Bois-des-Nèfles-Saint-Paul de La Réunion | 12 ans de réclusion pour des viols sur sa belle-fille

Il aura fallu exactement une heure aux jurés pour répondre oui à l’ensemble des questions déterminant la culpabilité. Mais surtout pour prononcer une peine. L’avocat général avait requis une peine
supérieure à 10 années de réclusion. Le magistrat a été entendu, les jurés ayant condamné l’accusé à 12 années de réclusion criminelle et devrait faire appel dès aujourd’hui.

La nuit commençait juste à tomber lorsque la Cour est revenue de la salle des délibérés pour rendre son verdict. A. R a été reconnu coupable de viols et d’agressions sexuelles sur sa belle-fille alors qu’elle était mineure et condamné à 12 années de réclusion criminelle. Une peine qui le laisse sans voix, ainsi qu’une partie de sa famille, sa concubine et sa seconde belle-fille, venues le soutenir. Condamné alors que le quinquagénaire avait toujours nié les faits, soutenant envers et contre tout que c’est sa belle-fille qui l’avait provoqué alors qu’elle était majeure.
Des dénégations qu’il a maintenues hier matin devant la Cour , juste après la déposition de sa compagne qui est aussi la mère de la victime. Une mère de famille qui a clairement choisi son camp, celui de son compagnon.
Invitée par le Président Jean-Pierre Szysz à livrer sa vision de l’affaire, la sexagénaire va donner une version des faits hallucinante.
Elle ne savait rien, ne s’était rendue compte de rien et n’a appris que son concubin était le père de sa petite-fille, quelques jours avant le dépôt de plainte de sa fille en 2012. « J’étais en colère lorsque je l’ai appris. Mais ce n’est pas trop grave, car il n’est pas allé voir ailleurs», explique-t-elle à la barre.
Lorsque le Président l’interroge, elle conteste tout, nie tout, non seulement ses propres déclarations faites devant les enquêteurs ou le magistrat instructeur, mais aussi celles de sa propre fille qui soutient son ti père.
Un comportement tellement aberrant que le magistrat renonce même à poursuivre ses questions. Un comportement qu’elle va maintenir sous le feu des questions de l’avocate de la partie, Marie Briot et de l’avocat général.

Pas de confusion entre la moralité et la légalité

Mais le plus surprenant reste à venir avec l’audition de l’accusé. Très fier de sa réussite, comme le soulignent les experts qui l’ont examiné, le quinquagénaire va lui aussi raconter n’importe quoi.
En trois phrases, il va être capable d’affirmer que tout est noir, blanc mais aussi gris. Deux points restent cependant constants. Oui, il a cédé aux avances de sa belle-fille mais surtout elle était majeure.
Mais pas ou peu de regrets. «Mais c’est vrai que c’est pas très joli joli ce que j’ai fait. Surtout vis-à-vis de ma femme », dit-il à la fin de son audition. Un déni logique pour les experts. « Il est psychorigide avec une personnalité affirmée. Ses explications semblent hasardeuses en rapport à son manquement certain de son sens éthique», souligne le psychologue.
Analyse pratiquement identique pour le médecin psychiatre. « Cela a été très difficile pour cette jeune femme de parler de cela et de déposer plainte », commence Me Marie Briot pour la partie civile.
«Difficile car il n’y avait pas qu’elle. En révélant les faits, elle savait que sa fille, la fille de son ti père, saurait tout. Et c’est pour cela, aussi, qu’elle n’a rien dit durant des années. Lorsque l’on est victime, on ne se souvient pas de tout. On se souvient de détails, comme le souffle chaud de son agresseur dans son oreille », explique la conseil en poursuivant.
«Les agressions se poursuivent et se répètent au fur et à mesure où elle grandit. Cela s’aggrave jusqu’au moment des viols. Aujourd’hui encore, cette jeune femme est en souffrance. Même les experts ne croient pas à ses explications. Cela est très rare qu’ils l’affirment aussi clairement », lance encore la conseil. « Cette jeune femme est en pleine reconstruction et votre verdict lui permettra de la poursuivre », conclut Me Briot. Après avoir démontré la souffrance de la victime et expliqué pourquoi la culpabilité de l’accusé ne faisait aucun doute (voir encadré), l’avocat général va reprendre aussi les expertises. « Les professionnels sont très réservés le concernant. De plus, il a déjà été condamné pour des violences commises sur une personne handicapée. La sœur de la victime. Il est inquiétant et ne se remet pas en cause », soutient encore le magistrat en requérant une peine supérieure à 10 années de réclusion. Dès le début de sa plaidoirie, Me Sébastien Navarro va expliquer pourquoi le magistrat instructeur, tout comme, le représentant du parquet, ont demandé le non-lieu.
« Il ne faut pas de confusion entre la moralité et la légalité. Ce qu’il a fait est immoral et il demande pardon, mais ce n’est pas illégal », soutient Me Navarro qui va pointer les incohérences du dossier.
«Dans ce dossier, il faut que la vérité triomphe. Il y a beaucoup de doutes, mais on vous demande quand même de le condamner à une peine de plus de 1

