Le Havre | Accusé d’inceste, le père nie tout

À la police, à la justice et dans un livre, la fille du prévenu a décrit les abus sexuels qu’elle aurait subis au Havre.

En garde à vue, le père poursuivi pour inceste était très calme. Il l’est également à la barre du tribunal correctionnel du Havre.

« Parce que je n’ai rien à me reprocher », justifie le prévenu havrais de 53 ans quand la présidente lui fait la remarque.

Sa seconde femme « un peu dégénérée », selon lui, aurait poussé la plaignante à l’accuser.

Ou sa fille aurait lancé cette procédure « pour se faire de l’argent ».

Le livre qu’elle a écrit pour décrire ce qu’elle aurait subi lui en a pourtant coûté.

Elle l’a publié à compte d’auteur.

« Pour se soigner », abonde Me Patrick Ben Bouali qui assiste la partie civile à l’audience.

Le second enfant du prévenu avait effectué en 2009 des accusations à son encontre.

Elles ont été classées sans suite.

Seulement, c’est à cette occasion que la plaignante a pu parler.

Elle relate avoir été victime de 1991 à 2001.

Des attouchements sur tout le corps.

Contrainte à toucher le sexe de son père, à le masturber.

Une pénétration avec un doigt.

Une scène à l’occasion de la sieste.

Une autre fois quand elle s’était endormie devant la télé, elle a été réveillée par la main de son père.

« Elle se souvient que la première fois c’était sur son cheval à bascule », rappelle la présidente au prévenu.

« Déjà, ma fille n’a jamais eu de cheval à bascule », s’agace-t-il.

Le quinquagénaire serre les dents et répond à chaque accusation.

« Elle ne s’asseyait jamais sur mes genoux »,

« Je ne la faisais pas jouer à la poupée »

Pour l’homme imperturbable :

« Elle m’accuse parce que je n’ai pas été assez présent. C’est la seule chose que j’aurais à me reprocher. Je n’ai pas été souvent présent, mais on ne m’en a pas laissé souvent l’occasion ».

La présidente fixe du regard le prévenu.

« Si elle n’a rien vécu, elle est très forte et intelligente.

Car elle aurait même réussi à tromper l’expert-psychiatre. »

Le Havrais réplique :

« M’dame la présidente, elle a eu beaucoup de problèmes.

Mais je ne vois pas ce que j’ai à voir avec ça.

Je pense qu’elle doit avoir un problème.

Je ne sais pas pourquoi elle veut m’en faire porter le chapeau ».

Quand il a rencontré de son côté le psychiatre pour les nécessités de l’audience, le père a usé de termes crus.

D’autre part, « au cours de la procédure, monsieur s’est vanté d’avoir fait l’amour jusqu’à neuf fois par jour », comme le rapporte Me Ben Bouali.

« Ça n’engage que moi, poursuit l’avocat.

Mais ça fait beaucoup.

Vous n’auriez pas passé vos besoins aussi sur votre fille ? »

Le prévenu ne vacille pas.

Le parquet requiert quatre ans de prison ferme.

« Alors que dans ce dossier, il n’y a rien d’autre que des déclarations, défend Me Stanislas Morel.

Il n’y a pas l’ombre d’un témoignage.

Qui était là lors de ces prétendus faits ? »

Le tribunal rendra sa décision le 10 mai prochain.

Source : Paris-Normandie

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