…
Isabelle, qui y a fait ses premières armes avec le journaliste Philippe Tesson »,
[7] Il faut croire que ses amis ne l’ont pas laissé tomber : condamné à quatre ans de prison dont quarante mois de sursis pour viol sur un mineur, il est ressorti libre du tribunal !
Il était aussi poursuivi en 2002 pour avoir consulté des images à caractère pornographique de mineurs par l’intermédiaire du réseau Landslide en sortant de préventive, et il allait régulièrement en Thaïlande dans les années 70, pour y violer des fillettes.
Il n’a fait que 8 mois de préventive au total.
[8] Lors du procès, Estève a dit qu’il était l’auteur des lettres anonymes dénonçant toute la bande d’Albenque.
Bizarrement, en 1998, Albenque a traité Estève de « maître chanteur », mais aussi de « rabatteur » et de « proxénète »…
A l’époque, il ne savait pas qu’Estève les avait balancés.
[9] Au départ, ce centre était un institut médico psychologique dans lequel des enfants au crane rasé étaient installés dans les sous-sols.
[10] Pascal Viret a subi de grosses pressions suite à son intervention dans ce dossier :
« Par ailleurs, le responsable de la Protection de l’enfance en Seine-et-Marne, Pascal Viret, qui a exprimé ses soupçons sur Robert Mégel, a craint pour son emploi.
Et indique ne plus compter les menaces téléphoniques »,cf. La Vie.
En fait, Viret a été viré suite à cette affaire, et les menaces qu’il a reçues étaient carrément des menaces de mort.
[11] Conseil d’Administration.
[12] A l’arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, on lui propose d’intégrer la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, où il est vite remarqué par Gaston Defferre, alors ministre de l’Intérieur, qui en fait son conseiller technique sur le sujet.
Gaston Defferre, maire de Marseille où la French connexion battait son plein et ami du mafieux Mémé Guérini, sait certainement de quoi il parle en matière de drogues.
Nick Venturi, un des gros bras de Defferre, était aussi un des piliers de la french Connection.
Enfin, je ne vais pas m’étaler sur ce très riche sujet, j’y reviendrai surement un jour dans ma saga de la société Ricard et de Charles Pasqua.
[13] La mère avait ensuite surpris Mégel dans le lit de son fils et avait porté plainte, mais Mégel a été blanchi, notamment parce que sa victime n’a pas osé parler aux flics.
[14] Étrangement, des photocopies de ces cahiers ont été envoyée anonymement au juge par la suite.
Avec toutes les données ou pas ? Mystère.
[15] En octobre 1998, selon le Point,
« le parquet de Meaux a ouvert une enquête préliminaire pour abus de biens sociaux, abus de crédit et abus de pouvoir.
La section financière du SRPJ de Versailles s’intéresse au patrimoine de l’Association des Tournelles, estimé à près de 80 millions de francs ».
[16] Et il semble que pour Tremsal, l’ « œuvre médicale coloniale » fut grandiose en Algérie française.
[17] Pour le CV complet :
« substitut au Tribunal de grande instance de Meaux de 1977 à 1982, substitut au TGI de Bobigny de 1982 à 1988, puis nommé en 1989 premier substitut, chef de la section des stupéfiants, dans ce même Tribunal.
En 1993, il a rejoint en qualité de conseiller technique le cabinet de Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Jeunesse et des Sports, où il a été chargé de la jeunesse et de la vie associative.
En janvier 1996, il a été nommé substitut général au parquet général de Paris, où il a été successivement avocat général de la chambre d’accusation, de la 13ème chambre correctionnelle, et de la cour d’assises.
Parallèlement à sa carrière judiciaire, Étienne Madranges a enseigné dans diverses universités et grandes écoles, présidé de nombreux jurys, et animé des associations nationales intervenant dans les secteurs de la jeunesse, de la prévention, du sport, de l’insertion, du handicap, de la culture ».
[18] Deux semaines aux USA, avec hébergements dans les hôtels Hilton à chaque étape.
Un réseau pédophile au foyer pour enfants des Tournelles
La scène se déroule au château des Tournelles, en mars 1997.
Alerté par des rumeurs d’abus sexuels sur les pensionnaires de ce centre pour mineurs difficiles, à Hautefeuille, en Seine-et-Marne, Pascal Vivet, chargé de l’enfance en danger au conseil général du 77, est invité à animer une réunion avec les cinquante jeunes garçons hébergés au château.
Thème : la prévention de la maltraitance.
Une intervention brusquement interrompue.
Le directeur général des Tournelles, Robert Mégel, prend à partie l’assemblée:
-«Il faut que vous sachiez que quoi qu’il ait pu se passer entre vous et les gens qui s’occupent de vous, la relation qui existe est indestructible.»
Pascal Vivet ne sait pas encore que l’affaire ne fait que commencer.
Direction la cour d’assises, à Melun, où s’ouvre, huit ans après, le 23 novembre, le procès de Robert Mégel, accusé de viols et agressions sexuelles sur deux pensionnaires des Tournelles.
Quand éclate le scandale, les Tournelles font encore figure de référence.
Robert Mégel, un éducateur qui a gravi les échelons au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse, rattachée au ministère de la Justice, débarque dans ce château du XIXème à la fin des années 70.
Avec ses amis, avocat ou magistrat, il reprend les rênes de l’association qui gère les lieux.
Et lance aux Tournelles une expérience inédite : la rééducation des mineurs par le luxe.
Le concept?
Proposer à des enfants et des ados sujets à des troubles du comportement (crises de violence…) et rejetés de toutes les autres structures, de vivre le grand rêve.
Les remettre dans le droit chemin au pays des merveilles.
