La Réunion | Un pédocriminel encourt 20 ans de prison

 J.M, un Saint-Paulois de 37 ans est accusé de viols, d’agressions sexuelles et d’exhibitions sur des mineures. Il est reconnu déficient mental moyen depuis son plus jeune âge.

Assis à côté de son avocat, J.M semble être ailleurs, ne comprenant pas tout ce qui passe autour de lui. Ses réponses varient au gré des questions, malgré toute la patience du Président Szysz. Ce trentenaire est accusé de viols, d’agressions sexuelles et d’exhibitions.

Il encourt jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle. Pourtant, sa déficience mentale est visible au premier coup d’œil et qui a été au cœur de la première partie de cette journée d’audience. Aîné d’une fratrie de 5 enfants, dont il est le seul garçon, il a vécu et continue de vivre dans une famille soudée.

Son père est décédé il y a peu, mais sa mère et ses sœurs, dont certaines vivent en métropole, restent proches de lui. Devant l’enquêteur de personnalité, il ne révèle aucune maltraitance, aucun problème particulier, si ce n’est son handicap qui a été détecté dès son plus jeune âge. Il suivra d’ailleurs une scolarité en établissements spécialisés, mais sans pouvoir apprendre à lire ni écrire. Cependant, il est très doué pour les travaux de la terre et deviendra jardinier. Dès sa majorité, il rejoint un centre spécialisé pour travailleurs handicapés, où il donne satisfaction depuis 15 ans.

Il reste dans son monde

Il participe également à de nombreuses activités au sein de « Cœur en Joie ». Entendu par la cour, le président de cette association décrit une personne participant à pratiquement toutes les activités proposées, à l’exception de celles sur la sexualité, et n’ayant jamais eu de problème de comportement même vis à vis de jeunes filles de 12/13 ans, membres de l’association.

Des problèmes de sexualité qui n’ont jamais été abordés au sein de sa famille, laissant ce jeune homme gérer ses pulsions comme il pouvait. Sa sexualité a d’ailleurs été au centre des expertises psychiatriques (voir par ailleurs) et qui posent la question de son incarcération, si les faits sont avérés.

Les dépositions des victimes, au nombre de six, qui se sont succédé tout au long de l’après-midi n’ont pas plaidé en sa faveur et même l’une de ses sœurs a révélé avoir elle aussi été victime d’exhibition sexuelle lorsqu’elle était enfant. Interrogé après chaque audition, J.M reste dans son monde répondant oui à certaines questions du président, avant de dire le contraire à la question suivante.

Ce matin, les experts psychologues qui ont examiné les victimes seront entendus. Puis les deux avocats des parties civiles prendront la parole avant les réquisitions de l’avocat général la plaidoirie de la défense. Le verdict est attendu en début d’après-midi.

“Un suivi avec obligation de soins est obligatoire”

J.M est reconnu, depuis son enfance, comme déficient mental moyen. Un handicap visible, ainsi que le souligne l’un des experts psychiatres qui l’a examiné. « S’il est déficient mental, cela ne l’empêche pas de connaître la différence entre le bien et le mal, explique l’expert. Il comprend parfaitement le caractère transgressif des faits, qu’il ne reconnaît pas.

Il a un imaginaire pauvre associé à une immaturité affective et sexuelle encore diminuée par son handicap. Cependant, il reconnaît avoir des pulsions sexuelles fréquentes que son handicap peut l’empêcher de canaliser.

Et il est totalement en capacité d’élaborer des stratégies simples et de pouvoir mentir », renchérit-il. Concernant les suites judiciaires, le psychiatre est formel.

«Dans le cas où les faits seraient avérés, les risques de réitération peuvent être importants. Un suivi avec obligation de soins est obligatoire. Une obligation de soins qui peut aller jusqu’à la castration chimique afin de l’aider à contrôler ses pulsions», conclut le psychiatre.

Une première analyse confirmée par un second expert va cependant nuancer certains éléments. En effet, pour le second praticien, le côté purement répressif est à exclure.

«Cette personne ne présente pas de dangerosité au sens psychiatrique, mais une sanction pénale paraît peu adaptée à son état psychique», soulignet- il en précisant que sa comparution devant la cour d’assises peut lui faire comprendre le caractère transgressif des faits qu’il aurait commis.

Source : clicanoo.re

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