  • Une partie de sa famille l’a trahie

«Les viols intrafamiliaux sont terribles car c’est une forme de trahison», attaque l’avocat général Bruno Charve, dont c’était le dernier réquisitoire avant une retraite bien méritée. «Contrairement aux autres viols, ceux qui se déroulent au sein de la famille, durent beaucoup plus longtemps car le prédateur à sa proie à côté de lui. Une proie qu’il a pratiquement à disposition», lance encore magistrat. «Ce dossier est encore plus terrible, car au milieu il y a eu un enfant», charge-t-il. «La Cour ne doit se pencher que sur les faits qui se sont déroulés lorsqu’elle était mineure. Il est très difficile de simuler des blessures psychiques profondes. Les experts qui ont examiné cette jeune femme sont clairs. Elle dit la vérité. Avec ce type d’infraction, les victimes ne s’en remettent jamais. Il reste toujours des séquelles», martèle-t-il. «Cette jeune femme a été trahie par son ti père, par sa mère et par sa sœur. Elle ne fabule absolument pas lorsqu’elle raconte les faits. Oui, il y a des problèmes de chronologie et de précision dans ce dossier. Mais, il n’y a pas qu’elle qui se trompe de date. Tous sans exception font des erreurs dans la datation. Il était l’adulte qui a profité de son autorité. Il va même jusqu’à exiger d’être le parrain de son propre enfant. Lui, il ment alors que la victime dit la vérité », affirme l’avocat général en requérant au minimum de 10 années de réclusion criminelle.

Source: Clicanoo


Article du 06/04/2017

Bois-des-Nèfles-Saint-Paul de La Réunion | “Moi aussi, j’ai été victime de ce monsieur”

Cour d’assises. Depuis hier, A.R, 54 ans, comparaît, à huis clos, devant la cour d’assises pour des faits d’agressions sexuelles et de viols commis sur sa belle-fille.

Des faits qu’il conteste, admettant seulement des relations sexuelles consenties lorsqu’elle était majeure.

Les nombreux témoins cités par la défense ou par la partie civile hier, ont livré leurs dépositions avant de répondre aux questions des avocats.

Une nièce de l’accusé, aujourd’hui âgée de 35 ans, citée par la partie civile, a notamment livré un témoignage qui n’a pas manqué de faire réagir dans la salle.

«J’ai moi aussi été victime de ce monsieur à l’âge de 6/9 ans et en 1999».

Une longue déposition (voire par ailleurs) où elle donne des détails affirmant qu’en janvier 2016, elle a envoyé une lettre expliquant les faits au magistrat en charge de l’instruction déjà close à l’époque.

Une lettre dont on ne retrouve pourtant pas trace et des révélations à double tranchant.

Soit les jurés et la cour la croient, tout comme ils donnent du crédit aux dénonciations de la victime, et cela ne fera qu’accentuer la culpabilité de l’accusé et sa peine.

Soit ils n’y croient pas.

La victime, elle, a révélé avoir été violée par son ti-père durant plus de 10 ans.

En effet, le 26 novembre 2012, elle se présente à la brigade de gendarmerie de Bois-des-Nèfles-Saint-Paul pour dénoncer les faits de viols dont elle aurait été victime de 1990 à 2002.

Des accusations qu’elle a réitérées hier matin devant la cour où durant près de deux heures, la jeune femme, aujourd’hui trentenaire, mariée et mère de trois enfants, a tout raconté, avec précision, parfois approximativement, les actes qu’elle aurait subis.

Pour preuve, cet élément «presque» indiscutable, sa première fille née en 2000.

 

“Ma femme et moi nous nous aimons”

Les tests génétiques, réalisés durant l’instruction, démontrent que cet enfant, maintenant âgé de 17 ans, a été conçu par l’accusé.

Mis devant cette évidence, il va donner une explication après avoir tout nié, puis reconnu a minima, avant de contester à nouveau les faits.

Pour lui, il a cédé aux nombreuses sollicitations sexuelles de sa belle-fille, alors majeure, afin qu’elle puisse sortir avec ses amies.

Ses amies, entendues par la Cour, affirment toutes, que même majeure, elle ne sortait jamais.

Autre point d’appui pour la victime, son mari.

Ils se rencontrent en 2002 d’une manière surprenante.

«J’ai fait un faux numéro et c’est elle qui m’a répondu.

Nous avons discuté longtemps.

Après nous avons correspondu par téléphone durant plus de deux mois par GSM sans jamais nous voir»,

explique à l’audience le père de famille qui a reconnu la première fille de sa femme.

C’est seulement en 2004 que la jeune femme lui révèle l’identité du père de sa fille et les agressions subies.

«Ma femme et moi, nous nous aimons.

Nous avons trois magnifiques enfants.

Mais c’est très difficile au quotidien,

poursuit-il en expliquant comment il a dû gérer les blocages de sa femme et l’annonce à l’aînée de la véritable identité de son père, alors qu’elle n’a que 13 ans.

«Mais, ma femme souffre encore plus du fait que sa propre mère refuse de la croire»,conclut-il.

Sa mère a en effet pris fait et cause pour son concubin.

Elle sera entendue aujourd’hui avant la déposition très attendue de l’accusé.

Après les plaidoiries et les réquisitions de l’avocat général, le verdict devrait être connu en fin d’après-midi.

 

“Je vois le ciel et je sens un poids sur moi”

La nièce de l’accusé, âgée maintenant de 35 ans, citée par la partie civile a témoigné hier.

« Un jour, nous étions, avec mon petit frère, dans un champs de mon ti-père.

Il y a eu un problème et nous avons dû repartir rapidement.

J’ai pris mon petit frère sur mon dos et j’ai remonté la pente.

C’était difficile.

Alors monsieur a mis ses mains sur mes fesses», explique-t-elle.

Seconde agression, quelque temps avant le cyclone Firinga.

«Je me souviens être proche d’une ravine, d’un gros rocher.

Après, je vois seulement le ciel et je sens un poids sur moi.

Après je me souviens que l’on me lave les cheveux»,

souligne-t-elle encore avant de relater une nouvelle agression en 1999.

Source: Clicanoo

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