La Ciotat | Victime d’inceste, elle témoigne après le suicide de son petit frère de 12 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 08/09/2021
- 10:40
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Elle a 24 ans, et ce n’est pas le courage qui lui manque.
Cette jeune Ciotadenne a pris la parole face caméra afin de faire part de son histoire.
Via le média Melty qui a publié son récit sur son site et sur ses réseaux sociaux, elle revient sur les difficiles épreuves qui ont marqué sa vie :
“À l’âge de 11 ans, j’ai trouvé la force de parler à ma maman. J’ai espéré qu’elle me vienne en aide quand mon père a quitté ma chambre, après avoir remonté ma culotte et m’avoir dit : ‘Je suis désolé ma chérie, je t’aime’.”
C’est à ce moment que l’aînée d’une fratrie de quatre enfants se confie sur ce qu’elle endure.
Dans la vidéo de neuf minutes, elle évoque avec fermeté les années qui ont suivi : son placement en foyer, l’incarcération de son père pendant une année, le divorce de ses parents…
Elle parle aussi de son petit frère Carl, qui a énormément souffert en grandissant.
C’est dans ce contexte que Steffy raconte s’être très régulièrement occupée de lui depuis son plus jeune âge.
Un jour, à l’occasion d’un voyage avec sa fille et Carl, la grande soeur reçoit un coup de fil lui annonçant le suicide de leur maman.
Le petit garçon souhaite alors vivre auprès d’elle et sa fille.
À 22 ans, Steffy demande la garde de Carl, qu’elle finit par obtenir.
Elle raconte
“Il a dénoncé des choses graves de son papa sur lui : de la maltraitance, des faits d’inceste, une violence psychique”
Le 29 juin 2021, l’adolescent de 12 ans a mis fin à ses jours.
Steffy l’a trouvé pendu, à leur domicile.
Ouvrir un débat
Pour La Provence, la maman d’une petite fille de six ans revient sur la question de l’autorité parentale, un débat qu’elle souhaite ouvrir à la suite de ses confessions :
“Comment expliquer qu’un père condamné pour agression sexuelle sur sa fille conserve son autorité parentale sur elle ? Comment expliquer que ce même père, à sa sortie de prison, obtienne un droit de visite et d’hébergement (un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires, Ndrl) sur son plus jeune fils, sans surveillance ?”
Steffy s’interroge.
Lorsqu’elle a obtenu la garde de Carl, leur père n’a plus eu le droit de le voir en dehors des audiences au tribunal des enfants de Marseille.
Néanmoins, il a conservé son autorité parentale dont il faisait usage pour marquer son opposition au quotidien.
Ainsi, malgré tous les efforts de Steffy, rien n’était simple : l’emmener en voyage, l’inscrire à l’école, se rendre chez le médecin…
Elle décrit:
“Il fallait sa signature pour tout, et il était très compliqué d’obtenir une réponse de sa part. En septembre dernier, mon petit frère a dénoncé ce qu’il a subi à la justice. Suite à ses déclarations, l’éducatrice de Carl m’a demandé de l’amener au commissariat pour qu’il dépose plainte. Carl a été auditionné et il a vu le ‘judipsy’ dans la foulée. Or, à ce jour, la police n’a toujours pas entendu notre père suite à cette plainte.”
Elle qui connaissait la peine de son cadet a la sensation qu’il n’a pas véritablement été écouté:
“Il avait eu le courage de témoigner, sans cesse il me demandait si notre père avait été entendu par la police, il en souffrait énormément… Les juges des enfants, son avocate, son éducatrice et moi-même, essayions de le rassurer… En vain.”
C’est aussi en hommage à cet enfant parti trop tôt que la jeune femme décide de parler.
Son histoire est atypique et beaucoup se demandent comment elle trouve la force de se battre ainsi.
Pour elle, les choses sont pourtant claires :
“Rien ne vaut la vie, au bout du tunnel, il y a toujours une lumière.”
Quasiment 8 millions de personnes ont entendu ses paroles sur les réseaux sociaux et lui envoient de nombreux messages de soutien.
À ses yeux, toutes ces mains tendues sont une preuve d’espoir et d’humanité.
De ses épreuves, de la force
“Notre frère Tim, gravement malade depuis la naissance, est décédé en janvier 2021, à l’âge de 20 ans. Mon autre frère Peter est parti vivre aux États-Unis mais nous restons très proches et échangeons chaque jour… J’ai la chance d’avoir des amis qui m’entourent énormément.”
À ce jour, le CCAS de la Ville et notamment Alexandre Doriol, 1er adjoint, aident Steffy et son enfant de 6 ans à se reconstruire.
En partenariat avec la société Sogima, Steffy a été relogée dans un appartement où elle va pouvoir s’épanouir avec son enfant.
Elle qui étudie afin de devenir infirmière a de nombreux rêves en tête : tout d’abord, celui de rendre sa petite fille heureuse, écrire un livre sur ce qu’elle a vécu, “car quelques minutes ne suffisent pas à décrire tous ces événements, ce que j’en ai appris”.
Ou encore celui, un jour, de devenir avocate afin de faire entendre la voix de ceux que l’on n’entend pas.
L’idée aussi d’une association fleurit doucement dans sa tête.
Aider les autres, c’est sa lumière intérieure.
À toutes les personnes qui l’écoutent, elle souhaite adresser un message :
“Quels que soient les incidents que tu peux vivre, ils ne te résument pas : il ne faut jamais perdre espoir.”
C’est avec le sourire et en mémoire de ceux qu’elle a perdus que Steffy se bat.
Une chose est sûre, elle est un exemple de résilience.
Afin d’aider Steffy et son frère à assumer les frais inhérents au décès de son petit frère, une cagnotte a été mise en place :
lacagnottedesproches.fr/cagnotte/en-memoire-de-carl.
Pour suivre ses projets sur Instagram : @steffynsta.
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