Rien n’est trop beau: voyages dans les hôtels les plus chics du Maroc ou des États-Unis, sorties dans les grands restaurants parisiens, distribution de montres et de parfums de valeur.
Un soir, par exemple, les enfants décollent d’Orly pour aller dîner à Cannes, et rentrent dès le lendemain matin…
«La philosophie, c’était sortons-les de Sarcelles et amenons-les à Manhattan», résume Pascal Vivet.
L’institut se vante d’avoir la caution morale de Françoise Dolto.
Et le carnet d’adresses impressionnant de Robert Mégel, décrit comme «un charmeur et un parleur extraordinaire», lui assure de prestigieux soutiens.
Au conseil d’administration de l’association des Tournelles siègent des hauts fonctionnaires et le gratin de la magistrature parisienne.
Parmi eux : l’avocat Michel Peisse et le conseiller d’État Philippe Sauzay, ancien chef de cabinet du président Giscard d’Estaing.
Ou encore un président de chambre à la cour d’appel de Paris, et l’ancien patron du Palace.
Au château, les personnalités aussi se bousculent, comme Danièle Mitterrand ou Raïssa Gorbatchev.
Dans les années 80, sur le plateau de Michel Polac, les jeunes partagent la vedette avec Depardieu et Renaud.
A «7 sur 7», ils débattent avec Robert Badinter.
«A l’institut des Tournelles, les 50 pensionnaires se préparent à découvrir le Maroc et si possible à interviewer Hassan II», rapporte la presse.
Les finances de ce train de vie royal?
Outre les allocations de la Caisse d’assurance maladie, l’institut récolte aussi les dons de généreux mécènes, dont le legs d’une vieille dame fortunée, et les cadeaux en nature (champagne, caviar) de sociétés privées.
Certaines participent d’ailleurs au financement du nouveau pensionnat, inauguré en 1995.
Un bâtiment de luxe couleur vert et acajou, construit juste derrière le château, sur les plans de l’architecte Jean-Michel Wilmotte.
Avec marbre au sol et restaurant panoramique au troisième étage.
Chacune des 26 chambres a été décorée par les soins d’une ambassade.
«Tout concourt enfin à donner à ces garçons les bases nécessaires à leur insertion lorsqu’ils quitteront l’institution», s’enthousiasme une revue du ministère de la Justice.
Presque impensable aujourd’hui, à l’heure où l’on débat de la hauteur des grillages dans les centres fermés.
Ce paradis cache-t-il un enfer?
Mai 1997 : Jérôme, l’un des jeunes pensionnaires des Tournelles, alors âgé de 16 ans, raconte aux policiers de Palaiseau qu’il a été victime d’abus sexuels et de viols entre janvier 1994 et août 1996 de la part du «big boss de l’internat».
Des attouchements pratiqués pendant deux ans, dit-il, dans les appartements du directeur où il était chargé d’apporter des plateaux-repas.
Mais aussi au cours d’un voyage à Marrakech.
Puis les viols, à partir de 1996.
En juin 1997, un deuxième élève des Tournelles, Heddy, confie à un psychiatre qu’il a dû lui aussi résister à des attouchements pendant son séjour au château.
Robert Mégel est interpellé en septembre et nie tout.
Les accusations de Jérôme?
Un subterfuge pour ne pas répondre des vols dont le jeune homme était accusé.
Heddy ?
Une réaction à son exclusion des Tournelles.
L’enquête confirme cependant l’existence de la pratique des plateaux-repas délivrés au maître des lieux, qui reçoit les élèves en peignoir.
Elle démontre aussi la volonté de Robert Mégel de discréditer les accusations de Jérôme.
Ainsi ces attestations visant à prouver que le jeune homme présentait de graves troubles psychologiques : l’analyse du disque dur de l’ordinateur des Tournelles a révélé qu’elles étaient antidatées.
Les enquêteurs font aussi remonter une poignée de témoignages d’anciens élèves de Mégel, soit aux Tournelles, soit à l’institut médico-pédagogique de Dammartin-sur-Tigeaux (77) où il enseignait auparavant, qui l’accusent d’attouchements ou de viols.
Tous tombent sous le coup de la prescription.
Mais peu à peu les secrets du château apparaissent au grand jour.
Il y a ce pensionnaire, dont Mégel reconnaît avoir été l’amant, certes après sa majorité.
Et cette étonnante soirée, racontée par un témoin, où des danseurs marocains nus font la nouba dans la chambre du dirlo.
Tout ça ne relève pas du viol mais ça crée un climat…
Mis en examen en septembre 1997, Mégel a été incarcéré cinq jours.
«Robert Mégel a été relâché après cinq jours de détention, par décision du président de la chambre d’accusation, en vertu d’une mesure très rare : le référé-liberté», a précisé le journal La Vie, Autre – étrange – rareté : le contrôle judiciaire n’est pas laissé à la disposition du juge, comme le veut la coutume, mais à la chambre d’accusation.
“Il a été réduit à sa plus simple expression, note un policier.
Mégel n’a même pas besoin d’aller pointer chez les gendarmes!
“Les policiers qui ont, semble-t-il, eu quelque mal à démarrer l’enquête, font d’étonnants constats : l’expert informaticien de la DRPJ a ainsi découvert qu’un psychiatre des Tournelles n’a pas hésité à signer de faux documents»
L’ancien directeur du centre pour jeunes inadaptés des Tournelles a été condamné le vendredi 12 mai 2006 à 12 ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises d’appel de Paris.
Il était accusé de viols et d’agressions sexuelles par deux anciens pensionnaires.
Actualisation 2023
En 2023 la lettre d’information Faits et Documents a fait un portrait édifiant de Borello avec des informations inédites :
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